Par Panagiotis Grigoriou
20 février 2019
Le pays se traîne dans son nouvel âge des extrêmes. Février entre soleil et tempête de neige, Februarus, des Romains, mois des morts consacré aux purifications. Un peu partout, candidats et partis louent en ce moment leurs QG et autres permanences de campagne. Européennes, puis très probablement législatives en vue, et surtout l’approche des élections municipales et régionales, tout ce… concentré démocratique c’est alors pour le mois de mai prochain. Scène vécue, un candidat aux municipales commande un café à emporter, il en profite pour saluer un par un tous les clients du café. Surprise générale et aussitôt embarras. Personne ne répond, février, mois des morts consacré aux purifications.
Car dans la vraie vie ce n’est guère la gloire. Par exemple, c’est seulement maintenant que la presse grecque prétend-elle tirer la sonnette d’alarme au sujet de l’Airbnbisation du pays. Bonne blague. Dans certains quartiers centraux d’Athènes, seulement 8% du parc locatif reste proposé à la location classique, et quant à la ville de la Canée en Crète, 4.500 logements figurent sur le portail Airbnb contre seulement 200 qui restent proposés à l’ancienne, presse grecque de la semaine. C’est la “Ghettoïsation touristique”, d’après l’article du jour publié par “To Pontíki”, et c’est surtout une des armes de destruction massive au profit de la préférence globaliste contre les sociétés, et contre les peuples supposés souverains… jusqu’à leur immeuble. Ni droit, ni logement.
Mer agitée et manifestations très symboliques devant les Ministères, c’est aussi de saison. “Contre la disparition de la Sécurité Sociale et contre le remplacement de l’État social par un État de l’aumône”, mais c’est déjà chose faite. D’ailleurs, fière d’avoir défait le pays, la classe moyenne restante, l’espoir, et accessoirement la gauche, toute la tactique actuelle de SYRIZA tient en cette supposée survie politique grâce à la mise en place des allocations à deux sous, grâce aux naturalisations apportant des électeurs nouveaux surtout à Athènes, ainsi que par le biais du supposé trucage des résultat des prochaines élections, c’est dans l’air du temps d’après en tout cas ce qui se dit en Grèce en ce moment, (presse de la semaine et par exemple radio 90.1 FM).
Toujours cette semaine, et à l’occasion du remaniement partiel du gouvernement Tsípras, une partie de la presse publie encore cette photo illustrant Tsípras et sa bande d’ami(e)s du temps de leurs études. Le commentaire insiste sur le fait que toutes ces personnes présentes sur cette photo à une seule exception, sont actuellement ministres, conseillers du Premier ministre ou porte-parole du gouvernement, coïncidence sans doute, pour… ces grandes qualités requises pour gouverner, déjà réunies de la sorte dans leur jeunesse.
Et pour gouverner… alors ils gouvernent au gré des globalistes. Au centre d’Athènes, les autorités… autorisées de la colonie, invitent les particuliers et les entreprises du vaste monde “à tenter leur chance en achetant de l’immobilier” sous l’Acropole. “Il suffit d’investir 250.000 euros pour que l’espace Schengen puisse leur devenir accessible”, il fallait enfin y penser. La brutalité des méthodes de la surclasse des globalistes comme mode de gouvernance incarnée par les gauchistes de la méta-gauche à la SYRIZA, comme alors autant par les prétendus libéraux de la “droite sérieuse” à la Nouvelle Démocratie du clan Mitsotákis. Élections, QG et autres permanences de campagne, “choix politiques” en trompe-l’œil. L’autre âge des extrêmes.
On est bien loin des manifestations massives des années 2010-2013, pour tout dire un peu naïves et cependant fières, car emplies d’espoir devant le “Parlement” d’Athènes. Depuis nous en savons davantage sur l’ignominie du système politique, et la conscience pour l’instant collective a pu évoluer, mais alors à quel prix. “SYRIZA est également et visiblement un édifice du profiteur Soros”, estime-t-on ainsi ouvertement à la radio (90.1 FM par exemple encore cette semaine).
Soros toujours, ayant également poussé ses pions un peu partout à Athènes comme ailleurs. Pour mieux s’en rendre compte, ce fut par la trahison et par le Putsch parlementaire liés à l’accord Macédonien de Tsípras-Zaev que cette réalité est ainsi apparue comme mieux évidente. Les deux marionnettes Tsípras et Zaev viennent d’être d’ailleurs primées à Munich, ville déjà de triste mémoire quand aux accords des années 1930. Pour Soros, pour l’Atlantisme et pour la politique européiste et impériale de l’Allemagne actuelle c’est alors la fête.
Au même moment, et sachant combien l’accord macédonien Tsípras-Zaev avait été obtenu en violation flagrante de la souveraineté comme de la volonté des deux peuples (Grecs et Slavomacédoniens), depuis le ministère des Affaires étrangères à Berlin, on prévient déjà les futurs gouvernements à Athènes comme à Skopje. “Ne touchez pas à cet accord, pacta sunt servanda”, sinon il y aura des sanctions, et c’est Michael Roth, Ministre adjoint chargé des affaires européennes du Reich européiste qui le dit, presse grecque de la semaine.
Le globalisme à la Soros, c’est l’impérialisme des Puissances plus le colonialisme revisité, et ce n’est pas sans raison que certains des éditorialistes à Athènes encore (presque) libres de leurs opinions, rappellent par exemple que la Ministre de la défense à Skopje, avait été durant un bien long moment, la Secrétaire de la représentation Soros dans son pays, “une coïncidence alors de plus” comme l’écrit Státhis dans “To Pontíki”, février 2019. Ailleurs, on se demande ouvertement, “comment le Premier ministre Tsípras avait-il entrepris des négociations avec Skopje, sachant que ce pays a un parrain plutôt officiel, à savoir Soros, et la réponse est plutôt évidente, Soros est également le sponsor de SYRIZA, comme de Varoufákis entre autres, ici bas à Athènes”, émission du journaliste Trángas sur 90.1 FM, mardi 19 février.
Et à Athènes, à part les proches et parents même de Mitsotákis et qui s’affichent comme étant des Sorites officiels, il y a le cas de Kotziás, ex-Ministre des affaires étrangères sous Tsípras, lequel vient de déposer une plainte visant Kamménos, (ex-Ministre de la Défense sous Tsípras), toujours au sujet de Soros. Kamménos prétend ouvertement “que Kotziás a été payé par Soros pour faire passer l’accord macédonien”. Soros, le méta-monde globalisant et alors la… colonie grecque, autant pays où il se fait une grande importation de denrées coloniales… par exemple, depuis la Chine Tout y est !
Kotziás a même rendu publics certains messages que Kamménos lui avait alors adressés durant 2018. “J’ai assez toléré ton arbitraire ainsi que ta manie de promotion personnelle. La prochaine fois que mettras dans ta bouche mon nom ou celui de mon parti ANEL, je vais te déchirer en public rien que pour ton copinage avec Soros au sujet des visas de ton ministère et de son partenaire Platis, tout sera examiné et alors, tu vas être grillé.” Ou encore, “Maintenant, tu dois t’exprimer au sujet des 24.000.000 euros de fonds secrets de ton ministère, salopard”, pour finir alors directement dans un genre très… cinématographique, “Tiens-toi bien car sinon, je vais te finir”, presse grecque de la semaine.
Ceux qui tirent les ficèles des marionnettes politiques actuelles doivent bien en rigoler. Langue et pratiques alors mafieuses, et voila ce ridicule qui ne tue pas, sauf bien entendu les marionnettes. Ces dernières heures, une nouvelle affaire semble secouer le biotope microbien de la politique grecque. L’insolent Ministre délégué à la Santé Pávlos Polákis, aurait “emprunté 100.000 euros auprès de la Banque d’Attique sans les garanties nécessaires” d’après une partie de la Presse. La Banque de Grèce (c’est-à-dire de la BCE), sous son Gouverneur Berlinocompatible Yánnis Stournáras, exige le contrôle de ce prêt tandis que Polákis téléphone directement à Stournáras pour… exiger que la Banque des banques puisse contrôler d’autres prêts accordés entre autres, aux partis comme par exemple la Nouvelle Démocratie. C’est autant vrai que les 100.000 euros de Polákis sont des miettes devant les… montagnes financières avalées par la caste du népotisme local et historique, sans parler des pratiques alors du globalisme rapace et financier international.
Polákis aurait diffusé le contenu de cette communication téléphonique à travers les medias proches de SYRIZA d’abord, contenu publié et que Stournáras a aussitôt confirmé quant aux propos tenus entre les deux hommes. Avant de raccrocher, il s’est même montré menaçant envers le banquier Stournáras. “Si vous n’initiez pas cette enquête, alors je me rendrai dans votre bureau et en attendant, je ne le quitterai plus”, aurait-il ainsi dit Polákis d’après le reportage, “Kathimeriní” du 18 février 2019.
La BCE et la Commission de Bruxelles s’en émeuvent, et voilà qu’une action en Justice est initiée par le Procureur à Athènes seulement quelques heures après entre le 18 et le 19 février. Polákis fait alors volte-face au sujet de l’enregistrement et de la publication du contenu de sa communication téléphonique avec Stournáras. Il prétend désormais qu’il n’est pas à l’origine de cet acte, car rendre publique une conversation téléphonique sans le consentement de son interlocuteur c’est un comportement interdit que la loi pénale sanctionne bien entendu, presse grecque du 19 février 2019.
Dans un sens, nous voilà de nouveau comme avec Ésope, ses fables et autres allégories de fin de cycle. Sous le regard infaillible des animaux adespotes des lieux, les humains affabulés déroulent alors le tapis des filouteries aux entrées du “Parlement”, sauf que les apparences ne suffisent plus pour dissimuler la mascarade.
Au pays réel des humains et des adespotes, les préoccupations sont bien différentes de celles de la mafia des politiciens. Il y a des cafés athéniens qui ne sont pas toujours remplis, et surtout ce dernier temps et quant aux livreurs en moto, ils se mettent enfin en grève nationale. Elle est déjà annoncée pour le 11 avril prochain, dénonçant la précarisation de leur condition inhumaine. Parmi eux, on dénombre il faut dire chaque mois pratiquement un mort par accident de la circulation, comme par exemple ce mardi 19 février à Thessalonique, presse grecque. L’autre âge des extrêmes, c’est également cela.
C’est l’époque qui le veut sans doute, les fanfarons remarqués par les empereurs actuels n’auraient plus besoin de la moindre seconde sophistique, d’ailleurs ils n’en sont guère capables, le jargon ouvertement mafieux alors leur suffit-il pour mener le pays ainsi conquis.
Tantôt soleil et tantôt tempête de neige, février, le mois des morts, admettons consacré aux purifications. En ville, à Athènes comme ailleurs, candidats et partis louent de leurs QG et autres permanences de campagne. Sauf que les Grecs préfèrent fréquenter plutôt leurs églises, ainsi que ces établissements en ville initiés par les Monastères, par exemple du Mont Athos. Il faut dire que ceux de l’État monastique autonome de la Sainte-Montagne sont de plus en plus présents dans les villes, le besoin de spiritualité comme de retour aux sources se fait sentir à travers le pays, même si ce mouvement n’est pas encore perceptible partout.
Et c’est dans une telle réunion après la divine liturgie du soir que les laïques d’un quartier d’Athènes suivirent alors avec tant d’engouement, tout le verbe du pope et en même temps moine Athonite, en mission ainsi courte dans la capitale. Ailleurs à Athènes, on restaure les églises ainsi que leur iconographie plus Orthodoxe que jamais, histoire sans doute de faire face… à l’épidémie des marionnettes politiques qui ravage des pays entiers en Europe comme ailleurs dans ce monde.
Pays qui se traîne et qui attend son heure en cet autre âge des extrêmes. Février entre soleil et tempête, Februarus des Romains, mois des morts, beautés pourtant des paysages en cette mer Égée et en cette époque, Égée finalement des initiés et autant des tempêtes.
Février et pour se changer un peu les idées sans pour autant perdre le Nord de notre actualité, il faudrait peut-être relire Aelius Aristide et ses “Discours Sacrés”. Aristide, rhéteur au IIe siècle après J.-C., “hypocondriaque, y expose son traitement par le rêve, rite d’incubation, auprès des divinités Sarapis, Isis, et surtout Asclépios. L’auteur y raconte comment il suit les directives imposées par son dieu, autant d’épreuves qui se révèlent bien souvent peu efficaces dans le traitement de sa maladie.”
Votre blog Greek Crisis, à la manière d’une… nosobiographie de la Grèce, en réalité de l’Europe en ce moment. Ou comme l’écrivait alors Yórgos Pappás dans son carnet et en français, à la date du 12 décembre 1944, en pleine… guerre civile à Athènes, voir régalement le précédent billet du blog: “On dégustera des calories et on ingurgitera des vitamines, la radio forcera les coins les plus secrets et les instants les plus calmes et on acquerra la mentalité troupeau, on glissera de plus en plus vite à la renonciation du moi, à l’esclavage incompris mais réel sous le joug d’une oligarchie consciente et attentive à réprimer violemment toute tentative de fantaisie, de différenciation.”
Ce fut sans doute toute la question à l’ordre du jour dans un passé pas si lointain et dans le domaine de l’ingénierie sociale, sauf que depuis, il y a eu paraît-il un certain “progrès”. Exception faite pour les marionnettes, et c’est d’ailleurs même volontaire de leur part.
Élections et autres “choix politiques” en trompe-l’œil. Ou sinon, l’autre âge des extrêmes. Mimi de Greek Crisis alors nous regarde, cela sans doute la divertit que de nous observer ainsi, nosobiographie de la Grèce, en réalité de l’Europe. Fantaisie peut-être.