L’annonce qu’un musée consacré à Salazar ouvrirait après l’été dans le village natal de l’ancien despote portugais soulève l’indignation. Plus de 200 ex-prisonniers ont lancé une pétition contre ce projet.
Au moment où des mouvements fascistes et fascisants renaissent dans de nombreux pays, le Portugal n’a pas besoin de cette propagande.” Une pétition circule depuis quelques jours, rapporte cette semaine le quotidien portugais Público. Elle dénonce un projet de musée consacré à António de Oliveira Salazar (1889-1970), l’ancien dictateur, et au régime qu’il a mis en place, l’État nouveau (1933-1974). Cela fait des années que ce projet est dans les tuyaux et qu’il suscite la controverse.
Ne pas oublier les victimes du fascisme
Fin juillet, Expresso annonçait que les travaux étaient imminents et que le musée devrait ouvrir “après l’été” à Santa Comba Dão, lieu de naissance de Salazar, près de Coimbra, dans le centre du pays. Le maire du village, Leonel Gouveia, étiqueté socialiste, précisait dans les colonnes de l’hebdomadaire lisboète :
“Ce sera un endroit pour étudier l’État nouveau. Ce ne sera ni un sanctuaire pour les nationalistes ni un musée où l’ancien homme d’État sera diabolisé.”
En réaction, plus de 200 anciens prisonniers politiques ont signé une pétition pour exprimer leur “profond rejet” de cette initiative. Afin de “préserver la mémoire des milliers de victimes du régime fasciste”, ils interpellent le gouvernement pour qu’il s’oppose à ce projet, rapporte Público. Et appellent “tous les démocrates et citoyens épris de liberté à manifester contre ce mémorial consacré au dictateur”.
Les signataires craignent qu’il ne devienne, comme peut l’être pour le régime fasciste italien la tombe de Benito Mussolini, “un lieu de pèlerinage des nostalgiques du régime renversé le 25 avril [1974, lors de la révolution des oeillets]”.
Vincent Barros
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