The Suburbs and the Revolt – Gilets Jaunes et Banlieue

“Gilets jaunes” et banlieue : y aller ou pas

Ils viennent – ou pas – à des réunions de quartier aux allures de grand débat national, ils se joignent à des barrages à Limay ou tiennent des points fixes à Montreuil. Plusieurs voix, plusieurs récits d’habitants de banlieues qui rejoignent ou hésitent à rejoindre le mouvement des “gilets jaunes”.

Ça fait trente ou quarante ans qu’on est “gilets jaunes” en banlieue. (Saïd, Limay)

Les quartiers dits sensibles, les banlieues parisiennes, les villes de périphéries semblent avoir été tenus à l’écart, du moins au début, de la contestation des “gilets jaunes”. Pourtant, ce sont peut-être les endroits de France les plus touchés par les problèmes mis en avant par le mouvement : pauvreté, précarité, isolement, fins de mois difficiles.

Il y a le Montreuil “gilets jaunes” et le Montreuil qui ne veut pas se faire remarquer. (Monique, Montreuil)

Depuis plusieurs semaines, il semblerait que la tendance s’inverse. Des réunions de quartier aux allures de grand débat sont organisées, des barrages et points fixes sont tenus, comme à Limay et Montreuil, des habitants de Saint-Denis, Epinay-sur-Seine ou Mantes-la-Jolie, entre autres, ont rejoint les dernières manifestations parisiennes.

Récits de ceux qui participent au mouvement des “gilets jaunes” ou hésitent à le rejoindre.

Warda, trente-quatre ans, est mère de trois enfants et demandeur d’emploi. Elle a décidé de participer à un débat organisé dans une Maison de quartier de Villiers-le-Bel, alors que les jeunes délaissent le débat, prétextant que ça ne sert à rien. Elle raconte le fossé entre les habitants de banlieue et Paris.

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Accompagnant une visite scolaire au musée Grévin à Paris, j’ai entendu “regardez les animaux sortis de leur cage”. Ça m’a bouleversé. (Warda, Villiers-le-Bel)

Nasser est agent de maintenance dans un établissement scolaire à Villiers-le-Bel. Dès le dix du mois, il a du mal financièrement. Solidaire des revendications des “Gilets jaunes”, il n’a pas souhaité se rallier aux manifestations parisiennes.

Je ne vais pas aux manifs car j’ai peur de me faire arrêter. Je me sentirais obligé d’intervenir si je vois une injustice et je finirais avec un flashball dans la tête. (Nasser, Villiers-le Bel)

Au chômage depuis huit mois, Théo tient avec d’autres “gilets jaunes” un point fixe au rond-point de Croix de Chavaux à Montreuil depuis le 9 décembre. Ce rassemblement lui a permis de rencontrer des gens avec qui il partage une colère commune.

Les pauvres du 93 n’ont pas les mêmes revendications que nous, c’est leur présent, pas leur avenir, qui est en jeu. (Monique, Montreuil)

Saïd habite dans un “quartier”, à Limay dans les Yvelines. Il a enfilé son gilet jaune pour participer au barrage d’un péage.

Je pensais que ça n’allait pas durer. Finalement c’est devenu une prise de conscience que j’attendais depuis longtemps. (Saïd, Limay)

Il explique ses motivations, qui dépassent la colère face à la hausse du carburant. Il rappelle que les violences policières sont une préoccupation de longue date des banlieues.

J’ai discuté avec des “gilets jaunes” qui votent Front national. On se rend compte que c’est un vote de ras-le-bol, pas d’idéologie. (Saïd, Limay)

https://www.franceculture.fr/emissions/les-pieds-sur-terre/gilets-jaunes-et-banlieue

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