Une année de génocide : des décennies d’impunité
“The world will not be destroyed by those who do evil, but by those who watch them without doing anything.”
Albert Einstein
Alors que les meurtres, les crimes de guerre et les violations des droits humains perpétrés par Israël contre le peuple palestinien durent depuis des décennies dans l’impunité la plus totale, depuis près d’un an le conflit israélo-palestinien a atteint un paroxysme et une rage meurtrière inédite. En effet, dans les suites de l’attaque terroriste du 7 octobre perpétrée par le Hamas, le peuple palestinien, principalement les civils, surtout à Gaza, endure un véritable enfer et est menacé dans son existence même.
Nous savons que ce conflit ne saurait perdurer sans la complicité de nombreux pays occidentaux, dont les nôtres. Tant que nos gouvernements continueront de mettre Israël à l’abri du droit international, seule une mobilisation sur le terrain aura quelques chances de faire bouger les choses.
Nous, professionnel.le.s de la santé mentale en France et en Belgique, tenons à rompre le silence devant cette réalité insoutenable. Nos organisations professionnelles peuvent-elles continuer à se taire ? Nos collègues palestinien.ne.s et leurs concitoyen.ne.s reçoivent ce silence comme un message d’abandon, voire de complicité.
Notre expérience d’acteurs de la santé mentale nous a appris que le trauma, pour être soigné doit d’abord être reconnu. C’est pourquoi nous tenons d’abord à dénoncer la colonisation et le projet de nettoyage ethnique de la Palestine et les falsifications mémorielles qui tentent de les justifier.
Nous alertons aussi sur les traitements inhumains et dégradants des prisonniers et prisonnières palestinien.ne.s, les détentions arbitraires, la destruction des infrastructures civiles (écoles, hôpitaux, lieux de culte), les meurtres de civils, femmes et enfants inclus. L’horreur peut sidérer, certes, mais pour en sortir il s’agit d’en affronter la cruelle vérité.
Nous exprimons la plus vive inquiétude sur les conséquences à long terme des actuels crimes de guerre : les enfants de Gaza, lorsqu’ils ont survécu, souffrent de blessures physiques et psychiques, de mutilations et d’handicaps qui nécessiteront des années de traitement et les ressources pour les mettre en œuvre aujourd’hui manquent.
Les enfants de Gaza ayant perdu leur enfance, quels adultes seront-ils demain ? Eux pour qui l’éducation a été une source majeure de résilience et de fierté n’ont aujourd’hui plus aucun bâtiment scolaire où se rendre. Ils souffrent de la faim et ne peuvent s’échapper de leur enfer.
Combien de générations futures garderont-elles les stigmates des blessures actuelles ? Devant l’intensité et la répétition des pertes (de lieux de vie, d’êtres chers, de projets de vie) le concept même de « processus de deuil » est inopérant. La violence subie aujourd’hui risque de se transformer un jour en violence agie, dans un cycle sans fin dont les répercussions risquent de nous atteindre directement.
Nos collègues en Palestine qui tentent de soutenir psychiquement leur peuple sont eux même en grande détresse, exposés encore aux mêmes dangers que le reste de la population.
Le rétablissement de la paix, de la justice et le respect du droit international font partie des conditions de la mise en œuvre des soins psychiques. La fin du conflit ne signifiera cependant pas malheureusement la fin des souffrances du peuple palestinien.
Nous tenons dès maintenant à faire entendre notre voix dans le débat public car cela relève de notre éthique. Membres du réseau francophone (frpmhn.org) qui s’inscrit dans un vaste réseau international pour la santé mentale en Palestine, nous invitons les praticiennes et praticiens de la santé mentale à signer cette déclaration par laquelle nous affirmons notre solidarité avec le peuple palestinien et nos collègues palestiniens à Gaza, en Cisjordanie, de la mer Méditerranée au fleuve Jourdain et partout dans le monde.
Pendant que nous rédigeons ces lignes la violence guerrière éclate sur les pays et les peuples du Liban et du Yémen produisant de nouvelles séries de crimes et de souffrances que nous ne saurons oublier ni taire.
Adresse du site : https://frpmhn.org
Adresse mail : frpmhn@gmail.com
Pour consulter la liste des signataires en temps réel: https://sites.google.com/view/declaration-fpmhn/accueil
We remind our readers that publication of articles on our site does not mean that we agree with what is written. Our policy is to publish anything which we consider of interest, so as to assist our readers in forming their opinions. Sometimes we even publish articles with which we totally disagree, since we believe it is important for our readers to be informed on as wide a spectrum of views as possible.