Présidentielles US : Fraude électorale dans le Wisconsin ? Analyse d’une Fake News

Par Olivier Berruyer
Nov. 6, 2020

Aujourd’hui, nous allons vous parler des rumeurs de fraude électorale au Wisconsin dans le cadre de la présidentielle américaine. Non pas que la fraude électorale soit strictement impossible aux États-Unis, cette ploutocratie en serait probablement capable (rappelons-nous les élections de 2000 où d’un trait de plume, la Cour Suprême a très certainement privé Al Gore de sa victoire), mais cette histoire-ci s’avère être une grossière manipulation des chiffres

I. L’exemple de la vraie fausse participation

Les infox (fake news) se sont multipliées sur le Wisconsin.

Les choses ont démarré avec cette rumeur, reprise ici par @AlexJungleView : le taux de participation aurait été de… 101 %, en rapportant 3 170 206 votes aux 3 129 000 votants enregistrés !

Si on regarde du côté des inscrits, on retrouve sur ce site gouvernemental les 3 129 000 inscrits du premier tweet :

Mais comme on le voit, c’était le chiffre pour les élections législatives intermédiaires de 2018, qui mobilisent toujours moins que les années de présidentielle.

C’est donc bien un FAKE : on n’obtient 101 % que parce qu’on rapporte les votes de 2020… aux inscrits de 2018…

Une autre version de ce Fake s’est propagagé sur les réseaux sociaux, à partir d’un tweet de Harlan Hill, repris par la famille Trump, qui indiquait que la participation était de 89 %, en hausse de 15 à 18 points par rapport aux années passées :

Rappelons que Hill est membre de l’équipe de campagne de Trump…

Cette autre infox a énormément circulé, et à même traversé l’Atlantique :

Alors pourquoi c’est faux ?

C’est très facile de vérifier :

Le deuxième résultat Google vous envoie sur le site de la commission électorale du Wisconsin, où on retrouve les scores de participation aux présidentielles de 2012, 2008 et 2004 par exemple (proches de ceux indiqués par Hill, mais souvent non identiques) :

Il n’y a cependant pas celle de 2020. On trouve également ce tableau avec la population en âge de voter, y compris en 2020 :

On note que c’est ce chiffre qui est utilisé par la commission pour calculer la participation, à la différence de ce qui se fait en France ; elle est égale au rapport entre les votants et les personnes en âge de voter, et non pas entre les votants et les inscrits. On a bien en 2016 : 3 004 051 / 4 461 068 = 67,34 %.

Or le total des votants en 2020 est d’environ 3 297 000 :

3 297 000 / 4 536 417 = 72,68 %, ce qui est donc une participation en hausse de 5 points par rapport à 2016.

Ces près de 73 % se situent à un niveau compris entre celui de 2004 et de 2012 : rien de bien extraordinaire en cette année de forte mobilisation électorale… (source)

Dès lors, si la participation 2020 est de 73 %, pourquoi Hill indique-t-il dans son tweet une participation de 89 % ?

En réalité, pour arriver à ces chiffres, Hill utilise deux méthodes de calcul différentes, ce qui rend la comparaison malhonnête :

Pour 2016, il reprend les chiffres officiels du Wisconsin, correspondant au rapport des votes de 2016 à la population en âge de voter en 2016

Mais pour 2020, il calcule son chiffre en rapportant les votes de 2020 aux électeurs inscrits en 2020.

La comparaison de Hill constitue donc bien un FAKE : S’il utilise des chiffres justes, il les accole via des méthodes de calcul sans aucun lien pour manipuler l’opinion.

Il utilise sciemment deux définitions différentes de la participation qu’on ne peut dès lors pas comparer.

Beaucoup de personnes se sont étonnées de ce chiffre de 89 % de participation en 2020.

C’est en fait logique, si on connait les règles du Wisconsin (ce qui vaut mieux si on décide de répandre des nouvelles incroyables à son propos). Tout d’abord, les listes électorales sont régulièrement purgées de tous les électeurs s’étant abstenus depuis plus de 4 ans :

Ne restent donc sur les listes électorales que les personnes qui votent très régulièrement – et donc très peu vont décider de s’abstenir en 2020… D’où l’ordre de grandeur élevé du chiffre.

Le second point est la fait qu’il existe dans cet État une procédure d’enregistrement le jour du vote, en particulier pour les jeunes votant pour la première fois :

Et cette procédure est très utilisée : les statistiques montrent qu’elles concernent plus de 10 % des électeurs, soit près de 400 000 par an en moyenne. Sur ces bases, la participation 2020, calculée à l’européenne serait de l’ordre de 80 à 82 %, qui est le niveau des présidentielles en France…

Mais les listes ne comprenant pas les abstentionnistes réguliers, la participation au Wisconsin a été largement inférieure à la participation à la présidentielle en France.

Enfin, le Wisconsin indique clairement que cette procédure d’enregistrement le jour du vote fait qu’il ne calcule pas la participation avec ce chiffre, qui a dès lors peu de sens :

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Ceci étant, ce long travail de vérification pouvait être évité en lisant simplement le titre de l’article de vérification présenté dans le premier résultat Google :

II. L’exemple des 138 000 bulletins Biden « magiques »

À moment du dépouillement il s’est passé quelque chose de très étonnant : le score de Biden au Michigan a augmenté en une seule fois de 138 000 voix, sans que Trump en prenne une seule (source) :

C’est Trump qui a retweeté cette affaire (source) :

Alors, la triche est-elle prouvée ?

Eh bien, non, et une recherche de trente secondes donne le fin de mot de l’histoire :

Il y a simplement eu une coquille dans un comté qui a fait rajouter 153 000 voix au lieu de 15 300…

Ceci était simplement donc le premier décompte non officiel, tous les chiffres allant être revérifiés un par un par la suite. Ce contrôle allait être très facile, vu que Biden aurait obtenu environ 320 % des suffrages exprimés dans ce petit comté de 39 500 votants…

La responsable de la coquille indique d’ailleurs ceci :

Eh oui, l’erreur n’a duré que 20 minutes, mais cela a suffi pour que Trump la tweete, et que la planète entière soit contaminée par la désinformation…

Nous ne développons pas plus, et vous renvoyons vers cet article et celui-ci pour d’autres exemples de manipulations.

III. Complotistes vs. complotistes

Il y a deux écueils avec les complots : le premier est d’en voir partout, le second est de n’en voir jamais nulle part, alors que parfois il y en a (charniers de Timisoara, fable des armes de destruction massive en Irak, etc).

Il y a souvent deux caractéristiques dans les complots imaginaires :

1/ la première est qu’ils semblent souvent très peu probables en termes pratiques, d’une complexité inouïe. Bien sûr qu’on peut toujours imaginer un complot des Démocrates, mais se rend-on compte de ce que voudrait dire frauder les urnes aux États-Unis pour inverser le résultat ? Le Wisconsin, c’est 5,8 millions d’habitants, soit un peu plus que le Danemark et 25 % de plus que l’Irlande… Ce sont des milliers de bureaux de vote à manipuler, etc.

Il est cependant vrai qu’une utilisation massive de votes par correspondance, avec parfois de faibles contrôles d’identité, augmente les craintes et la suspicion… Mais cette année, ces masses de bulletins par correspondance sont la conséquence de l’épidémie de covid-19.

2/ mais en plus d’être très peu crédibles, force est de constater qu’ils auraient à l’évidence été réalisés par des débiles profonds, incapables ici de réaliser une fraude menant, par exemple, à un score de participation crédible, ou de ne pas avoir 138 000 faux bulletins apparaissant d’un coup. Mais évidemment, le problème est que, si cela avait été réalisé de main de maître… eh bien personne ne pourrait s’en rendre compte et en discuter.

On arrive donc au final à cette situation très dangereuse pour les institutions, puisque nous revivons, en inversé, la situation d’il y a quatre ans :

  • en 2016, la moitié démocrate de la population américaine a pensé qu’on lui avait volé la victoire à cause d’une machination ourdie par les républicains, aidés par la Russie ;
  • en 2020, la moitié républicaine de la population américaine a pensé qu’on lui avait volé la victoire à cause d’une machination ourdie par les démocrates, aidés par les médias mainstream…

Bref, à l’avenir : tous complotistes ?

IV. La stratégie de Trump

Il est à noter qu’il n’y a pas eu d’écroulement de Trump ni d’énorme vague bleue, les deux camps s’étant très fortement mobilisés.

De ce point de vue, c’est une forme de succès pour Trump, et il est possible que, peut-être, il ait été réélu sans la crise du coronavirus…

Cependant l’échec de Trump semble désormais assez net, ce qui n’est pas une grande surprise. Si les sondeurs avaient surestimé l’écart en voix, les projections par État étaient plutôt bonnes. Voici pour mémoire la carte des projections des sondeurs le veille du vote (source) :

Il faut se rappeler qu’en 2016, Trump n’a gagné que parce qu’il a remporté les États de la « Rust Belt » du Nord-Est :

Son avance de 36 voix sur Clinton n’a été possible que grâce au Wisconsin (10 voix), au Michigan (16 voix) et à la Pennsylvanie (20 voix), tous ces États ouvriers habituellement démocrates l’ayant élu avec moins de 1 % d’avance.

Or, sa situation dans l’opinion étant à l’évidence moins bonne qu’en 2016, on pouvait penser qu’il risquait de perdre.

Dès lors, Trump s’est probablement rendu compte qu’il risquait fort de perdre. Quelle a alors été sa stratégie ?

À l’évidence, il a voulu continuer à faire ce qu’il aime tant : inventer une autre réalité, alternative. S’il a perdu, c’est qu’il n’avait pas perdu, mais que les Démocrates ont triché avec les bulletins de vote par correspondance. Et ceci est préparé depuis de très longs mois ; il a commencé en avril, où il demandait à ses électeurs de ne pas voter par correspondance, mais de se rendre dans les bureaux de vote (source) :

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Et cela n’a pas cessé, mai et juin :

Juillet et août :

Septembre et octobre :

Encore plus fort, en août, Trump a publiquement indiqué qu’il n’augmenterait pas le budget de la Poste, au prétexte que cet argent lui servirait à acheminer à temps les bulletins de vote à distance (source) :

Cela explique que de nombreux votes démocrates soient désormais rejetés…

Le chaos soigneusement préparé s’installe pourtant :

Ainsi, après avoir demandé à ses électeurs de ne pas voter par correspondance et de se déplacer, il déclare désormais que seuls les votes sur place étaient « légaux », et il qualifie désormais les votes par correspondance « d’illégaux » car frauduleux… car ils sont à 70 ou 80 % démocrates…

Le 23 octobre dernier, Bernie Sanders avait d’ailleurs assez justement anticipé cette situation électorale :

Alors, pourquoi Trump agit-il ainsi ? Il semble y avoir 3 hypothèses :

  1. c’est juste une pulsion de mauvais perdant ;
  2. Trump espère gagner par les juges ce qu’il n’a pas gagné dans les urnes ;
  3. Trump veut passer pour un martyr auprès de son électorat pour le chauffer à blanc.

La dernière hypothèse est la plus probable, et il est encore trop tôt pour comprendre sa stratégie.

Mais peut-être est-elle finalement assez simple, et l’a-t-il avouée l’année dernière :

Seul le temps nous apportera la réponse…

Mais quoi qu’il en soit, et quoi qu’on pense de la politique de Trump, ce comportement en dit bien long sur notre triste époque où le mensonge devient roi, quel que soit le camp…

V. En conclusion

N’oublions pas un dernier point fondamental, tout simple, que tente de dissimuler toute cette agitation dérisoire :

Donald Trump a obtenu 70 millions de voix, et Joe Biden 74 millions…

Ceci étant, rappelons bien que le système américain reste un système totalement ploutocratique, et qu’il n’a de démocratique que l’apparence : les campagnes des médias contre le candidat qu’ils n’aiment pas et les soutiens financiers déséquilibrés des entreprises et milliardaires y sont une verrue hideuse. Et il est donc désolant que le système américain en déliquescence n’arrive à produire pour sa présidence qu’un menteur forcené et sans honneur et un vieillard demi-sénile vendu toute sa vie à la finance.

Par ailleurs, chacun sait qu’ici, nous avons toujours salué le fait que Trump ait été le premier président depuis des décennies à n’avoir déclenché aucune guerre (même s’il n’a pas arrêté de tourmenter Cuba, le Venezuela, bombardements au Yémen, etc.), et que nous ne considérons pas du tout Joe Biden comme un honnête homme…

Les guerres des six derniers présidents américains

Le fait est que nous avons de nouveau subi une campagne massive des médias français à l’encontre de Trump. Nos concitoyens ne peuvent donc pas comprendre comment il est parvenu à obtenir 48 % des voix dans ses conditions. Lorsque l’on regarde l’état de l’opinion, il n’est pas normal d’aboutir à des résultats aussi tranchés :

Loin d’être la version caricaturale présentée par nos grands médias, Donald Trump est en réalité bien plus que cela. Et Hubert Védrine l’a d’ailleurs très bien résumé :

Et comprenons bien, cette remarque n’est pas politique. Il fut un temps ou les candidats républicains se comportaient avec honneur :

Pour conclure, force est de connaitre une chose : le principal scandale électoral de cette élection, c’est ce système où les Grands électeurs ne sont pas désignés à la proportionnelle dans chaque État…

Bush vs. Gore, la suite


Annexe. Comment QAnon a propulsé la désinformation électorale jusqu’au grand public

Source : Radio Canada, Jeff Yates, Brigitte Noël, Nicholas De Rosa, 04-11-2020

Une fausse nouvelle électorale, créée dans les bas-fonds du web, a été propulsée par le mouvement conspirationniste QAnon, atteignant des dizaines de milliers de personnes en quelques heures seulement. Voici comment.

Cette fausse information relayée par Alexis Cossette-Trudel a été retweetée plus de 800 fois et a recueilli plus de 1300 mentions « J’aime ».
Photo : Capture d’écran

Cet événement a pris forme quelques heures après que le président Donald Trump s’est attribué hâtivement la victoire en prétendant sans fondement que les démocrates tentaient de « voler l’élection ».

Comme il l’a fait plusieurs fois depuis le début de la campagne, le candidat républicain a semé le doute sur l’intégrité du système de vote par la poste dans un discours prononcé au petit matin.

Une lutte serrée se déroulait au Wisconsin, un État clé finalement remporté par le démocrate Joe Biden par une marge de moins de 1 %, selon des résultats officieux rapportés par des médias américains, mercredi. La campagne de Donald Trump a d’ailleurs annoncé qu’elle y demanderait un recomptage des voix.

La principale rumeur qui s’est répandue concernant la fraude électorale dans cet État du Midwest alléguait que le nombre de voix qui y ont été exprimées dépassait le nombre d’électeurs enregistrés. Cette fausse hypothèse a été émise pour la première fois sur un réseau social obscur par un partisan de QAnon avant de se rendre au grand public.

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Il s’agit là d’un exemple de blanchiment d’information(Nouvelle fenêtre), un phénomène où la véritable source d’une information est masquée à mesure qu’elle fraie son chemin dans les réseaux sociaux.

7 h

Cette publication sur le réseau social alternatif « Parler » est à l’origine des fausses informations.
Photo : Capture d’écran

Le matin du 4 novembre, un billet publié sur le réseau social alternatif Parler allègue qu’il y a eu fraude électorale dans l’État du Wisconsin. Un internaute nommé The All-in Anon prétend alors que le nombre de votes comptés dépasse le nombre d’électeurs inscrits, ce qui représenterait un taux de participation de 101 %. La publication, qui est accompagnée de la devise du mouvement QAnon, est vue plus de 97 000 fois.

Or, nos vérifications démontrent que ces statistiques sont erronées : sur le site de la Commission électorale du Wisconsin(Nouvelle fenêtre), il est écrit que le nombre réel d’électeurs inscrits en date du 1er novembre est de 3 684 726 et non de 3 129 000, comme indiqué sur cette publication.

On apprend sur ce même site que les résidents du Wisconsin ont la possibilité(Nouvelle fenêtre) de s’inscrire à la liste électorale directement au bureau de vote le jour même du scrutin. Il serait donc possible que le nombre réel d’électeurs inscrits soit supérieur à celui du 1er novembre.

Le chiffre publié sur Parler n’est pas tout fait une invention : il s’agit bel et bien du nombre d’électeurs inscrits au Wisconsin, mais en 2018(Nouvelle fenêtre). Peu importe, la rumeur prend son envol et des dizaines de milliers de personnes voient la publication qui la contient.

8 h 04

La première publication Twitter rapportant ces fausses informations est presque passée inaperçue.
Photo : Capture d’écran

La fausse information apparaît pour la première fois sur Twitter. Un compte avec seulement 541 abonnés partage une capture d’écran de la publication. Le tweet n’obtient que deux retweets et deux mentions J’aime.

8 h 19

La fausse information est apparue pour la première fois sur Facebook à 8 h 19.
Photo : Capture d’écran

Quelques minutes plus tard, cette fausse information fait le saut pour la première fois sur Facebook. Une utilisatrice reprend les statistiques erronées dans une publication où elle allègue, encore une fois, qu’il y a là preuve de fraude électorale. La publication n’atteint pas un large auditoire, mais dans les heures qui suivent, d’autres publications semblables commencent à apparaître.

9 h 57

Ce tweet est rapidement devenu viral.
Photo : Capture d’écran

Premier succès viral de cette fausse nouvelle. Un compte affilié à QAnon avec plus de 33 000 abonnés partage les fausses statistiques en ne mentionnant pas d’où elles proviennent. Le tweet est rapidement relayé plus de 1000 fois.

C’est ce tweet qui deviendra le principal chaînon entre les bas-fonds du web et les réseaux sociaux à grand déploiement. De nombreuses personnes relaieront ce tweet ou en partageront des captures d’écran dans les heures à venir.

10 h 05

Voici la première mention de la fausse information en français.
Photo : Capture d’écran

La fausse nouvelle apparaît pour la première fois en français, dans une salle de clavardage dédiée à QAnon sur l’application chiffrée Telegram. La personne relaie l’information en affirmant l’avoir vue sur Twitter.

10 h 10

La fausse information a été partagée sur 8kun, le site où le personnage central de la théorie du complot QAnon lance ses messages.
Photo : Capture d’écran Qresearch, un forum dédié à QAnon sur le site 8kun, se joint à la fête. Un utilisateur anonyme partage le tweet de WarTimeGirl dans le même forum où Q le personnage central de cette conspiration, publie ses messages adressés à ses fidèles.

Le tweet d’Alexis Cossette-Trudel a énormément circulé.
Photo : Capture d’écran

La rumeur est ensuite relayée par Alexis Cossette-Trudel, influenceur principal de QAnon dans la francophonie. Quelques heures plus tard, l’animateur de Radio-Québec efface discrètement son tweet sans fournir d’explication, mais le dommage est déjà fait : sa traduction de ces fausses informations a été retweetée plus de 800 fois et a recueilli plus de 1300 mentions J’aime.

La rumeur est également reprise par plusieurs internautes francophones qui copient-collent le Tweet d’Alexis Cossette-Trudel.

10 h 23

La page Facebook du Parti républicain du comté de Madison County a également partagé la fausse information.
Photo : Capture d’écran

La page Facebook du Parti républicain du comté de Madison County, en Iowa, partage à son tour une capture d’écran de la publication à l’origine de cette fausse nouvelle.

10 h 25

Cette publication a été retweetée près de 16 000 fois.
Photo : Capture d’écran

Quelques minutes plus tard, les propos sont repris par Millie Weaver, une ancienne collaboratrice du site conspirationniste InfoWars qui compte plus de 243 000 abonnés. Son tweet recueille plus de 30 000 mentions J’aime et génère près de 16 000 retweets, dont un provenant du Canadien Ezra Levant, fondateur du controversé média d’extrême droite The Rebel.

10 h 38

La fausse information a été partagée sur thedonald.win, un forum entièrement voué aux plus fervents partisans de Donald Trump.
Photo : Capture d’écran

Au tour du site thedonald.win, un forum entièrement voué aux plus fervents partisans de Donald Trump, de partager cette statistique. La capture d’écran qui accompagne la publication provient d’un document publié(Nouvelle fenêtre) sur le site d’un organisme universitaire en Floride. Malheureusement, ce document contient la statistique de 2018 sur le nombre d’électeurs enregistrés, ce qui porte à confusion.

En après-midi

La fausse rumeur est devenue internationale.
Photo : Facebook (capture d’écran)

Nous pouvons désormais compter des milliers de tweets mettant de l’avant la fausse nouvelle.

C’est ainsi qu’en l’espace de quelques heures, une fausse information diffusée sur un réseau social peu connu a fait son chemin jusqu’en Suède, en Allemagne et en Grèce.

Avec la collaboration de Marc-André Argentino

Source : Radio Canada, Jeff Yates, Brigitte Noël, Nicholas De Rosa, 04-11-2020

 

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