Un rassemblement de soutien au tueur de la préfecture de police de Paris interdit à Gonesse

Par Anthony Cortes

révue initialement pour jeudi à Gonesse, dans le Val-d’Oise, une manifestation de soutien à Mickaël Harpon, le tueur de la préfecture de police de Paris ne pourra pas se tenir : le ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner, a annoncé ce mercredi 9 octobre son interdiction.

Ça ne passe pas. Le rassemblement prévu de soutien au tueur de la préfecture de police Paris a été interdit. Dans un tweet publié ce mercredi 9 octobre, le ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner, l’annonce à l’issue d’un entretien avec le préfet du Val-d’Oise, Amaury de Saint-Quentin. “La manifestation prévue à Gonesse en soutien à l’assassin de la préfecture de police est une infamie et une insulte à la mémoire de nos policiers”, écrit-il, précisant avoir demandé “que les propos odieux tenus par son organisateur soient dénoncés au procureur de la République, sur le fondement de l’article 40 du code de procédure pénale”.

Hadama Traoré, l’initiateur du rassemblement

L’organisateur, un certain Hadama Traoré, qui avait été au mois de mai candidat aux élections européennes “contre la stigmatisation des quartiers populaires“, avait appelé à un rassemblement le jeudi 10 octobre, dans une publication Facebook, où il disait vouloir “rétablir la vérité et communiquer différemment sur Mickaël [Harpon]”, l’homme qui a tué quatre fonctionnaires de police le 3 octobre. “C’est une personne qui a craqué pété les plombs et commis l’irréparable non pas parce qu’il est un terroriste mais parce qu’il a craqué sous la pression de conditions de travail et surtout d’une vie difficile, d’un contexte difficile pour lui”, jugeait-il.

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Dans une vidéo postée toujours sur son compte Facebook, le militant s’en est pris à ceux qui ont dénoncé ce rassemblement : “Bande de merdes, moi je suis un révolutionnaire. La personne qui ose dire que Mickaël Harpon est un terroriste, je lui traite sa mère et lui crache à la gueule. Après Mickaël, plus personne en France n’osera salir une religion du livre”. Et de lancer : “Toutes les communautés persécutées, on va faire la guerre ensemble, aux politiques et aux médias. Et on commence ce jeudi”.

Joint par Marianne mardi, Hadama Traoré s’est défendu de toute apologie du terrorisme. Mettant en avant son intention de mettre en place un “livre d’or” à l’occasion du rassemblement pour les “policiers décédés tragiquement à la préfecture de Paris”, il jurait n’être qu’un “défenseur des sourds et muets, et rien d’autre”. “Je suis bénévole auprès d’associations qui leur viennent en aide depuis trois ans, développe-t-il. Je le vois chaque jour, ils sont discriminés au travail, moqués, bizutés… Mickaël a pété les plombs parce qu’il était opprimé. Mais les médias préfèrent parler de terrorisme et d’islam pour nous cacher cette réalité”. Pour prouver ses dires, il assure avoir “récolté de nombreux témoignages de ses proches”, dont “deux amis” qui lui auraient promis de participer au rassemblement.

“Nous serons là chaque semaine, rassemblés pour dénoncer la désinformation politique et médiatique dont sont victimes les banlieues, les musulmans et tous les opprimés.”

S’écartant néanmoins de sa posture de “soutien aux sourds et muets”, Hadama promet également “le premier jour d’une révolution”, reprenant le nom de son mouvement, “La révolution est en marche”, censé lutter contre “le racisme, les discriminations et les stigmatisations” en tout genre et dont le site est aujourd’hui inaccessible. Et qu’importe, nous a-t-il déclaré, si la préfecture interdit le rassemblement, “nous serons là chaque semaine, rassemblés pour dénoncer la désinformation politique et médiatique dont sont victimes les banlieues, les musulmans et tous les opprimés. Je serai le représentant de la majorité silencieuse, de toutes les minorités et de bien plus, pour leur faire garder espoir. Et peut-être qu’un jour, ils seront nombreux à nous rejoindre”.

Son appel n’a pas manqué de faire réagir dans la classe politique, locale comme nationale. Le maire de Gonesse, Jean-Pierre Blazy, a qualifié d’“indigne pour la communauté musulmane de Gonesse et les victimes” ce rassemblement organisé par “un complotiste chevronné”. Tout comme la sénatrice du Val-d’Oise, Jacqueline Eustache-Brinio, dénonçant une manifestation “insultante pour les familles des victimes et la France entière”. L’interdiction avait été réclamée à gauche comme à droite. Ce mercredi, Eric Ciotti, député Les Républicains (LR), demandait au préfet d’agir face à “l’apologie du terrorisme”, tout comme Olivier Faure, premier secrétaire du Parti socialiste (PS), soulignant la “dérive mortifère” de l’initiative.

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