Par Leonidas Chrysanthopoulos
Ambassadeur ad honorem
Nov. 1, 2021
Voici un dialogue qui n’a jamais eu lieu. S’il avait eu lieu, voici comment il aurait pu se dérouler.
Kyriakos : Et maintenant que nous avons fini de discuter des relations gréco-turques et des questions européennes, abordons, chère Angela, un aspect très sérieux de nos relations bilatérales : il s’agit des destructions causées par votre pays à la Grèce entre 1941 et 1944. La population totale du pays pendant la seconde guerre mondiale a été réduite de 13,5% et la Wehrmacht a détruit environ 1770 villes et villages pendant l’occupation. Jusqu’à présent, l’Allemagne est restée silencieuse sur cette question. Ne pensez-vous pas qu’il est temps, 80 ans après cette catastrophe, que le gouvernement allemand assume sa part de responsabilité dans cette affaire ?
En 1946, nous avons soumis officiellement au gouvernement allemand une liste d’antiquités qui avaient été volées par l’armée allemande pendant l’occupation.Cette liste contient 8500 objets mobiliers.C’est un sacré nombre n’est-ce pas ? Ils ne nous ont jamais été rendus et ils figurent dans des musées, des ventes aux enchères et des collections privées.Nous voulons les récupérer ma chère Angela, ils font partie de notre civilisation, de notre histoire, ils nous appartiennent.
Je suis désolé de te parler comme ça mais hier, quand tu es arrivée, nous étions en train de célébrer l’OXI que nous avons dit aux Italiens en 1940 et nous sommes entrés dans la deuxième guerre mondiale. J’ai donc pensé que c’était le bon moment pour que mon peuple entende clairement certaines vérités amères et aussi pour être informé sur les intentions du gouvernement de réclamer nos droits. Nous n’avons pas démissionné des réparations de guerre ou des indemnisations.
Vous savez très bien que la Conférence alliée de Paris (novembre 1945-janvier 1946) a convenu d’un montant de 7,181 milliards de dollars (à la valeur d’achat de 1938) pour les réparations de la République fédérale d’Allemagne à la Grèce (ce montant ne comprend pas le prêt d’occupation et les biens archéologiques et culturels qui ont été volés).
Alors que l’Italie et la Bulgarie ont payé leur dette envers la Grèce, votre pays ne s’est pas acquitté de ses obligations. Vous avez toujours rejeté nos demandes d’ouverture de négociations entre les deux parties en invoquant divers prétextes.
Plus récemment, votre ministère des affaires étrangères a invoqué le traité 2+4 (Moscou 1990) en prétendant que ce traité avait réglé toutes les questions de réparations de manière complète et totale.
Mais vous savez Angela qu’il n’en est rien puisque le Service scientifique du Parlement fédéral n’est pas d’accord avec votre gouvernement : dans son avis publié en 2019, il est mentionné que ” la Grèce n’a jamais renoncé à ses exigences vis-à-vis de l’Allemagne “. En ce qui concerne le Traité 2+4 le Comité scientifique écrit que « les réparations ne sont pas mentionnées dans le texte du Traité.La Grèce en tant que pays tiers qui n’a pas participé à la formulation du Traité aurait dû accepter explicitement les désavantages qui la concernaient ». En tout cas la Grèce n’est pas liée par un Accord auquel elle n’a pas participé,n’a pas signé ou ratifié…
En résumé, Angela, les demandes de la Grèce vis-à-vis de l’Allemagne concernent :
-Les dommages infligés à la Grèce et à sa population pendant l’occupation.
-Le remboursement du prêt obligatoire de la Banque de Grèce au troisième Reich, qui, intérêts compris, s’élève à environ 400 milliards d’euros.
-Le paiement des réparations restantes de la première guerre mondiale qui sont toujours en suspens.
- Le retour des objets archéologiques et autres biens culturels qui ont été volés en Grèce.
Pouvez-vous imaginer que si vous nous aviez versé les 400 milliards d’euros du prêt obligatoire, mon peuple n’aurait pas été soumis à la pauvreté causée par les mémorandums que vous nous avez imposés. Vous avez également reconnu les erreurs commises dans la mise en œuvre des mémorandums.
J’ai écouté avec attention ce que vous avez dit sur la nécessité de poursuivre le dialogue avec la Turquie mais je ne vous ai pas entendu soutenir l’ouverture d’un dialogue avec la Grèce.
Vous avez rejeté quatre notes verbales que nous vous avions envoyées pour demander l’ouverture de négociations sur les réparations de guerre et le remboursement du prêt obligatoire… Pourquoi ?
Si la justice prévaut, les relations bilatérales entre la Grèce et l’Allemagne s’en trouveront renforcées et les âmes de ceux qui ont été tuées pourront enfin reposer en paix, ce qui enverra également un message fort et permanent contre le fascisme, ce que vous souhaitez également vivement.
Je suis désolé Angela, si j’ai trop parlé.Je voulais, comme vous pouvez le comprendre, profiter de la publicité que votre visite dans mon pays a, pour informer indirectement le peuple allemand sur ce que sont vraiment les relations entre nous.Parce que les citoyens allemands, sur la base de la désinformation qui leur est fournie, croient que les Grecs sont paresseux et travaillent donc contre les intérêts des Allemands.Pouvez-vous imaginer comment nous serions autonomes et indépendants aujourd’hui si nous avions reçu les 400 milliards d’euros de l’emprunt d’occupation … C’est tout ce que j’avais à dire et avec plaisir je voudrais vous entendre maintenant.
Angela : Kyriakos tu aurais dû me dire tout cela plus tôt.il y a deux mois j’ai reçu une lettre de cinq organisations grecques mentionnant exactement ces questions.tu as raison sur ce que nous te devons.
Lorsque je remettrai la Chancellerie à mon successeur, je l’informerai de cette grave question qui préoccupe la Grèce et je proposerai l’ouverture de négociations avec la Grèce. C’est la seule chose que je puisse faire à présent.
Il s’agit d’un dialogue qui n’a jamais eu lieu, mais s’il avait eu lieu, il aurait été en quelque sorte comme décrit ci-dessus, sans autre commentaire.
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