Suisse Plus de cent organisations demandent que le gouvernement accueille des migrants bloqués dans les camps en Grèce
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Pour Manon Schick, directrice d’Amnesty International Suisse, il y a une «fenêtre d’opportunité» à l’Appel de Pâques, lancé le lundi de la fête. Et cela pour au moins trois raisons: «Le sentiment que la situation dans les camps de réfugiés en Grèce, par exemple à Lesbos, est terrible, apparaît aujourd’hui très fort. Ensuite, la mobilisation est large. Enfin, d’autres pays, parfois aussi petits que le Luxembourg, ont fait des efforts récents: la Suisse ne peut pas rester sans rien faire.»
Participer au désengorgement
Manon Schick a donc signé cet Appel de Pâques, qui recueille un soutien rare et inédit: 110 organisations, ONG, associations humanitaires sont derrière ce texte demandant au Conseil fédéral qu’il participe au désengorgement des camps de réfugiés grecs. Pour Raquel Herzog, cofondatrice de Dahumas, fondatrice de l’association SAO (soutien aux femmes en fuite), la situation est plus grave que jamais: «Je connais les camps de la mer Égée, comme celui de Moria, à Lesbos.» Tristement célèbre, au point d’être cité par le pape François, Moria, prévu pour 2500 personnes, est submergé par près de 20’000 migrants, syriens, afghans, africains d’origine subsaharienne, dont des milliers d’enfants et d’adolescents privés du minimum sanitaire. «C’est devenu un enfer et une urgence. D’où cet appel au Conseil fédéral.»
Lundi en début de soirée, plus de 14’700 personnes l’avaient déjà signé par internet, dont de nombreuses personnalités: l’ancienne conseillère fédérale Micheline Calmy-Rey, le recteur de l’Université de Genève Yves Flückiger, les humoristes Vincent Kucholl, Vincent Veillon ou Yann Marguet, Jean Ziegler, la conseillère nationale vaudoise Ada Marra, l’ancien procureur et conseiller aux États Dick Marty, le rappeur Stress, Sandrine Salerno, maire de Genève, le chanteur Michel Bühler, les dessinateurs Tom Tirabosco et Patrick Chappatte, l’écrivaine Sybille Berg, le réalisateur Milo Rau. La liste touche tous les milieux politiques ou socioculturels.
«Il faut aller plus vite»
Selon Fabian Bracher, du comité de One Happy Family, les possibilités d’hébergement existent: «Nous avons les ressources. Dans les centres pour requérants, les demandes sont en baisse forte depuis des semaines. Notre système de santé permettrait aussi sans problème de tester les gens à leur arrivée en Suisse, pour isoler et soigner ceux qui porteraient le Covid-19.»
Manon Schick rappelle enfin qu’en janvier, la conseillère fédérale Karin Keller-Sutter disait la Suisse prête à recevoir des jeunes migrants de Grèce, entendant cependant privilégier ceux qui ont de la famille dans notre pays: «Elle avait cité le chiffre de 200 mineurs non accompagnés. Mais vérifier les informations, trouver les éventuels membres de leur famille, cela peut prendre des mois, surtout actuellement. Il faut aller plus vite. Il sera toujours temps de regarder ensuite s’ils ont des proches en Suisse ou en Allemagne.»
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