Que se passe-t-il à Ascoval ? Un syndicaliste explique la lutte explosive de l’aciérie française

31 janv. 2018

Le ministre Bruno Le Maire a obtenu un répit d’un an pour les 299 salariés de l’Acierie d’Ascoval (Nord) reprise par un groupe suisse, avant fermeture. Tandis que la grogne monte, un délégué syndical témoigne pour RT France.

La colère et la peine accablent les 299 salariés de l’aciérie Ascoval à Saint-Saulve dans le Nord, condamnée à fermer et à l’arrêt depuis le 29 janvier. Plusieurs dizaines de salariés ont même bloqué des ronds-points et des réunions vont bon train avec des syndicalistes hors d’eux. Pour les consoler de la fermeture, le ministre de l’économie, Bruno Le Maire, annonce avoir trouvé un accord pour sauver leur emploi pendant un an.

Le 29 janvier, le coup de semonce fut rude pour les salariés de l’aciérie, usine en attente de reprise située dans le nord de la France près de Valenciennes. Les salariés étaient confiants car le 22 janvier, le président Emmanuel Macron en visite chez Toyota à Onnaing était passé les voir et leur avait promis qu’ils pourraient «dormir sur leurs deux oreilles». Mais la décision du tribunal de grande instance de Strasbourg, qui a statué sur la reprise s’apparente plutôt à un cauchemar. Sur les trois acheteurs potentiels, le Suisse Schmolz + Bickenbach, qui a remporté la mise, va exclure trois sites de son plan de reprise, dont celui d’Ascoval.

La pérennité du site d’Ascoval seulement pour l’année qui vient

Le 30 janvier, à l’Assemblée nationale, Bruno le Maire s’est targué d’avoir arraché un accord pour prolonger l’activité du site jusqu’en 2019. «Nous avons obtenu de la part de l’entreprise Schmolz + Bickenbach […] des engagements sur les volumes et sur les prix qui garantissent la pérennité du site d’Ascoval pour l’année qui vient», a-t-il alors déclaré. Schmoltz + Bickenbach et Vallourec (l’actionnaire actuel) vont poursuivre leurs commandes d’acier à Ascoval durant 12 mois, mais pas suffisamment pour que l’usine soit rentable.

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Pourtant, le ministre est satisfait : «C’est une bonne nouvelle pour les 300 salariés d’Ascoval. Ensuite ce qui compte, c’est d’avoir une solution pour le long terme. Et donc de travailler dès maintenant à trouver des repreneurs qui garantissent des reprises et un aval qui soit satisfaisant pour l’ensemble des salariés.»

«Un sabotage», dénonce un délégué syndical

Une bonne nouvelle ? Les syndicalistes, effarés, parlent plutôt d’une méconnaissance du dossier de la part du gouvernement. Le porte-parole de l’intersyndicale CFDT Bruno Kopcynski ne décolère pas : «L’erreur du gouvernement c’est de ne pas avoir appuyé et négocié plus en amont avec le repreneur Liberty house […] qui vient avec une solution totale qui reprend tous les sites, tous les salariés, il se fait jeter comme un malpropre. Il y a une méconnaissance et un désintérêt total du dossier. Ils ne peuvent pas nous dire aujourd’hui qu’ils ont étudié les deux propositions : c’est faux.»

Il souligne l’absurdité d’avoir confié l’industriel français aux Suisses qui vont le démanteler : «On a aujourd’hui donné les clés d’un avenir industriel français qu’est Arcométal, repris par quelqu’un [Schmolz + Bickenbach] qui est son concurrent direct, donc qui va forcément l’avaler. Quelqu’un qui va laisser sur le carreau dans un premier temps 400 personnes. Qui dès le départ s’est prononcé et a écrit dans son offre qu’il allait à terme dans les deux ans fermer trois des cinq sites. Ce n’est pas une reprise, c’est un sabotage.»

Xavier Bertrand, président de la région Hauts-de-France, dans une lettre adressée à Emmanuel Macron, n’a pas non plus mâché ses mots : «Le gouvernement tire ainsi un trait sur la filière d’avenir que représentent les aciers spéciaux en lien avec la production automobile.»

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La création de l’entité Ascoval avait été annoncée en janvier 2017 par les sociétés Vallourec et Ascométal pour redynamiser l’aciérie de Saint-Saulve ouverte en 1975. Mais Ascométal était placé en liquidation judiciaire depuis 2014.

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