Pour fêter le Brexit, le Financial Times peaufine la “stature présidentielle” de Marine Le Pen

Le quotidien économique britannique consacre ce vendredi 31 janvier un portrait pour le moins caressant à la présidente du Rassemblement national, Marine Le Pen, en quête de crédibilité chez les cadres.

Par Louis Nadau

Besoin d’un petit coup de polish ? Demandez le Financial Times. En ce jour de Brexit, vendredi 31 janvier 2020, le très sérieux quotidien économique consacre un portrait politique à la présidente du Rassemblement national, Marine Le Pen. Le but du plan de communication est clair : peaufiner la fameuse “stature présidentielle” de la battue de 2017 auprès du lectorat de cadres supérieurs du “FT”. Et Marine Le Pen peut être contente du résultat, tant nos confrères d’outre-Manche se montrent inoffensifs à son endroit.

Marine Le Pen a réussi à assainir son parti depuis qu’elle a pris la succession de son père à la tête de ce qui s’appelait alors Front national, il y a neuf ans. Elle a pris ses distances, de lui et de ses positions notoirement antisémites, et courtise même les électeurs juifs en promettant d’agir contre les militants islamistes“, rapporte ainsi le journal britannique, semblant prendre pour argent comptant la “dédiabolisation” revendiquée par le Rassemblement national, axe de campagne bien connu du parti.

Un “assainissement” qui n’est toutefois pas tout à fait terminé : rappelons, à titre d’exemple, que la tête de liste du Rassemblement national à Strasbourg pour les élections municipales, Thibault Gond-Manteaux, a par exemple dû se retirer de la course en octobre dernier, après que son passé de participant à des ratonnades, condamné en 2011 et 2012, a été rapporté par 20 Minutes.

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“15 ou 20 ans” d’avance

Ce qui n’empêche pas Marine Le Pen de se plaindre du mauvais procès qu’on lui ferait : “Irritée d’avoir été moquée et ostracisée pendant si longtemps comme une extrémiste, elle assure qu’elle et son parti ont toujours réussi à pointer les problèmes français – l’immigration, la mondialisation sauvage, l’islamisme et la faiblesse de l’Union européenne – 15 ou 20 ans avant quiconque“, continue ainsi le Financial Times.

Des messages que Marine Le Pen, seule à s’exprimer dans l’article du FT, déroule sans encombre pour installer le match retour de 2017. “Les contours de sa stratégie sont clairs“, résume le quotidien économique : “Présenter son parti comme une alternative ‘profondément raisonnable et pragmatique’ au désir d’Emmanuel Macron de secouer la France.” “Nous ne voulons pas organiser une révolution, mais retourner au sens commun“, explique la représentante de l’extrême droite, en référence au titre de l’ouvrage programmatique – Révolution – du candidat Emmanuel Macron.

Affirmant avoir “besoin de cinq points” pour l’emporter, Marine Le Pen conclut en expliquant vouloir conquérir les voix des “souverainistes de gauche“. Et quoi de mieux que le Financial Times pour cela ?

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