Le néofascisme et ses contradictions

L’attitude d’au moins une fraction des socialistes et de la direction du PCF, qui reprennent en chœur les calomnies des droites, peut être désespérante. Car malgré le danger évident et incontesté que fait peser le parti néofasciste, le hollando-roussellisme prépare la division de la gauche lors des prochaines échéances électorales.

Cela étant observons aussi ce qui se passe chez les néofascistes, nous pourrions y trouver des raisons d’espérer.

Le RN tente de combiner deux stratégies pour répondre aux attentes d’un électorat qui n’est pas homogène. Et aussi pour obtenir le soutien ou la neutralité bienveillante du capital ou tout au moins d’une fraction de celui-ci.

Entre une base populaire et une base bourgeoise il lui faut toujours jouer sur une corde raide. Si le racisme, qui est le moteur principal de ce vote, est commun aux deux composantes et en constitue le ciment, les autres questions, sociales, économiques et même internationales,  sont sujets de divergences. Entre le courant “ni gauche ni droite” (Marine Le Pen) et le courant “union des droites” (Marion Maréchal-Le Pen) l’harmonie est loin d’être au rendez-vous.

Si la cohabitation de deux stratégies permet de râtisser large elle provoque aussi des fragilités au sein du mouvement néofasciste. Ainsi il est apparu nettement pendant la campagne des législatives que le RN n’avait absolument pas la volonté de rétablir la retraite à 60 ans. Or si sa base populaire (ouvriers et employés) en fait une priorité, sa base aisée et zemmourienne n’y voit rien d’important.

Sur la taxation des plus riches la base populaire approuve quand la base bourgeoise rejette cette proposition.

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Le ralliement de RN à la politique de l’offre, notamment la baisse de la fiscalité des entreprises, l’accélération de la réduction des dépenses publiques et sociales, semble évident et il est déjà largement assumé. Le RN compenserait avec des lois contre les étrangers, les immigrés, des lois islamophobes et des lois sécuritaires renforçant les pouvoirs de la police, espérant ainsi satisfaire sa base populaire.

Mais les questions sociales s’imposent, les difficultés de la vie quotidienne, du niveau de vie, la casse des services publics se poursuivant, il est probable que cela rende les choses compliquées pour les néofascistes.

Dans les récents sondages la France Insoumise et le NFP apparaissent comme la principale force d’opposition. Le flirt entre le RN et le gouvernement Macron-Barnier, le “socle commun” Macronie, LR, RN n’est pas du goût d’une fraction de l’électorat populaire lepeniste. La question de la motion de censure sur le budget cristallise ce dilemme stratégique du RN: conforter son image “normalisée” et le soutien des milieux patronaux en ne renversant pas le gouvernement ou rassurer sa base populaire mais en suscitant l’inquiétude des électeurs de droite et des retraités attachés à la “stabilité” en votant la censure.

Face à chaque question importante le RN est dans une situation contradictoire.

En politique internationale de la même façon. Sur l’Ukraine par exemple le RN doit se débarrasser d’une image poutinienne qui lui colle à la peau. Pour ce faire il soutient (comme Meloni) Zelenski et l’OTAN. Mais là encore une partie de son électorat est hostile à l’aide militaire à l’Ukraine et même aux sanctions contre la Russie qui a provoqué l’inflation des prix de l’énergie. Or le RN voudrait, comme plusieurs partis d’extrême-droite (en Allemagne, en Roumanie…), surfer sur le thème de la paix…

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On pourrait multiplier les exemples qui montrent les messages paradoxaux que le RN adresse à ses électorats.

Cette absence de cohérence est due fondamentalement à la nature de classe du néofascisme, favorable au capital. C’est un atout pour la gauche qui doit démasquer et ces contradictions, et la nature profondément capitaliste du néofascisme. Nature cachée derrière un masque “anti-système” bidon et surtout un racisme qui divise les travailleurs et oblitère la lutte des classes.

Antoine Manessis

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