Mexique : Quelles sont les stratégies qui s’affrontent pour les élections de Juillet au Mexique | par Guillermo Almeyra

15/06/2018

Il est déjà évident que l’abstention sera cette fois moins importante et que Lopez Obrador obtiendra la majorité relative contre ses adversaires qui probablement ne recueilleront même pas la moitié de leur lectorat, même en additionnant leurs divers résultats.

Les urnes montreront à tout le monde la plus grave crise de l’establishment et la faiblesse des classes dirigeantes du Mexique, divisées aujourd’hui sur ce qu’il faudra faire au lendemain de l’élection présidentielle.

En effet, tandis que les patrons de presse et l’écrasante majorité des gros capitalistes, étroitement liés aux sociétés transnationales, veulent empêcher le vote pour AMLO (Andrès Manuel Lopez Obrador), une minorité d’entre eux et les organisations d’hommes d’affaires liées au marché interne ainsi que les représentants des capitalistes moyens, acceptent la possibilité de son triomphe.

Le « vote » de Donald Trump et du capitalisme international est également très clair, il s’oppose totalement à la possibilité que Mexico puisse cesser d’appliquer à la lettre les politiques sociales et économiques imposées à Davos.

Les États-Unis d’Amérique estiment que notre pays est une simple extension de son économie et donc un problème domestique, et Trump pense déjà à consolider ses chances de réélection lors des prochaines élections parlementaires américaines. Il va durcir sa politique envers le Canada et le Mexique et maintenir son protectionnisme, contre l’importation de tout produit, industriel ou agricole, qui peut rivaliser avec la production américain., ce qui lui assurera le soutien d’une partie de sa population

Cette attitude, d’une part, et la guerre des taxes de l’autre, menace d’étouffer la légère reprise de l’économie européenne et la croissance de l’économie chinoise, avec pour effet secondaire, de provoquer une hausse des prix des produits, des carburants et de tous les intrants pour l’industrie et les salariés (alimentation humaine et fourrages), avec pour résultats des effets récessifs au Mexique et dans le monde entier.

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Un secteur de la bourgeoisie et de la City (banques) a fait savoir qu’ils accepteraient un gouvernement capable d’arrêter « El tigre » (AMLO lui-même), sans changements sociaux, avec une politique néolibérale et la soumission à Washington. Mais ce n’est pas ce que veulent les électeurs d’AMLO, qui n’accepteraient au minimum, qu’une politique de développement comme celle des présidents Luis Echeverría et José López Portillo.

Une politique à la Peña Nieto, maintenant la répression et l’occupation du pays par les forces armées, renforcerait les manifestations inévitables et les mouvements sociaux stimulés par la déception et la colère des électeurs d’AMLO qui se sentiraient trahis.

La City, s’inquiète également de ce qu’AMLO pourrait obtenir la majorité parlementaire, grâce à une multitude de transfuges venant des partis et des autres gouvernements de droite qui se raccrocheront au train d’AMLO car ils savent que le tabasqueño (de l’Etat du Tabasco) « El tigre » peut les menacer, ou qu’il pourrait les contrôler. Mais cette canaille opportuniste peut mettre dans la balance sa relation « avec les marchés » car elle peut se vendre sans aucun problème aux plus offrants, comme elle s’est avérée souple, ultra-conservatrice et incontrôlable.

La bourgeoisie, a donc deux options : une fraude électorale flagrante et immédiate, cachée, comme en 1988, puis en 2006, ou, au contraire, l’establishment est enclin à apprivoiser « El tigre » : y aller pour lui couper les griffes.

Dans le premier cas la classe dirigeante lancera une répression armée massive avec une réaction populaire sans doute aussi massive et féroce mais désorganisée. Dans le second, l’establishment gagne du temps et maintient ses positions pour harceler l’actuel gouvernement du Morena (Movimento regenacione nationale) devant ses partisans, en pratiquant une répression préventive et la désorganisation du pays pour empêcher les protestations sociales.

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Il y a une fraude en marche par achat de voix. Mais pour les travailleurs et les pauvres qui vont refuser de vendre leur droit de vote et voteront pour AMLO pour construire un Mexique plus juste, plus honnête, plus équitable, que les réformes de fond rendraient possible, il n’y a pas d’autre choix que de s’organiser en toute indépendance.

Il peut donc y avoir à la fois un coup d’État, une dictature et AMLO en prison ou retenu dans sa ferme de La Chingada, comme si le tabasqueño était élu pour maintenir la politique du PRIAN (PRI, parti institutionnel révolutionnaire et le PAN, parti d’action nationale) et abandonner les quelques promesses progressives de sa campagne.

Dans un article intitulé « Dieu pour prier et le marteau pour taper » je me suis souvenu la semaine dernière ce proverbe pour souligner qu’il est urgent et nécessaire de changer l’équilibre des pouvoirs entre les exploités et les exploiteurs. Mais ce n’est pas dans les urnes, mais dans les consciences et les mobilisations que se construira une organisation anticapitaliste reposant sur un réseau de comités, le contrôle des assemblées permanentes de quartier et des organismes communautaires issus des assemblées populaires.

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