À Villejuif, Jean-Luc Mélenchon a galvanisé les candidats « insoumis » aux législatives. Il a estimé une cohabitation possible.
Ils partiront 500 (ou à peu près), mais ils se voient déjà 5 000. Samedi, en fin d’après-midi, les candidats aux législatives de La France insoumise sont rentrés chez eux gonflés à bloc. Objectif atteint, donc, pour cette « convention nationale » organisée dans l’ancienne « banlieue rouge » de Villejuif afin de mobiliser les troupes à deux jours de l’ouverture du dépôt des candidatures en préfecture. Il faut dire que Jean-Luc Mélenchon, qui intervenait à la fin de ce grand raout, n’a pas lésiné pour galvaniser ceux qui représenteront la France insoumise les 11 et 18 juin prochains. Il s’est improvisé véritable coach pour ces militants, dont bon nombre sont novices en politique, souvent jeunes et dont aucun n’a encore jamais été élu député.
Accueilli par une standing ovation, le candidat à la présidentielle a parlé pendant une bonne heure sur l’estrade, expliquant aux impétrants qu’ils n’étaient pas là pour faire de « la figuration ». Persuadé, semble-t-il, que la stratégie de la présidentielle sera victorieuse aux législatives (« L’élection présidentielle va se reproduire », a-t-il prédit), il a fixé l’objectif : ni plus ni moins que de « gouverner le pays ». Opposant « la force de notre cohérence » aux « miettes de la soupe aux sigles », il a dit tout le mal qu’il pensait des « alliances tuyau-de-poêle ». En ligne de mire, le PCF, avec qui la France insoumise a échoué à trouver un accord la semaine dernière. Mais aussi les hamonistes qui restent au PS.
Dégagisme
Jean-Luc Mélenchon est ensuite longuement revenu sur l’épisode de la présidentielle, souhaitant ne « montrer du doigt personne ». L’heure n’était pas pour autant au mea culpa. Conspuant les « médiacrates » qui auraient, durant la campagne, « mis leur énergie à casser une vague ascendante », moquant les « diversions » – dont le « pompon » était le PS « avec ses deux candidats » –, il a aussi regretté la « démocratie vermoulue » qui aurait conduit à son échec « au raz des doigts, à 600 000 voix près ».
Comme tout bon chef de guerre, il a désigné l’ennemi à abattre : Emmanuel Macron qui prépare « l’énorme coup de tonnerre » de « l’abrogation » du code du travail. Puis en « homme d’expérience », il a prodigué quelques conseils : « Ne partez pas en disant ‘‘on va faire pour le mieux’’, ce qu’il faut viser, c’est la victoire. Ne dites pas : ‘‘Votez pour moi pour la couleur du trottoir’’, mais ‘‘Votez pour moi parce que cette élection est une élection nationale, qu’elle concerne la place de la France dans l’Europe et dans le monde, votez pour moi pour ne pas donner les pleins pouvoirs à Macron”. »
L’ex-candidat à la présidentielle, qui se présente à Marseille contre le socialiste Patrick Mennucci, a toutefois réservé ses derniers coups au PS. Faisant huer les « crevards » qui ont cherché l’investiture d’En marche !, il n’a montré que mépris pour ces « faussaires », ces « marchands d’illusions ». « Vous êtes tous les mêmes ! » a-t-il lancé à leur adresse, après avoir défié les hamonistes : « Ils veulent recomposer ? D’accord, sortez du PS, venez ! »
Puis d’opposer l’incohérence et le flou des socialistes à la pureté idéologique de La France insoumise : « Nous, nous avons un drapeau sans taches, honnête, loyal,fier ! Notre démarche, c’est dégagez-les ! » La salle, conquise, a entonné une Marseillaise pleine d’espoir.