Manifestation à Rome : “Le gouvernement italien s’occupe de la pauvreté mais pas suffisamment du travail”

Des milliers d’Italiens ont défilé contre la politique économique du gouvernement. L’historienne Ludmila Acone relève que c’est la première fois que les trois syndicats, CGIL, CISL et UIL défilent ensemble depuis 2013.

10/02/2019

Près de 200 000 personnes ont manifesté à Rome samedi 10 février à l’appel des syndicats italiens qui réclament une vraie politique de croissance au gouvernement. C’est “une première” pour Ludmila Acone, historienne spécialiste de l’Italie contemporaine et chercheuse associée à l’université Paris-1 : les trois syndicats confédérés CGIL, CISL et UIL se sont unis et “il y avait une présence massive du patronat“.

franceinfo : Cette grande manifestation est-elle une alerte sérieuse pour le gouvernement ?

Ludmila Acone : C’est une première pour l’instant, parce que ce sont les trois syndicats qui se réunissent pour la première fois depuis 2013. (…) Dans cette manifestation il y a une autre première, c’est que c’est une manifestation qui a été convoquée par les trois syndicats confédérés et qu’il y avait une présence massive du patronat italien aussi. D’ailleurs, Maurizio Martina, le secrétaire par intérim du Parti démocrate, a salué la présence des industriels et des entrepreneurs dans cette manifestation.

Cette mobilisation est-elle une autre façon de dire que le gouvernement populiste actuel ne fait pas grand-chose pour éviter la récession ?

C’est une préoccupation générale. La situation sociale et économique est terrible en Italie depuis plusieurs années. Ça a commencé de façon très claire à partir de 2008, mais il y a un ressenti de la population avec la pauvreté qui avance et c’est vrai qu’un problème subsiste : ce que cette manifestation a mis en avant c’est l’accusation portée au gouvernement de s’occuper, par exemple par le revenu citoyen, de la pauvreté mais pas suffisamment du travail. Est-ce que ces questions peuvent être opposées ?

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Les syndicats s’estiment-ils snobés par le pouvoir en place ?

Les syndicats étaient habitués à négocier avec les partis précédents, or les partis actuels [la Ligue et le Mouvement 5 Etoiles] ne sont pas du tout les mêmes, donc il n’y a pas cette ligne de négociation qui était ouverte depuis très longtemps. Ils veulent s’asseoir à la table des négociations, c’est ce que dit Maurizio Landini [secrétaire général de la CGIL], pour discuter de toutes les mesures nécessaires à la relance du pays.

Près de 200 000 personnes ont manifesté contre le gouvernement mais quelle est actuellement la popularité de cette coalition en Italie ?

Selon les sondages, ce gouvernement voit sa popularité augmenter, autour de 60% des Italiens approuveraient ce gouvernement pour des raisons diverses. D’un côté certains sont rassurés par la politique migratoire de Matteo Salvini, de l’autre côté deux mesures phares de ce gouvernement ont été appliquées ou vont l’être dans les mois qui viennent, à savoir la baisse de l’âge de départ en retraite et le revenu citoyen, qui étaient au cœur de leur campagne.