Manif du 5 décembre : de trop nombreux cas de violences policières contre la presse

Par Richard Sénéjoux
9/12/2019

Le Syndicat national des journalistes rapporte qu’au moins vingt-cinq personnes ont été blessées lors de la manifestation du 5 décembre contre la réforme des retraites.

Si les manifestations du 5 décembre se sont déroulées dans un calme relatif, les violences policières à l’encontre des journalistes restent au niveau de ce qu’on a pu voir lors de certains actes des gilets jaunes. Selon le Syndicat national des journalistes (SNJ), qui reprend le comptage effectué par Reporters en colère, un collectif « contre la répression et la précarité » nouvellement créé*, vingt-cinq journalistes ont été blessés alors qu’ils couvraient la mobilisation contre le projet de réforme des retraites dans différentes villes françaises. La plupart ont été atteints par des tirs de grenade lacrymogène ou de désencerclement.

Ainsi, dix-neuf journalistes auraient été touchés à Paris. Le fondateur du média indépendant Taranis News, Gaspard Glanz, a été blessé aux jambes par cinq éclats de grenade de désencerclement, son matériel détruit – il a publié des photos de ses blessures sur les réseaux sociaux. Taha Bouhafs, reporter du site Là bas si j’y suis, a été atteint au genou par un tir de grenade place de la République. Plus grave, un photojournaliste de l’agence turque Anadolu Agency, Musta Yalçin, a perdu 90 % de la vision d’un œil, là aussi suite à un tir de grenade. Le journaliste du Média, Serge Faubert, a quant à lui été blessé au genou. A Bordeaux, une journaliste a été blessée au mollet par un tir tendu de grenade lacrymogène, un photoreporter a été jeté à terre puis roué de coups par les forces de l’ordre. À Nantes, une journaliste de Ouest France a reçu un tir de LBD dans le dos, un de ses confrères de France Bleu Loire-Océan blessé par un tir de grenade lacrymogène.

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« Des journalistes, qui ont manifesté avec le collectif Reporters en colère pour dire stop aux violences policières, ont été “nassés” par les forces de l’ordre (à Paris, ndlr). Certains d’entre eux ont même fait l’objet de contrôles zélés. Ils ont finalement été relâchés », ajoute le SNJ dans son communiqué , où il rappelle qu’« empêcher un journaliste d’exercer sa profession est une entrave à la liberté de la presse ». Le syndicat indique qu’il accompagnera ceux qui déposeront plainte. Le 6 décembre, Reporters en colère avait publié un communiqué sur Twitter, qui soulignait que la « répression policière [entravait] leur travail » et que « les mains devant l’objectif, la confiscation du matériel, les tirs à vue manqués, les menaces et les injonctions à “circuler, il n’y a rien à voir” [constituaient] autant d’entraves qui empiètent sur la liberté de la presse et le droit d’informer. » Le collectif a ouvert un formulaire à destination des journalistes victimes de tels agissements.

De son côté, le SNJ en appelle carrément aux Nations Unies afin que leurs rapporteurs spéciaux sur la situation des défenseurs des Droits de l’Homme d’une part, et sur la liberté de manifester d’autre part, interpellent Emmanuel Macron pour que « la liberté d’informer et la liberté d’être informé soient respectées en France ». Selon nos informations, Reporters sans frontières, qui s’est exprimé le 6 décembre sur le seul cas de Musta Yalcin, devrait prendre rapidement la parole sur le sujet, le temps de vérifier certaines informations sur les journalistes victimes de violence ce 5 décembre. A contrario, des syndicats de police se lâchent sur Twitter. Le Syndicat indépendant des commissaires de police (SICP) accuse ainsi certains reporters touchés d’entretenir une « haine anti-police », qualifiant notamment Taha Bouhafs de « menteur » ou Gaspard Glanz de « harceleur », entre autres amabilités. Un autre, Synergie Officiers, remet carrément en question leur qualité de journaliste… Ambiance.

*dont font partie entre autres Gaspard Glanz et Taha Bouhafs

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