Après une phase d’expérimentation, la technologie va maintenant être utilisée de manière officielle, au grand dam des association de défenses des libertés individuelles
Par Jean-Yves Alric
2 février 2020
La police de Londres vient de le confirmer. Elle a l’intention d’utiliser la reconnaissance faciale en direct sur ses caméras installées dans la ville dès le mois de février. Le dispositif devrait concerner principalement les zones stratégiques et notamment celles fréquentées par les touristes. Concrètement, le système sera relié à une base de données de suspects régulièrement mise à jour. Une fois la personne repérée, un signal d’alerte serait alors envoyé aux forces de l’ordre qui pourront procéder à un contrôle de son identité.
Cette officialisation fait suite à une phase d’expérimentation dont les résultats seraient très probants. Les policiers affirment en effet que le système permet de repérer une personne recherchée avec une efficacité garantie dans 70 % des cas. Un chiffre contredit par Pete Fussey, un expert en surveillance de l’Université d’Essex, seule personne extérieure à avoir pu procéder à un examen de l’expérimentation.
Les associations ripostent par voie judiciaire
Cité par le Guardian, il affirme au contraire que la reconnaissance faciale était précise dans seulement 19 % des cas vérifiés. Il confirme : « Je maintiens nos conclusions. Je ne sais pas comment ils arrivent à 70%. ».
Du côté des forces de l’ordre, on insiste aussi sur le fait que le recours à la reconnaissance faciale est plébiscité par la population londonienne à 80 % d’après un sondage. C’est une évolution nécessaire selon Nick Ephgrave, commissaire adjoint :
“En tant que force de police moderne, je crois que nous avons le devoir d’utiliser les nouvelles technologies pour assurer la sécurité des personnes à Londres. Des recherches indépendantes ont montré que le public nous soutenait à cet égard.”
Le combat est en tout cas lancé et plusieurs organisations de défense des libertés individuelles ont décidé de riposter devant les tribunaux. Il faudra suivre l’application de cette mesure mais cette réaction hostile montre en tout cas à quel point le recours à la reconnaissance faciale est contesté. L’opposition s’organise notamment sur les campus américains et la Commission Européenne est en train d’envisager la mise en place d’un moratoire de cinq ans sur cette technologie dans l’espace public.