Malgré les coups, les raffineurs tiennent bon : construire la jonction le 18 octobre, reconduire ensuite

Total et le gouvernement ont joué toutes leurs cartes, mais malgré les pressions, les raffineurs de Total tiennent bon. Alors que la grève pourrait se répandre dans des secteurs stratégiques, il est possible de construire la jonction le 18 octobre pour une grève reconductible.

Par Damien Bernard
vendredi 14 octobre

Ce jeudi, la direction de Total et le gouvernement ont joué toutes leurs cartes. Toute la journée, se sont enchaînées les fake news sur les salaires, les réquisitions de grévistes, les chantages et les ultimatums à la levée des « blocages ». Une offensive totale mobilisant l’arsenal répressif de l’État, des grands capitalistes et des médias à leurs services, menée de front pour discréditer l’image des raffineurs auprès de la population tout en frappant fort pour détruire la grève.

Il restait cependant à donner le coup de grâce : c’était le rôle des « négociations » jeudi soir et de la trahison qui s’en est suivie. Celle-ci visait à reproduire le modèle ExxonMobil chez Total, avec pour principal objectif d’isoler les grévistes et les démoraliser.

Pour autant, le réveil n’a pas été aussi doux que prévu pour Pouyanné et Macron. Malgré les coups durs, les grévistes sont non seulement toujours présents sur les piquets, mais la grève a également été reconduite sur l’ensemble des sites de Total. De leurs côtés, les raffineurs de site de Normandie, le bastion de la grève, ont reconduit le mouvement jusqu’à mardi. Ainsi, les grévistes de la plus grande raffinerie de France prennent leur responsabilités et montre la voie à suivre : celle de la généralisation du mouvement pour faire construire la jonction lors de la grève interprofessionnelle du 18 octobre.

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Malgré les coups portés, tenir et consolider la grève

Le fait que les plans du gouvernement et de Total ne se passent pas tout à fait comme prévu ne peut que donner du baume au cœur. Mais il ne faut pas nier les coups portés. Comme dans tout conflit dur, il y a des hauts et des bas. Même assiégé par l’ennemi, il faut tenir bon et maintenir les places fortes en attendant que de nouveaux bataillons rejoignent le combat. Passer des moments difficiles, pour ensuite repartir à l’offensive.

Malgré les difficultés, c’est cet état d’esprit qui règne actuellement chez de nombreux grévistes. Encore ce vendredi soir, malgré la trahison, les grévistes ont reconduit le mouvement à Donges, La Mède, Flandres. Cependant, il y a aussi des mauvaises nouvelles. La trahison de la CFDT et les coups dans le dos ont été mauvais pour le moral de certains. Après quatre semaines de grèves dure et déterminée, les grévistes d’Exxon ont ainsi suspendu le mouvement.

Le rôle d’éclaireur n’est pas le plus facile, mais les grévistes d’ExxonMobil, avec leur mouvement lancé le 20 septembre, ont montré aux raffineurs et à l’ensemble des travailleurs la voie à prendre pour les salaires, celle de la reconductible. Rien de mieux pour les remercier que de tenir bon , continuer la lutte et même de l’élargir pour arracher des acquis pour l’ensemble de notre classe tels que l’indexation des salaires sur l’inflation.

Il faut du renfort : la grève doit s’étendre à d’autres secteurs

Cette séquence montre avant tout une chose : le rapport de forces construit par les raffineurs a été le seul à même d’imposer un recul tactique inédit à Total sur les salaires. Malgré les fléchissements et les doutes, ce rapport de force se maintient et ouvre une nouvelle situation dans le pays où se pose concrètement la perspective d’une généralisation de la grève.

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Celle-ci impose ainsi une responsabilité particulière à certains secteurs du mouvement ouvrier. Alors que les raffineurs n’ont pas flanché face aux attaques, la balle est désormais dans le camp des secteurs stratégiques comme les cheminots qui doivent tout faire pour opérer la jonction.

Cela non pas pour passer le relais, mais pour généraliser la grève et redonner du moral aux raffineurs pour continuer le combat. C’est cette responsabilité qui est posée par les raffineurs de Donges qui ont reconduit la grève jusqu’à mercredi matin. Un gréviste expliquait dans les colonnes de Révolution Permanente : « d’autres corps de métiers ont décidé de partir en grève, donc le but c’est de continuer pour eux, et maintenir la pression jusqu’à mardi pour faire converger les luttes. Jusqu’à mardi, on ne chargera aucun camion ! Si ça prend, on reposera la question de l’arrêt complet de la production ». Un appel des raffineurs de Donges à passer à la lutte à un autre niveau : celle de la généralisation de la grève.

Pour la jonction le 18 octobre : construire des AG interprofessionnelles

Pour concrétiser cette perspective d’élargissement, il est nécessaire de la structurer à la base, au travers notamment d’Assemblées Générales interprofessionnelles.

En 2010, pendant le mouvement d’opposition à la réforme des retraites de Sarkozy, les assemblées générales interprofessionnelles (interpros) avaient été l’expression d’une importante minorité de salariés en luttes, quelques dizaines de milliers de travailleurs, souhaitant dépasser la stratégie de pression mise en œuvre par les directions syndicales de l’époque. Ces interpros permettaient d’organiser à la base des militants et salariés, étudiants, lycéens, encartés ou non, et agissaient comme moteur d’extension de la grève à travers l’organisation de « grève marchantes », afin d’entraîner d’autres boites dans la bagarre ou soutenir les grévistes déjà en mouvement.

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C’est en cherchant à œuvrer à construire ces Assemblées Générales Interprofessionnelles, en s’appuyant notamment les secteurs qui d’ores et déjà comptent partir en reconductible, comme les cheminots du Landy « inspirés » par les raffineurs qui ont voté la grève reconductible à partir de lundi, ainsi que les travailleurs des centrales nucléaires qui sont déjà en grève, qu’il sera possible de poser concrètement la perspective de la jonction le 18 octobre.

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