11 juillet 2019
A l’occasion du 14 juillet, le groupe punk la Horde m’a demandé de revisiter la Marseillaise. J’ai dit “oui”, parce que “j’ai fantaisie de mettre dans ma vie un petit brin de fantaisie”.
< Expéditeur : La Horde
Objet : Proposition de featuring.
Cher François,
Guitariste-fondateur de « LA HORDE » – groupe engagé de la scène punk des années 80s-, je te propose de chanter avec nous une version revisitée de « LA MARSEILLAISE ». >
Voilà le drôle de courriel qu’on a reçu dans notre boîte « député ».
J’ai vite dit oui. Pourquoi ?
D’abord, parce que, comme dit Bobby Lapointe, « j’ai fantaisie de mettre dans ma vie un petit brin de fantaisie ». On s’ennuie assez à l’Assemblée, faut bien compenser avec des originalités.
Ensuite, faire chanteur, être Brel rien qu’une heure durant, j’en ai rêvé gamin (alors que politicien jamais…). Mais ma prof de musique m’a toujours mis 0 en chant (ensuite, mes parents sont allés la voir, l’ont assurée que je ne chantais pas aussi mal pour me moquer d’elle, et elle m’a mis 1 pour ma « bonne volonté »). Ma carrière lyrique partait de traviole.
Aussi, la Marseillaise même en reggae ça ne m’a jamais fait dégueuler. En revanche, y a des phrases qu’on prononce, que mes enfants apprennent, « l’étendard sanglant est levé », et qu’on ne pige plus bien. Ca m’amusait de lui donner un coup de frais.
En plus, le 14 juillet approche, et j’ai noté un truc, comme élu : ce jour férié est vidé de tout son contenu révolutionnaire. La Bastille et 1789 ne sont pas évoqués lors des cérémonies officielles. Sans doute parce que ce spectre fait encore trembler les bourgeois… Alors, y remettre un parfum de révolution en chanson.
Aussi, La Horde, avant moi, avait fait des « featurings » avec Gainsbourg et le professeur Choron. Ca ne me mettait pas dans une mauvaise filiation.
Enfin du enfin, ça a beau être des grands costauds à blouson de cuir, qu’ils sont gentils, les gars de La Horde ! Des crèmes. Et c’est une petite aventure musicale qui m’a apporté le sourire. J’espère que ça le fera à d’autres.
Les paroles
Allons enfants de mon pays
Le jour d’espoir est arrivé
Contre nous de la tyrannie
Tout un peuple doit se lever.
Entendez-vous à l’Assemblée,
Ces ministres, ces députés,
Qui viennent partout nous répéter
Il faut qu’on libère la croissance,
Pas de croissance sans confiance,
La confiance dans la concurrence,
La concurrence notre seule chance
Il faut affronter le marché
Le grand marché mondialisé
Et ça réclame des sacrifices
On n’peut plus vivre comme jadis
Faut accepter faut s’adapter
Dans les retraites il faut tailler
Et la santé doit rapporter
Les autoroutes qu’il faut brader
Allons enfants de mon pays
Le jour d’espoir est arrivé
Contre nous de la tyrannie
Tout un peuple doit se lever.
Les voyez-vous à la télé,
Ces milliardaires, ces PDG,
Tout juste bons à radoter :
Travailler plus pour gagner plus
Consommer plus et produire plus
Il faut bien vendre pour acheter
Et exporter pour importer
Même si bien sûr l’environn’ment
L’environn’ment c’est important
On jure à Davos tous les ans
Que le réchauff’ment climatique
Que la mer pleine de plastique
Ca nous inquiète fortement
Ca nous angoisse pour nos enfants
Et c’est promis pour deux mille trente
Ou bien alors deux mille cinquante
On va enl’ver de nos patates
Dix-sept pour cents de glyphosate,
Monsanto sera très fâché
Mais nous on va leur résister
Résistance !
Résistance !
Allons enfants de mon pays
Le jour d’espoir est arrivé
Contre nous de la tyrannie
Tout un peuple doit se lever.
Qu’on obéisse à nos bons maîtres,
Et la planète fait place nette,
Plus d’hirondelles, plus de moineaux,
Plus de sauterelles, et plus d’oiseaux.
Ils nous envoient droit dans le mur,
Qu’éclabouss’ra notre sang impur.
Alors, y a plus le choix les copains,
Aux âmes, aux âmes, les citoyens !
Et les copines, les citoyennes,
Les mi-toyens, les mi-toyennes,
Marchons, marchons vers leurs palais,
Oui mais même pas pour les chasser,
Qu’on les enferme à double tour,
Et que la vie reprenne son cours,
Et que surtout entre nos mains
On reprenne notre destin,
L’air qu’on respire, l’eau que l’on boit,
Les paysages que l’on voit,
Les mots qu’on dit, démocratie,
Et pas seulement pour faire joli.
Allons enfants de mon pays
Le jour d’espoir est arrivé
Contre nous de la tyrannie
Tout un peuple doit se lever.
https://francoisruffin.fr/ma-marseillaise/
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