Libération a propos du Covid 19 en France

Le vrai du faux de ce message viral sur la chloroquine, Raoult et Buzyn

Par Pauline Moullot , Fabien Leboucq et Anaïs Condomines
28 mars 2020

Un message a été partagé des centaines de milliers de fois sur les réseaux sociaux, dénonçant un «possible scandale d’Etat» sur la chloroquine.

Question posée par Brouazin le 25/03/2020

Bonjour,

Vous nous renvoyez vers un texte, partagé des centaines de milliers de fois sur Facebook et circulant aussi par WhatsApp et mail, faisant un lien entre la prudence du gouvernement vis-à-vis de la chloroquine et un possible «scandale d’Etat». Vous avez été très nombreux à nous interroger sur ce texte.

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Il comporte 20 affirmations et annonce : «Si tous ces faits sont confirmés, nous allons vers l’un des plus grands scandales d’Etat que la France ait connu.» Comme souvent, il s’agit d’un mélange d’informations vraies, tronquées ou déformées. L’ensemble, très long, est fait pour donner une impression de «scandale», mais il s’agit en réalité d’une accumulation de faits qui n’ont pas forcément de liens entre eux. CheckNews les passe en revue un par un:

«Le mari d’Agnès Buzyn, monsieur Levy, participe à l’inauguration du laboratoire P4 à Wuhan d’où le virus est sorti»

CheckNews: L’existence d’un laboratoire P4 dans la ville d’où est partie l’épidémie a été brandie par de nombreux complotistes comme une preuve que le virus avait été inventé par l’homme. Or, l’existence d’un tel laboratoire (de très haute sécurité) veut simplement dire que des recherches sont menées sur plusieurs maladies, dont Ebola. A propos de la participation d’Yves Lévy, le mari d’Agnès Buzyn, lors de l’inauguration du laboratoire, CheckNews expliquait la semaine dernière que la France était bien représentée ce jour-là. En témoigne le discours du Premier ministre de l’époque, Bernard Cazeneuve, prononcé à la «cérémonie d’accréditation du laboratoire de haute sécurité biologique P4» Wuhan, le 23 février 2017, et qui n’a absolument rien de confidentiel puisqu’on le trouve sur le site du gouvernement. Le socialiste salue effectivement en introduction la présence d’Yves Lévy.

«Avant cela, le même mari d’Agnès Buzyn s’est fâché avec Didier Raoult, en refusant les labels de l’Inserm au centre de recherche mondialement réputé (IHU) dirigé par le professeur Didier Raoult»

CheckNews: Depuis des années, Didier Raoult et Yves Lévy s’opposent sur le statut des IHU, ces instituts hospitalo-universitaires créés en 2010 et associant universités, CHU et laboratoires publics et privés pour être des lieux «d’excellence scientifique». Comme le rappelait Marianne en 2017, Yves Lévy (patron de l’Inserm de 2014 à 2018) est opposé au statut de «fondation» des IHU qui leur permet de prendre des décisions rapidement, uniquement en consultant leur conseil d’administration et non les institutions partenaires, dont l’Inserm fait souvent partie. En 2017, la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, et son homologue à la recherche, Frédérique Vidal, annoncent que les nouveaux IHU ne pourront pas avoir le statut de fondation, comme le souhaitait Yves Lévy. Une décision entachée de soupçon de conflits d’intérêts, comme le rapportait le Monde à l’époque. Didier Raoult est en première ligne contre cette décision.

En janvier 2018, l’Inserm retire en effet son «label» (qui signifie que l’institution labellisée est sous tutelle de l’Inserm, et bénéficie de dotations de fonctionnement) à l’IHU Infection Méditerranée. L’Institut explique s’être basé sur des avis donnés par des commissions scientifiques, qui ont émis «un avis réservé». Par ailleurs, le Conseil scientifique avait «relevé des défaillances managériales ne permettant pas d’assurer de bonnes conditions de travail aux équipes». En effet, fin 2017, un directeur de recherches de l’Institut a été accusé d’agression et harcèlement sexuel et Didier Raoult accusé de ne pas avoir saisi sa hiérarchie.

Enfin, l’Inserm précise à CheckNews que leur décision s’est également appuyée «sur le faible nombre de chercheurs Inserm présents dans ces projets». En octobre 2018, l’Inserm a aussi décidé de ne plus faire partie des membres fondateurs de l’IHU Méditerranée.

«Le professeur Didier Raoult montre que le classique médicament de la chloroquine soigne 90% des cas de coronavirus s’ils sont dépistés assez tôt, il s’oppose au confinement généralisé des porteurs sains qu’il juge digne du Moyen-Âge. Il prône un dépistage généralisé, et un traitement rapide avec la chloroquine, et avec confinement des seuls malades»

CheckNews: Les positions de Didier Raoult sur la stratégie à mettre en place, que ce soit sur le confinement ou le nombre de tests, vont à l’encontre de la politique menée par la France. Mais, à notre connaissance, il n’a ni dit ni écrit, et surtout pas prouvé, que la chloroquine soignait 90% des malades du Covid-19 si elle était administrée tôt. La conclusion de son essai clinique, très contesté, est la suivante : «Après 6 jours, 70% des patients traités à l’hydroxychloroquine [14 personnes sur 20, ndlr] n’avaient plus de charge virale dans leurs prélèvements rhino-pharyngés.» Dans une lecture critique de ces résultats, France Culture fait remarquer : «qui dit absence de charge virale dans les sécrétions nasales à l’issue de l’étude ne dit pas guérison de la maladie. Le virus peut rester présent dans les poumons.» Dans ses récentes recommandations, le HCSP rappelait par ailleurs «les très fortes réserves sur l’utilisation de l‘hydroxychloroquine, liées au très faible niveau de preuve» actuellement disponibles. Une position partagée par l’OMS.

«La chloroquine coûte 10 centimes le comprimé; il est sûr que les laboratoires qui financent l’Inserm cherchent des solutions bien plus coûteuses»

CheckNews: L’hydroxychloroquine est exclusivement commercialisée en France par Sanofi, sous la forme de plaquenil. Les 30 comprimés coûtent 5 euros, d’après la base de données publique des médicaments. Les deux autres médicaments actuellement sur le banc d’essai, dans le cadre de l’essai clinique européen Discovery, pour évaluer leur efficacité contre le Covid-19 sont l’association du lopinavir et du ritonavir, d’une part, et le remdesivir d’autre part. Ce dernier est un médicament expérimental (laboratoire Gilead) non-commercialisé en France. Le lopinavir-ritonavir, utilisé contre le VIH est un médicament commercialisé sous la forme de kaletra (laboratoire Abbvie). Les 120 comprimés coûtent 434 euros (ou 186 euros sous la forme générique).

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Quant au financement de l’Inserm par les laboratoires, rappelons que l’industrie pharmaceutique représente 7% seulement des ressources de l’Inserm, selon son site internet (la première source de financement étant l’Union européenne). Si CheckNews a déjà eu l’occasion de préciser que de nombreux médecins recevaient de l’argent des laboratoires, il en va au demeurant de même pour l’Institut hospitalo-universitaire de Didier Raoult – qui a par exemple, d’après la base de données Transparence santé, reçu en 50 000 euros de Sanofi en 2015.

«En octobre 2019, il faut savoir que monsieur Lévy, président de l’Inserm et mari de la ministre, a révoqué le statut de “fondation” des IHU, pour reprendre le contrôle sur leurs recherches – le Professeur Raoult dirige l’IHU de Marseille, et est visé directement par cette directive»

CheckNews: Cette affirmation fait écho à l’une des affirmations précédentes, sur une dispute entre Yves Lévy, directeur de l’Inserm et mari d’Agnès Buzyn, et Didier Raoult. Ce dernier était en première ligne contre la décision de retirer le statut de «fondation» aux IHU, comme vous pouvez le lire ci-dessus.

«Le 13 janvier 2020, alors que l’épidémie se répand en Chine, Agnès Buzyn classe la chloroquine (le fameux remède) dans les substances vénéneuses (disponibles seulement sur ordonnance), alors que cela fait 50 ans qu’elle est en vente libre»

CheckNews: En fait, c’est l’hydroxychloroquine qui a été placée sur la liste II des substances vénéneuses par un arrêté de janvier 2020, quand Agnès Buzyn était ministre de la Santé, vous expliquait récemment CheckNews. Mais ce n’est pas elle qui a initié ce processus : cette inscription est l’aboutissement d’une demande de 2018 du laboratoire Sanofi (qui commercialise l’hydroxychloroquine sous la forme de plaquenil). Et c’est l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) qui a invité le ministère à procéder à cette inscription.

«Il y a quelques semaines, Agnès Buzyn a dit avoir su que ce serait une hécatombe, et qu’il n’y avait pas de remède»

CheckNews: Au lendemain du premier tour des élections municipales, Agnès Buzyn s’épanche dans le Monde sur la gestion de cette crise. Elle fait part de ses regrets: «Depuis le début je ne pensais qu’à une seule chose : au coronavirus. On aurait dû tout arrêter, c’était une mascarade. La dernière semaine a été un cauchemar. J’avais peur à chaque meeting. J’ai vécu cette campagne de manière dissociée.»

Et explique qu’elle avait des doutes sur ce qui allait se profiler. «Je pense que j’ai vu la première ce qui se passait en Chine : le 20 décembre, un blog anglophone détaillait des pneumopathies étranges. J’ai alerté le directeur général de la santé. Le 11 janvier, j’ai envoyé un message au président sur la situation. Le 30 janvier, j’ai averti Edouard Philippe que les élections ne pourraient sans doute pas se tenir. Je rongeais mon frein.»

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Mais à aucun moment la candidate déçue ne parle «d’hécatombe». Le terme vient en fait d’un billet publié par l’avocat Régis de Castelnau sur Marianne, qui revient sur les propos de l’ex-ministre: «On peut déduire de ses propos le caractère criminel du comportement des décideurs publics dont c’était la responsabilité de prendre toutes les mesures permettant d’affronter la catastrophe et d’éviter une hécatombe».

Quant aux remèdes, il a été expliqué à plusieurs reprises qu’il n’existe pas encore de traitement contre le Covid-19. Plusieurs pistes sont étudiées, dont celle de l’hydroxychloroquine, mais son efficacité pour guérir du nouveau coronavirus n’a pas encore été pleinement démontrée.

«Le gouvernement de Macron fait un confinement généralisé de la population, il ne parle pas de la chloroquine»

CheckNews: Cette affirmation est directement contredite par ce qui sera indiqué quelques paragraphes plus loin, puisqu’il est écrit plus bas dans ce texte viral qu’un «test à grande échelle» a finalement été lancé. L’hydroxychloroquine a en effet été intégrée dans l’essai clinique européen Discovery. Par ailleurs, dès le 9 mars, la molécule était évoquée dans les recommandations d’experts sur la prise en charge des patients atteints de Covid-19. On pouvait ainsi lire : «Plus de 10 essais cliniques ont été ou sont en cours pour cette molécule antipaludique. Les effets secondaires sont déjà bien connus. Il n’existe à ce jour aucun consensus pour une large utilisation dans l’infection à Sars-CoV 2.»

Le gouvernement a annoncé le confinement de la population le 16 mars. La politique de la France en la matière ne fait pas figure d’exception puisque en Europe, 12 pays ont mis en place des mesures similaires (y compris le Royaume-Uni). Dans le monde, la Chine, l’Inde ou encore l’Afrique du Sud ont instauré un confinement de la population.

«Il affirme que les policiers ne doivent pas porter de masques (ils ont été volés pour la plupart, et il n’y en a même pas pour les soignants)»

CheckNews: Le ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner, a assuré que les policiers «ne sont pas à risque», expliquant qu’ils ne devaient pas porter un masque de façon continue. Néanmoins, il est faux d’affirmer qu’il est interdit aux policiers de se protéger. En réalité, plusieurs fiches réflexes ont été partagées aux unités : elles recommandent aux forces de l’ordre de s’adapter à la situation (contrôle en milieu ouvert ou confiné) et d’estimer si la personne contrôlée présente des symptômes. Ces consignes sont jugées strictes et peu applicables par les syndicats, qui s’estiment trop peu protégés. Des critiques qui s’inscrivent dans un contexte global de manque de masques : la police nationale, dans ses recommandations aux équipes, reconnaît elle-même que les «stocks sont limités».

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«Il refuse le dépistage de masse, pourtant pratiqué allègrement en Corée et en Allemagne, avec succès»

CheckNews: En France, la position au début de l’épidémie a effectivement consisté en un dépistage de cas graves uniquement, puis des professionnels de santé et des personnes fragiles. Le 21 mars, changement de cap annoncé par Olivier Véran : le pays s’oriente désormais vers une politique de dépistage massif, «au moment de lever le confinement».

Une pratique – qui suscite des débats – qui est, cela est vrai, bien différente de ce qui est mis en place en Corée du Sud, gros foyer de l’épidémie, avec une capacité de 60 000 tests par jour et moins de 100 morts à déplorer. A noter que la Corée a en parallèle mis en place un contrôle strict de la population. «La méthode, discutable en termes de protection de la vie privée, est implacable : les déplacements des malades avant qu’ils ne soient testés positifs sont reconstitués au travers des images de vidéosurveillance, de l’utilisation de leur carte bancaire ou du bornage de leur téléphone portable, puis rendus publics. Des SMS sont même envoyés aux gens quand un nouveau cas est détecté près de chez eux ou de leur travail», rapporte France Culture.

En Allemagne, les tests sont nombreux là aussi, d’après les autorités. Jeudi, Christian Drosten, directeur de l’institut de virologie de l’hôpital de la Charité à Berlin a déclaré: «La raison pour laquelle il y a si peu de décès en Allemagne en ce moment par rapport au nombre de personnes infectées peut s’expliquer en grande partie par le fait que nous faisons beaucoup de diagnostics en laboratoire. Les estimations qui nous parviennent ces derniers jours suggèrent que nous effectuons déjà un demi-million de tests PCR chaque semaine en Allemagne, répartis sur l’ensemble du pays.» En France,  Emmanuel Macron a annoncé viser 29 000 tests par jour.

«Il refuse de fermer les frontières avec les pays contaminés»

CheckNews: Au premier jour de confinement de la France, le 17 mars, l’Union européenne a annoncé la fermeture des frontières des Vingt-Sept. La décision concerne aussi le Royaume-Uni et les quatre pays non-membres de l’UE qui ont adhéré à l’espace Schengen: la Suisse, l’Islande, le Liechtenstein et la Norvège. Seules les frontières intra-européennes de la France sont donc ouvertes. Plusieurs pays, comme l’Espagne ou la Hongrie, ont fermé leurs frontières terrestres, et d’autres ont instauré des contrôles. C’est le cas par exemple de l’Allemagne, qui contrôle notamment ses frontières avec la France, qui en fait de même. Comme la France, l’Italie n’a pas fermé ses frontières. Mais les mouvements de la population dans ces deux pays sont déjà restreints puisque la population est confinée. Par ailleurs, ces mesures sont jugées peu efficaces par les experts. Le gouvernement a suivi l’avis du conseil scientifique qui, le 12 mars, se prononçait contre la fermeture des frontières.

«Le journal le Monde et l’Agence d’Etat de la santé qualifient les recherches du professeur Raoult de Fake News, avant de se rétracter»

CheckNews: Dans une mise au point, le journal Le Monde indique n’avoir jamais qualifié de «fake news» les travaux du professeur Didier Raoult. Le quiproquo remonte au 16 février dernier. Le Monde a qualifié de «trompeur» le titre d’une vidéo du professeur : «Coronavirus : fin de partie», dans le cadre de leur accord de fact-checking avec Facebook (CheckNews a un contrat similaire avec le réseau social). «L’article que nous avons écrit relatait les recherches de M. Raoult (qui estimait alors “que le coronavirus était l’infection la plus facile à traiter”), tout en enjoignant à nos lecteurs d’avoir “une lecture prudente de cette annonce”», précise le quotidien. Le titre de la vidéo a été remplacé, et «cette rectification» a amené le Monde à retirer son avertissement.

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Quant au ministère de la Santé, il a twitté le 26 février une pastille siglée «désinfox». Pour autant, les explications qui suivent ne qualifient pas les recherches du professeur Raoult de «fake news». Elles expliquent qu’«aucune étude rigoureuse, publiée dans une revue internationale à comité de lecture indépendant, ne démontre l’efficacité de la chloroquine (nivaquine) pour lutter contre l’infection au Coronavirus chez l’être humain». A l’époque où le ministère relaie cette information, seule une équipe chinoise avait travaillé sur ces essais, in vitro. CheckNews revenait sur le sujet dans cet article. Depuis, l’hydroxychloroquine a été l’objet d’une étude à Marseille par l’équipe du professeur Raoult et a surtout été incluse parmi les pistes de traitement à étudier dans l’essai clinique européen Discovery.

«Le professeur François Perrone a révélé il y a quelques jours sur LCI que le stock de chloroquine de la pharmacie centrale française, a été pillé»

CheckNews: Les propos du professeur Perrone ont fait l’objet d’une mécompréhension. Il a même reconnu une maladresse auprès de CheckNews: les stocks n’ont pas été volés, mais il y a eu de fortes commandes des pharmacies des hôpitaux de l’APHP, menant la pharmacie centrale à indiquer que le stock devait être «géré en pénurie». Résultat, pour éviter la pénurie, l’AP-HP a mis en place de nouvelles règles de distribution.

«Ailleurs dans le monde, la semaine dernière, grâce à un tweet d’Elon Musk, en 48 heures, Donald Trump met à disposition de tous les Américains la chloroquine»

CheckNews: Le PDG et fondateur de Tesla a tweeté dès le 16 mars des données issues d’une étude chinoise sur la chloroquine. Trump, de son côté, a largement vanté les bienfaits de la chloroquine dans une conférence de presse. Sans évoquer le tweet d’Elon Musk, d’une part. Et en contredisant ses propres experts, qui appellent à la prudence, d’autre part. Surtout, il n’a pas mis la chloroquine à disposition de tous les Américains. Ses déclarations ont même créé un risque de pénurie, trop d’Américains se faisant prescrire de l’hydroxychloroquine. Des patients l’utilisant pour soigner d’autres maladies, et sans traitement alternatifs, s’inquiètent de ce risque de pénurie.

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«Le Maroc achète les stocks de chloroquine de Sanofi à Casablanca»

CheckNews: Le royaume du Maroc a réquisitionné auprès de la filiale du groupe Sanofi les médicaments à base de chloroquine (Nivaquine et Plaquenil). Par ailleurs, une circulaire du ministère de la Santé au Maroc, appelle les centres hospitaliers à «l’introduction de la chloroquine et de l’hydroxychloroquine dans la prise en charge thérapeutique des cas confirmés de Covid-19».

«Le Pakistan va accroître sa production de la chloroquine à destination de la Chine»

CheckNews: Nos confrères de l’AFP Factuel ont vérifié cette information, selon laquelle «le Pakistan a envoyé vers la Chine 300 000 comprimés reconnus efficaces contre le Coronavirus». Un porte-parole du groupe Bayer a confirmé que le groupe avait «bien fourni 300 000 comprimés du médicament Resochin [à base de phosphate de chloroquine, ndlr] depuis le Pakistan vers la Chine début février 2020». Cet envoi gratuit a été effectué «à la demande des autorités sanitaires de la province du Guangdong, qui a testé avec succès la substance active dans des études pour déterminer sa pertinence dans la lutte contre le virus». A noter que, comme nous l’expliquions dans cet article, les essais menés à Guangdong n’ont pas été mis en perspective avec le cas de patients qui auraient bénéficié d’un autre traitement, ou qui n’auraient pas été traités. Cette stratégie du recours à la chloroquine n’est donc, à l’heure actuelle, pas fondée sur des données solides qui confirmeraient son efficacité contre le Covid-19.

Est-ce que ces envois vont pour autant être intensifiés? Pour l’instant, les sollicitations de Bayer par CheckNews sont demeurées sans réponse.

«La Suisse exclut elle aussi le confinement généralisé de la population, pratique un large dépistage et traitement rapide, et accuse la France de faire de la politique spectacle»

CheckNews: En Suisse, les consignes de confinement sont légèrement moins strictes qu’en France. Par exemple, ce sont les rassemblements de plus de cinq personnes qui sont interdits, et les sorties individuelles sont autorisées sans justification. Simple consigne : respecter la distanciation sociale. Mais le 20 mars, le ministre de la Santé suisse a estimé que la situation dans les deux pays était similaire, à la différence près qu’il estime que ses voisins européens font surtout des effets d’annonce : «Ce que nous faisons aujourd’hui est en fait très proche de ce que font les pays autour de nous. Mais ce qui est essentiel dans ces mesures c’est l’adhésion de la population. […] Nous sommes dans une situation extrêmement proche mais la différence peut-être, c’est que nous ne faisons pas de politique spectacle.»

«La société Teva en Israël annonce qu’elle va livrer gratuitement plus de 10 millions de doses de chloroquine aux USA»

CheckNews: L’annonce a été faite la semaine dernière par le laboratoire pharmaceutique. Dans un communiqué, Teva explique: «Nous nous engageons à fournir autant de doses que possible puisque la demande pour ce traitement s’accélère.» L’AFP a rapporté l’information. Ce qui ne change rien à l’état de la connaissance scientifique sur l’efficacité du médicament.

«Estrosi, soigné lui-même à la chloroquine, sans réponse du gouvernement, a appelé directement Sanofi pour qu’ils livrent la chloroquine aux hôpitaux de Nice»

CheckNews: Le maire de Nice a effectivement déclaré dans une interview à Nice Matin être traité avec la chloroquine – en fait, l’hydroxychloroquine. Il y assure aussi avoir appelé le laboratoire Sanofi pour que le CHU de la ville soit approvisionné en plaquenil, avant de se féliciter dans un tweet que le CHU de Nice soit «validé et approvisionné pour mettre en place le protocole du docteur Raoult.»

Par communiqué, l’établissement de santé a précisé qu’il prenait en fait part à l’étude européenne Discovery, qui doit permettre d’évaluer l’efficacité de plusieurs médicaments (dont l’hydroxychloroquine) contre le Covid-19. A noter qu’au-delà du seul cas niçois, le laboratoire Sanofi a annoncé la mise en place d’un «système de dépannage» si le plaquenil venait à manquer pour des personnes bénéficiant habituellement de ce traitement (personnes souffrant de lupus et de polyarthrite rhumatoïde, notamment).

«Sous le lobbying intensif du professeur Raoult, un test à grande échelle de la chloroquine a commencé finalement en France, sous la direction de l’Inserm (!), qui veut “refaire les expérimentations dans d’autres centres médicaux indépendants” : ce qui prendra six semaines de plus… Presque aucun média n’en parle»

CheckNews: Tous les médias ne parlent en fait «que» de ça. L’essai européen Discovery, lancé dans plusieurs pays, va permettre d’observer l’efficacité de différents traitements sur le Covid-19. Plus de 3 000 patients sont concernés. Dans un premier temps, le protocole a été lancé pour tester l’efficacité du remdesivir (médicament expérimental conçu pour lutter contre Ebola), du lopinavir-ritonavir (un anti VIH) et du lopinavir-ritonavir associé à de l’interféron bêta. Sur le tard, un bras a été ajouté à l’essai, pour tester l’efficacité de l’hydroxychloroquine.

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L’essai est bien coordonné par l’Inserm qui précise sur son site : «Cinq hôpitaux français participeront au départ (Paris – hôpital Bichat-AP-HP, Lille, Nantes, Strasbourg, Lyon) puis nous ouvrirons d’autres centres pour arriver au moins à une vingtaine d’établissements participants». Ce type de protocole peut habituellement prendre plusieurs mois, mais la direction générale de la Santé assurait récemment à CheckNews que «tout le monde est sur le pont pour faire au plus vite».

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Affirmation à vérifier

La chloroquine serait un possible «scandale d’Etat», selon une publication virale

Conclusion

Plusieurs affirmations de ce texte sont fausses ou hors-contexte

Pauline Moullot , Fabien Leboucq , Anaïs Condomines