L’hystérie Zemmour fait des ravages en France. De quoi s’agit-il ?

Par Danielle RIVA
3 octobre 2021

La France a connu ces 3 dernières années des manifestations qui ont vu des milliers de Français descendre dans la rue.

Tout d’abord contre le projet de réforme libérale des retraites (pour un calcul à point identique pour tous, système semblable à celui des caisses complémentaires, dont la valeur du point ne serait pas définie à l’avance mais selon des critères indéterminés dans le projet présenté) qui a été reporté.

Puis le mouvement des Gilets jaunes qui avaient des revendications catégorielles, mais surtout des projets de transformation de la vie politique, un projet Constituant pour une participation plus grande des Français à la vie politique, réprimé avec violence, près de 200 manifestants mutilés et plus de 3000 blessés. La haine contre Macron était à son apogée.

Ensuite, la pandémie de la Covid 19 s’est peu à peu imposée partout dans le monde et bien sûr en France. Elle a révélé en France, tout comme ailleurs, l’impréparation des gouvernements à sécuriser leurs populations face à une telle menace. Les premiers mois ont été cafouilleux jusqu’à apparaisse une solution : la vaccination.

Alors là, s’est ouvert un nouveau temps de mobilisation inattendu : le rejet du vaccin, de la médecine, de la « science » et donc de la politique qui voulait imposer le vaccin à tous. Les vaccins proposés étaient des vaccins d’une nouvelle génération utilisant l’ARN Messager réalisés en quelques mois. D’autre part, par la suite, de manière tout à fait là aussi surprenante, des soignants ont refusé ouvertement de se faire vacciner, comme l’oblige leur déontologie ! Au pays de Pasteur ! On peut mesurer dans quel état se trouve la France si une partie même infime de son corps médical rejette la vaccination.

Ce qui suscita une certaine méfiance dans une partie de la population. Des peurs ancestrales sont alors ressurgies, sur ce vaccin inconnu. Peurs rapidement manipulées par tout ce qu’il y a de moisi dans la société. Le « c’est mon choix » a aussi fait des ravages. Je décide pour mon corps. Certains allant jusqu’à accepter de perdre leur travail plutôt que de se faire vacciner !

Et la France a été à nouveau couverte de manifestations « antivax », puis « antipass » de plus en plus conduites par une extrême droite ravie de cette opportunité. Un calcul politique hasardeux pour la population qui rejetant le vaccin se mettait en danger d’être infectée. Mais qu’importe l’extrême droite avait retrouvé le « peuple ». !

Dimanche dernier, soit le dixième dimanche de manifestation, ils étaient encore plus de 50000 à battre le pavé des rues des villes ! (Plus de 300000 à la première manifestation).

Les « partis » de droite, comme de gauche, étaient médusés devant cette pandémie, ils étaient pour la vaccination mais n’osaient défendre ouvertement leur position car ils ne voulaient pas paraître soutenir Macron.

Mélenchon et l’extrême gauche ont joué un jeu plus trouble. Axant leur politique essentiellement sur la « convergence des luttes » ils ont tenté de se mettre à la tête de ces mouvements. « C’étaient des travailleurs et des citoyens qui manifestaient en se fourvoyant, il fallait les remettre dans le droit chemin des luttes contre le capital. » Un fiasco total car l’extrême droite était là, bien présente, avant eux.

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Donc nous avons une France lessivée par plusieurs années de libéralisme social qui détricote sans fin les droits sociaux obtenus par de grandes luttes du passé, une « caste » politique en partie corrompue. Le dernier exemple étant celui de Sarkozy condamné à 1 an de prison ferme dans des histoires de surfacturation pour sa campagne présidentielle.

Une France exacerbée par un jeune président sorti de rien, « ni droite ni gauche », mais au centre libéral qui a pulvérisé la droite comme la « gauche » et qui gouverne seul utilisant toutes les ficelles autoritaires de la 5ème république.

L’élection présidentielle approche, en avril 2022. Ce devrait être le moment pour « les politiques » y compris le Président, de reconsidérer ces 5 dernières années. Quel bilan social ? Quel bilan politique sur le plan interne comme sur la politique étrangère ? Quelle Europe après Merkel ? Qu’elle écologie ? etc.

Que se passe-t-il ? Très rapidement il y a eu un afflux de candidatures à droite comme à « gauche ». A droite ce sont des élus à la tête de régions, comme Xavier Bertrand ou Valérie Pécresse, des barons plus ou moins sortis des Républicains (LR) ou Michel Barnier LR, ex commissaire européen chargé du Brexit avec les Britanniques. De là à gérer un pays ! Sur quel programme ? On pouvait penser que la « gauche » avait commencé à réfléchir après quelques pseudo tentatives de réunion sans résultats. Que non ! Les candidatures là aussi affluent, Hidalgo Ps, maire de Paris des Bobos (bourgeois bohêmes), Montebourg ex Ps, l’homme de la réindustrialisation, Jean Luc Mélenchon la FI qui refuse toute alliance à « gauche », le Pc qui mène déjà la campagne de Roussel pour voir s’il fait plus de 2%, et les Verts qui se voient hégémoniques et que tout le monde courtise.

Ces derniers pensent qu’ils ont leur chance et viennent de se payer une primaire – à 5 candidats aux nuances vertes très variées, – arrachée, de justesse au second tour par Jadot (51,03%), un pâle centriste européiste, à Sandrine Rousseau, une « éco féministe » (48,97%) qui représente la nouvelle génération intersectionnalité, décolonisation, pour les droits LGTBTT, etc. Elle aurait « déconstruit son mari » mais elle tient compte des problèmes sociaux du pays.

Reste les candidatures de l’extrême droite populiste « de gouvernement » Marine Le Pen et Nicolas Dupont Aignan qui s’est fait remarquer à la tête des manifestation « antivax » et « antipass ».

Une campagne donc, pour des élections sans surprises qui devrait se terminer par un fort taux d’abstention et un deuxième tour Macron/Le Pen.

L’extrême gauche, intersectionnalité, décolonisation, etc., criait « au loup », au fascisme ! Le « loup » est peut-être sorti du bois en la personne d’un personnage complexe : Eric Zemmour.

Eric Zemmour « juif émancipé » comme il se présente, est un éditorialiste qui est passé d’une critique mordante des élites et faisant rêver certains Français aux grandes heures d’une certaine France magnifiée, à une campagne raciste pour démontrer son déclin : la « faute aux arabes » !

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Il ne cesse de mettre en avant la thèse du « grand remplacement » : « Le grand remplacement est une théorie complotiste d’extrême droite, raciste et xénophobe selon laquelle il existe un processus, délibéré, de substitution de la population française et européenne par une population non européenne, originaire en premier lieu d’Afrique noire et du Maghreb. » (Wikipédia), thèse popularisée par Renaud Camus, écrivain et militant politique qui est passé un temps par le PS et est devenu un identitaire raciste et antisémite. On peut se demander si la position de Zemmour aurait à voir avec sa propre origine ? Le signe d’une histoire coloniale mal digérée ?

Zemmour, en nouvel adepte, en fait trop. Il veut supprimer tous les prénoms à consonnance « arabe ». Il est résolument anti féministe et anti-avortement car la « médecine est là pour sauver des vies ! », un adepte de « laissez les vivre ». Il fait tout un prêchi-prêcha nauséabond. Entre-autre sur les bienfaits de Vichy et de Pétain envers les Juifs Français qui auraient été privilégiés par rapport aux juifs Etrangers. Oubliée le 3 octobre 1940, la promulgation par Vichy de la loi excluant les juifs de la fonction publique ! Exit les rafles de juifs du Vel d’hiv., en 1942 ! et les déportations massives y compris des enfants arrêtés par la police française du gouvernement de Vichy.

Zemmour plonge ses racines dans cette droite française qui chemine dans l’histoire depuis la Révolution française, se renforce au 19ème, culmine avec « l’affaire Dreyfus » et qui a été – à l’exception de certains petits groupes résistants – majoritairement « collaboratrice » avec l’occupant allemand pendant la deuxième guerre mondiale, et entretient la nostalgie de l’Algérie française. Bien qu’il ose se revendiquer aussi du général de Gaulle !

Zemmour savait pointer les défauts du pays mieux que quiconque d’autant qu’il était « sans politique partisane » (sic) et qu’il a une élocution brillante, comme le père Le Pen. Qui vient par ailleurs de déclarer « entre lui et ma fille, je choisis Zemmour s’il se présente » à la sortie d’un repas entre lui, Zemmour et la fille de Ribbentrop qui partage les idées de son papa, ministre d’Hitler (condamné à mort et exécuté lors du procès de Nuremberg).

Bref, Zemmour un homme qui n’a pas encore déposé sa candidature à la présidence, qui profite de la sortie d’un livre pour se payer une tournée de promotion en France, qui est le produit de certains médias télévisuels qui ne peuvent plus se passer d’un interview ou d’un débat avec Zemmour, la garantie d’une écoute redoublée ! Il répond à ces Français qui vivraient mal le « déclin » du pays. Son livre est un succès en librairie.

Jusque-là, c’était un phénomène médiatique comme il y en a eu plusieurs. Hélas ! Les instituts de sondage l’ont intégré dans leur analyse et Zemmour est passé de 3% à 13/15% d’intentions de vote pour le premier tour de la présidentielle en deux ou trois semaines !

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Il vient concurrencer Le Pen qui perd près de 10 points, à 16%. Il vise la partie radicale du RN (ex FN) un peu désabusée par la campagne pour « les libertés » de Marine Le Pen, et les LR dépités d’avoir vus sombrer le RPR de Chirac. Mais si l’on additionne les sondages actuels Zemmour/RN, l’extrême droite serait à 30% des intentions de vote ! (Sondages fin septembre).

La question est aujourd’hui : est-ce un ovni manipulé par les médias (et pourquoi ? Pour quel profit ?), ou va-t-il annoncer sa candidature ? Et alors le RN éclate; les LR s’ils ne se regroupent pas, aussi. Quant à la gauche et les Verts cela devrait peut-être leur donner le sens de l’urgence à se rassembler (tous ensemble ils pourraient atteindre les 24 %, sondages (sondages idem 3ème trim. 2021).

Qu’il soit candidat à la présidence, ou non, Zemmour aura démontré une fois de plus, à son tour, les fractures de la société française et le positionnement majoritairement à droite des Français devant l’évolution d’un monde qu’ils comprennent de moins en moins.

Pendant ce temps-là, alors que la pandémie montre une certaine accalmie, Macron réactive ses projets de « réformes ». Le 5 octobre le mouvement social reprend face à la « réforme » du chômage.

Actuellement jugé trop généreux, il favoriserait le refus de retrouver du travail. Alors Macron veut réduire les allocations chômage. Jusqu’à présent, l’allocation était calculée sur la base de la moyenne des salaires perçus les 12 derniers mois, divisée par le nombre de jours travaillés. Le gouvernement souhaite que l’allocation soit calculée sur les 24 derniers mois, et le revenu sera divisé par le nombre de jours total, y compris les jours non travaillés. Le fait d’avoir eu des périodes de chômage, un creux entre deux CDD par exemple, sera très pénalisant. Une « solution » très libérale. Un alignement aux normes européennes. 41% des allocataires de l’assurance-chômage vont perdre en moyenne 13% de leurs revenus dans l’année à venir. (Lexique et désintox capital, 1er Octobre 2021)

Macron a accéléré la déstructuration politique du pays car il en est le principal bénéficiaire. Il est en voie d’être élu, à 25% au premier tour, balayant de peu ses opposants divisés à l’absurde, face à 75% de la population qui l’aura rejeté.

La France est un pays malade de sa démocratie.

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