Les 3 et 4 mai 2017 se sont tenues les quatrièmes rencontres internationales d’Astana sur la Syrie entre les délégations syrienne, russe, iranienne, turque et celle de « l’opposition armée », cette dernière étant représentée par le groupe salafiste Jaysh al-Islam. Etaient également présents l’envoyé spécial des Nations Unies pour la Syrie, Staffan da Mistura, et pour la première fois les États-Unis, en la personne de Stuart Jones, Secrétaire d’Etat pour les affaires proche-orientales. Dans le même temps, Vladimir Poutine recevait Recep Tayyip Erdogan à sa résidence estivale de Botcharov Routcheï à Sotchi.
Mise en place de zones de désescalade
Un memorandum mettant en place quatre « zones de désescalade » fut signé par les trois pays garants des parties en conflit : la Russie et l’Iran pour la Syrie, la Turquie pour les « rebelles ». Ce mémorandum instaure un cessez-le-feu, poursuit l’évacuation des enclaves rebelles assiégées (notamment ceux de Damas), et permet le retour des réfugiés volontaires dans leur région d’origine. Il fut toutefois dénoncé par l’opposition elle-même, pourtant partie aux négociations, notamment en raison de la présence de l’Iran. Selon Le Monde, Yasser abd ar-Rahim, membre de la délégation rebelle, aurait interrompu la séance en invectivant violemment la délégation iranienne : « Les Iraniens tentent de se présenter et d’agir en tant que garants. C’est quelque chose que nous ne pouvons accepter. Depuis le premier jour, ils tuent des civils sur le terrain », avant de « spectaculairement claquer la porte des négociations devant les caméras. »
Outre le fait que Yasser abd ar-Rahim a été invité à évacuer la salle plus qu’il n’en a « claqué la porte », Le Monde oublie de rapporter que ce personnage est surtout connu pour être l’ancien commandant du groupe islamiste Fatah Halab (« Conquête d’Alep »), actif à Alep lors de l’offensive gouvernementale en 2016, et qui fit, en août de la même année : « le serment que la coalition des groupes armés se “vengerait” des Kurdes à Cheik Maqsoud [quartier d’Alep tenu par les Kurdes], précisant que ces derniers ne “trouveraient plus de place où enterrer leurs morts à Alep” », comme le rapporte les Nations Unies dans le Rapport de la Commission d’enquête internationale indépendante sur la République arabe syrienne de février 2017 (pp. 17-18). Déclarations hélas suivies d’effets envers les populations civiles, exactions considérées comme des crimes de guerre par l’ONU. La persistance occidentale à vouloir voir des rebelles modérés là où se déchainent des combattants islamistes ou salafistes ultra-radicaux, notamment au sein de la « veine » de Jaysh al-Islam, est une cécité volontaire très lourde de conséquences humaines.
Ce texte prévoit donc d’établir quatre zones de désescalade. Il s’agit des quatre enclaves rebelles dans l’ouest du pays : région d’Idlib au Nord de la Syrie, poche de Homs-nord, poche de Damas-est (ou Ghouta orientale), et enfin zone au sud de la Syrie, le long de la frontière syro-jordanienne et du Golan syrien occupé par Israël.
A noter que les zones tenues par les rebelles le long de la frontière syro-jordanienne et syro-irakienne (en bleu sur la carte), soutenus par les Etats-Unis, et récemment actifs dans ce secteur (nous y reviendrons), ne sont pas comprises dans cet accord que les Etats-Unis ont salué tout en exprimant naturellement des réserves à l’égard de son « patronage» par l’Iran. Enfin, les forces aériennes de la coalition internationale ont interdiction de pénétrer dans l’espace aérien de ces zones.
Situation militaire en Syrie au 11 mai 2017
Pour saisir les enjeux de cet accord, il convient d’effectuer un rapide tour d’horizon de la situation militaire en Syrie à ce jour (12/05/2017).
Les contres-offensives gouvernementales de mars-avril-mai 2017
A la veille de la signature du memorandum, les forces gouvernementales et pro-gouvernementales poursuivaient avec succès leur contre-offensive au nord de Hama, répondant à une offensive lancée le 21 mars dernier par le Hayat Tahrir al-Cham (HTS), alliance principalement constituée du Jabhat Fatah al-Cham (ex Jabhat al-Nosra, Al-Qaida en Syrie), Ahrar al-Cham, ainsi que de plusieurs autres groupes salafistes ou islamistes affiliés à l’Armée syrienne libre (ASL). C’est dans le cadre de cette contre-offensive que s’est inscrite l’attaque chimique de Khan Cheikhoun, le 4 avril dernier.
Parallèlement, une autre offensive était lancée le même jour depuis la Ghouta orientale, principalement dans le quartier de Jobar et la zone industrielle de Qaboun, menée par le Faylaq al-Rahman, HTS et Ahrar al-Cham. Cette offensive fut toutefois rapidement circonscrite par les forces gouvernementales, avant que ces dernières ne gagnent du terrain sur les rebelles.
Depuis, l’alliance entre les groupes rebelles de la Ghouta orientale a volé en éclats et de violentes confrontations ont eu lieu entre le Faylaq al-Rahman et les salafistes du Jaysh al-Islam (ceux-là même qui représentent la « rebellion » à Astana), entraînant de nombreuses pertes des deux côtés.
Progression pour la reprise de Raqqa par les Forces démocratiques syriennes
Comme nous l’évoquions en mars dernier, la reprise de Raqqa par la coalition arabo-kurde des Forces démocratiques syriennes (FDS) soutenues par les Etats-Unis s’est poursuivie par la reprise du « verrou stratégique » de Taqba à l’Etat Islamique (EI), mercredi 10 mai. Dans la nuit du 21 au 22 mars dernier – coïncidence ou calcul tactique victorieux permis par la « fixation » des forces syriennes pour répondre aux assauts rebelles à Hama et Damas -, des troupes des FDS et des forces spéciales américaines ont été héliportées 15 km à l’ouest de Taqba, depuis l’autre rive du Lac Assad. Celles-ci libérèrent plusieurs localités avant de reprendre l’aéroport au sud de Taqba et d’encercler la ville, tandis que les FDS sur l’autre rive de l’Euphrate encerclaient la ville par le nord.
C’est la première fois que la coalition arabo-kurde franchit l’Euphrate, signe que Washington compte désormais s’appuyer pleinement sur cette force. Le contrôle de Taqba est triplement stratégique pour les FDS et les Etats-Unis, car il permet de :
- couper la route ouest de Raqqa, accentuant la pression sur l’EI pour la reprise de la ville.
- tenir le barrage de Taqba, important pour le contrôle de l’eau dans le pays.
- bloquer la route reliant Alep à Raqqa aux forces gouvernementales syriennes qui pouvaient progresser depuis Alep.
Reste à savoir si les FDS vont désormais couper la route reliant Ithriya à Raqqa, au sud de cette dernière, encerclant complètement la ville et empêchant toute participation de Damas à cette opération, ce qui aurait évidemment d’importantes incidences politiques quant aux partage des zones d’influence qui se dessine et au rapport de force plus global américano-russe.
Fin de l’opération turque en Syrie
Le 29 mars dernier, Binali Yildrim, Premier ministre turc, annonçait la fin de l’intervention turque en Syrie (opération « Bouclier de l’Euphrate »). Nous étions revenus sur le fait qu’après la reprise d’al-Bab à l’EI par l’ASL pro-turque, la Turquie se retrouvait bloquée par les forces gouvernementales syriennes au sud, mais aussi, à l’ouest (Afrin) et à l’est (Manbij), par les FDS sous double et concurrente protection russe et américaine.
Au grand dam de R.T. Erdogan, la Turquie et l’ASL furent également exclues de la reprise de Raqqa par les Etats-Unis qui préférèrent s’appuyer sur les FDS arabo-kurdes, insupportable avanie aux yeux du président turc, puisqu’elles sont majoritairement composées des YPG kurdes, branche armée du PYD, organisation terroriste selon Ankara. Cela explique probablement les récentes frappes turques sur le territoire tenu par les FDS depuis deux semaines, et le rassemblement de troupes le long de la frontière turco-syrienne, menaçant d’une nouvelle intervention turque en Syrie, cette fois-ci dirigée directement contre les Kurdes. Tout comme ce fut le cas pour Manbij, qu’Erdogan menaça d’attaquer après la reprise d’al-Bab, les Etats-Unis déployèrent des patrouilles le long de la frontière syro-turque tenue par les FDS pour dissuader les velléités turques, tandis que Russes et forces gouvernementales se déployaient ostensiblement du côté d’Afrin.
Il s’agit une nouvelle fois pour Erdogan de faire pression sur ses alliés pour s’imposer à la table des négociations politiques. En forçant les YPG à se redéployer au nord pour anticiper la menace turque, les opérations pour la reprise de Raqqa ralentissent. Peine perdue puisque les Américains ont affirmé leur soutien au YPG en se rendant sur le lieu des frappes. Plus significatif encore, Jeff Davis, porte parole du Département de la Défense, a annoncé ce 9 mai que les Etats-Unis vont armer les FDS, « seule force capable de prendre Raqqa dans un futur proche » (lire l’article de Georges Malbrunot dans Le Figaro du 11 mai 2017), conformément à leur demande depuis des années. Washington prend toutefois la précaution de rappeler que ce soutien sera limité à « des mitraillettes, des armes légères, des munitions et des véhicules blindés ». Décidément sans aucun scrupule, R.T. Erdogan déclara que le combat contre l’EI « ne devait pas être mené en aidant une autre organisation terroriste ».
Il faut remarquer que la Russie, qui soutient aussi les YPG plus ou moins directement selon les circonstances, trouve son intérêt dans ces bombardements turcs. Comme nous l’avons dit, ceux-ci ralentissent les opérations kurdo-américaines dans l’est syrien, ce qui permettra, nous allons le voir, aux forces gouvernementales et pro-gouvernementales syriennes de progresser dans la course pour l’Est syrien. Mais l’effet pourrait surtout être politique. Ces bombardements poussent en effet les Kurdes à revenir dans le giron de Damas et à renoncer à leur désir d’une possible autonomie territoriale que la Turquie n’accepterait de toute façon jamais et qui pourrait raidir en conséquence la relation russo-turque importante aux yeux de Moscou à plus d’un titre. C’est la tactique que perçoit et dénonce Riza Altrun, membre du conseil exécutif du KCK, émanation politique kurde du PKK turc.
La course pour l’Est syrien, entre entente et concurrence russo-américaine
Maintenant que le front occidental contre les rebelles se trouve stabilisé grâce au memorandum, Damas peut redéployer ses forces sur le front oriental contre l’EI et se consacrer à la reprise d’une autre partie du territoire national .
Une carte publiée le 5 mai sur le compte Twitter de Syrian Generation montre quels pourraient être les prochains mouvements du gouvernement syrien. Les faits ont depuis démontré la justesse de ces prédictions.
L’enjeu prioritaire pour Damas est tout d’abord de consolider son flanc oriental, notamment la mince bande sous leur contrôle reliant Hama à Alep, ainsi que la route reliant Homs à Palmyre, sur laquelle se trouve la base aérienne T4 (stratégique pour le ravitaillement iranien). L’objectif principal serait à terme la reprise de la ville de Deir ez-Zoor.
Comme nous le rappelions dans notre billet de mars dernier, la reprise des villes de Raqqa et Deir ez-Zor, et plus largement de tout l’est syrien sous domination de l’Etat islamique, est l’enjeu actuel de l’entente russo-américaine en Syrie. Il s’agit à la fois d’une entente et d’une concurrence dans la mesure où Russes comme Américains entendent, via leurs « proxies » respectifs, avancer leurs pions qui vont déterminer le sort de la future Syrie mais aussi celui de l’équilibre des rapports de force au Moyen-Orient dans son ensemble, avec les incidences énergétiques, sécuritaires et économiques considérables. Cette entente-concurrence a été comparée avec justesse par Elijah J. Magnier pour le journal koweïtien Al Rai (“The US-Russia race in Syria: towards a military confrontation?” disponible en anglais sur son blog) avec la course pour Berlin en 1945 entre les Alliés et l’URSS, course qui allait délimiter les zones d’influence future une fois l’Allemagne nazie anéantie. C’est également la première fois depuis 1945 que des troupes russes et américaines affrontent le même ennemi au sol.
La course pour l’Est syrien entre les forces gouvernementales et pro-gouvernementales (soutenues par la Russie et l’Iran) et les FDS et groupes « rebelles » (soutenus par les Etats-Unis et la Coalition) est en réalité le véritable enjeu de ces accords de cessez-le feu. Ainsi, les zones urbaines de Raqqa et Deir ez-Zor, ainsi que les passages d’Al-Tanf et Al Boukamal (respectivement Al Walid et Al Qaim pour les Irakiens) – situés le long de la frontière syro-irakienne – sont les quatre points que vont se disputer toutes les forces en présences dans un futur proche.
Nous l’avons vu la reprise de Raqqa est en bonne voie par les FDS, malgré les bombardements turcs.
Concernant Deir ez Zor, la ville est contrôlée majoritairement par l’EI qui en a chassé le Front al-Nosra (ex Al-Qaida en Syrie) à l’été 2014, mais n’a pu reprendre deux zones restées aux forces gouvernementales et qui demeurent assiégées depuis, résistant grâce aux ravitaillements aériens en hommes et en matériels. Ces deux poches aux mains de Damas sont situées d’une part à l’ouest de la ville, autour d’une base de l’Armée syrienne, et d’autre part à l’est, autour de l’aéroport de la ville.
Ces derniers jours, Russes et Syriens concentrent leurs frappes sur la ville tenue par l’EI. La Garde républicaine syrienne a été déployée dans les zones assiégées, tandis que les Tiger Forces ont été redéployées depuis Hama et Alep vers l’ouest de Palmyre. Le déploiement de ces deux unités d’élites de l’armée syrienne indique qu’une large offensive pourrait être en préparation prochainement depuis Palmyre via la route « Homs – Deir ez-Zor » reliant les deux villes à travers le désert syrien. La ville pourrait donc retourner dans le giron de l’Etat Syrien, lui permettant de couper en deux le territoire encore sous contrôle de l’EI et de l’encercler au nord .
Lutte pour le contrôle de la frontière syro-irakienne et l’avenir de l’arc chiite
Mais, au delà de ces manoeuvres tactiques d’ampleur, le véritable enjeu de cette course à l’est est celui du contrôle des frontières syro-jordanienne et syro-irakienne, et à terme, celui de la continuité ou non du fameux « arc chiite ».
Au début de cet article nous mentionnons le fait qu’une importante zone rebelle au sud-est de la Syrie est exclue du mémorandum signé à Astana. Longeant la frontière syro-iakienne, cette zone est sous le contrôle de la seule frange de l’ASL qui soit à dominante séculière dans toute la Syrie. Les rebelles de cette zone sont soutenus par la Jordanie et les Etats-Unis. Le principal point stratégique est le passage d’Al-Tanf à la frontière syro-irakienne, une des trois routes officielles reliant la Syrie à l’Irak servant de base aux rebelles entraînés par les Etats-Unis. Les forces spéciales US n’avaient d’ailleurs pas hésité à apporter leur soutien au Jaysh Ossoud al-Charkiya pour contrer plusieurs offensives de l’EI visant à reprendre ce lieu. Une avancée significative a été faite fin-avril début-mai dans cette région par les rebelles.
Outre le fait de s’implanter dans le sud-est syrien en lieu et place de l’EI, l’objectif de cette avancée est de prendre le contrôle du passage d’Al Boukamal situé le long de l’Euphrate, au sud de Deir ez-Zor.
Ce regain d’activité expliquerait le renforcement de la présence militaire américaine en Jordanie. La branche média du Hezbollah présent en Syrie aurait géolocalisé, grâce à des drones, une base américaine utilisée par la Jordanie et les Etats-unis pour leurs opérations en Syrie, et constaté un renforcement significatif de leur nombre.
Ces deux points pour le contrôle de la frontière syro-irakienne pourraient être le lieu d’affrontements futurs entre les forces gouvernementales et pro-gouvernementales et les « rebelles », une confrontation par proxies interposés pour Moscou et Washington. Il faudra également compter avec l’EI qui, avec la perte prochaine de Raqqa et Mossoul, joue désormais sa survie territoriale. De nombreux renforts ont d’ailleurs été récemment observés le long de l’Euphrate entre Al Boukamal et Deir ez-Zor.
Selon Elijah J. Magnier (article cité), la récente activité « rebelle » sous supervision américaine dans le sud Syrien expliquerait également pourquoi Bagdad aurait également multiplié ses forts le long de la frontière irako-syrienne.
Toujours de même source, ce serait Faleh al-Fayad, Conseiller à la Sécurité nationale du gouvernement irakien, chef des Unités de mobilisation populaires, milices chiites irakiennes formées en 2014 pour combattre l’EI, qui aurait informé Damas et le Hezbollah des plans « suggérés » avec insistance par les Américains à Bagdad. C’est pourquoi la reprise rapide de Deir ez-Zor est un enjeu crucial pour l’avenir de la Syrie et de la région.
Au-delà de l’intégrité territoriale de la Syrie, c’est donc la continuité territoriale de « l’arc chiite » qui se joue actuellement. Si l’est syrien devait tomber aux mains des FDS et des groupuscules « rebelles » sunnites salafistes soutenus par les Américains, l’arc s’en trouverait brisé.
Conclusion
Les prochaines semaines vont être riches en rebondissements. Au-delà de certaines postures ou déclarations et en dépit de la persistance d’un courant idéologique radicalement opposé à toute amélioration de leur relation, Moscou et Washington font montre d’une volonté de s’entendre sur le terrain pour mettre un terme à cette guerre. C’est ce qu’atteste la visite de Sergueï Lavrov à Washington mercredi 10 mai, une première depuis 2013 pour le ministre russe des Affaires étrangères, au cours de laquelle ce dernier a pu s’entretenir avec son homologue Rex Tillerson et le président Donald Trump. Une telle rencontre montre bien que les frappes américaines du 7 avril dernier en Syrie n’ont pas constitué de rupture, s’agissant peut-être même d’un moyen pour le président américain de desserrer l’étreinte politique interne qui l’empêche toujours d’enclencher le reset voulu originellement dans la relation américano-russe. Ces frappes n’ont pas vraiment affecté le rapprochement tactique observé précédemment, même si la rivalité globale demeure évidemment vive ; rivalité dont les enjeux sont lourds et touchent l’équilibre des puissances et des influences sur un monde de plus en plus difficile à contrôler ou à inspirer.
Sur le théâtre syrien, ce sont néanmoins les puissances régionales qui risquent de faire déraper cette fragile entente. L’Iran voudra à coup sûr préserver cet « axe chiite », tandis que les monarchies du Golfe feront tout pour qu’il soit brisé. Si Israël peut trouver son compte dans les zones de désescalade dans au sud de la Syrie et le redéploiement du Hezbollah sur un autre front, elle voit aussi d’un bon oeil l’avancé des rebelles dans le sud-est syrien pour briser l’arc chiite et l’influence iranienne dans la région. Quant à la Turquie d’Erdogan, vexée que ses intérêts soient parfois négligés au plan militaire ou politique, elle pourrait exercer, ici ou là la capacité de nuisance ou de paralysie de certains mouvements militaires. C’est ce qu’atteste la récente création du First Corps dans la zone rebelle pro-turc au nord de la Syrie. Il s’agit d’une coalition rebelle en vue de combattre le YPG, PKK. Tout cela risque de retarder d’autant la maturation d’un consensus politique viable qui puisse augurer, pour le malheureux peuple syrien, la fin d’un trop long martyr.