8 Décembre 2018
1/ Hélène
Je mets mon gilet jaune le week-end, pour rejoindre les autres au rond-point principal de ma petite sous-préfecture. En semaine, je ne peux pas, trop occupée à essayer de sauver l’entreprise dans laquelle je bosse et qui est en redressement judiciaire. C’est une petite entreprise : 15 salariés mais dans notre coin rural, c’est beaucoup, 15 emplois sans compter les autres emplois qui en dépendent.
Ce qui me met en rogne, c’est quand j’entends que 45% de masse salariale, c’est trop. Mais ce sont les salariés qui créent la richesse ! C’est une boulangerie bio, dont dépendent des céréaliers locaux. C’est un métier qui a du sens : produire un pain sain et bon et le distribuer localement. Mais tout augmente : les farines, le beurre, le gasoil, l’électricité… Il va falloir monter nos prix ? Les salaires, eux, n’augmentent pas. On va perdre des clients qui aiment bien notre pain, pourtant. La quadrature du cercle.
Et bien sûr, chez nous, pas de transports en commun, les impôts n’accueillent plus le public que le matin, le Tribunal de Commerce est à deux heures de route, etc. L’argent n’est pas où il devrait être, pour permettre la vie, tout simplement, et y en a marre de ceux qui se gavent, ça ne les rend pas plus heureux, voir Le loup de Wall Street ; ils mourront comme tout le monde et, en attendant, ils rendent plein de gens malheureux et détruisent irrémédiablement la possibilité d’une vie humaine sur la planète terre.
Je continuer à lutter, parfois je suis découragée. En ce moment, je dis ; merci les gilets jaunes ! À nous tous, on va peut être remettre l’humanité dans le bon sens, celui d’une vie digne pour tous. On n’a pas besoin de rollex, yacht et toutes ces bricoles. On a besoin de pouvoir vivre pleinement notre vie, les uns avec les autres, dans le respect de tous et de ce qui nous entoure.
Il y a aussi beaucoup de joie de s’être enfin retrouvés, de partager le même constat et le même objectif, c’est-à-dire ne plus se laisser déposséder de notre vie.
Hélène
2/ Loic
Bonjour,
Je fais suite à votre appel à témoins concernant les gilets jaunes.
Ne portant pas le Gilet Jaune moi même car je ne me sens pas digne de ce vêtement (je fais aujourd’hui partie de ce que l’on pourrait appeler la classe moyenne supérieure), je souhaiterai témoigner des raisons qui me poussent à me sentir solidaire du mouvement.
En effet je vois partout autour de moi mes amis, ma famille, mes concitoyens devenir de plus en plus pauvres, méprisés et délaissés et j’enrage… J’enrage aussi de voir les élites de ce pays abuser et détourner chaque jour le mandat qui leur a été confié par les Français.
J’enrage de voir nos ministres, nos députés et notre président vendre la souveraineté de la France à une union européenne qui devient de plus en plus intolérante, impérialiste, autoritaire et osons le mot…fasciste.
Un seul champ lexical est en mesure de décrire l’attitude de nos gouvernants : celui de la trahison.
Ces gouvernants ont, en plus, l’insolence d’insulter nos concitoyens gilets jaunes de ”peste brune” alors que ce gouvernement rend hommage à Pétain ou Mauras et soutient le gouvernement Ukrainien qui a maintes fois exprimé ses sympathies pour des organisations néo nazies. La peste brune n’est pas dans la rue, elle est dans les ministères et à l’Élysée.
Pour toutes ces raisons j’essaie de soutenir le mouvement des gilets jaunes par les moyens qui sont les miens.
Ce sont des actions simples comme essayer de défendre les revendications des gilets jaunes auprès de mes collègues de travail (étant juriste dans une banque privée cela peut s’avérer compliqué tant l’idéologie néolibérale est incrustée dans ce milieu).
Je tente aussi de mener des actions plus concrètes, par exemple avec quelques amis, nous tentons de rédiger une proposition de constitution de VIeme république en glanant ici et là les revendications des gilets jaunes. Nous essayons de trouver des canaux de diffusion pour ce texte afin de permettre aux gilets jaunes de le discuter et de le modifier autant qu’ils le souhaitent.
Tout cela bien sûr peut sembler dérisoire et naif en face des manifestations de courage des gilets jaunes qui affrontent la répression d’État dans nos rues mais je ne peux me résoudre à ne rien faire.
Je conclurai en citant un intellectuel bien connu de votre site : ”Les Gilets jaunes m’ont rendu ma fierté d’être français” et je leur souhaite d’obtenir le succès qu’ils méritent tant.
Cordialement,
Loic
3/ A.
Bonjour à tous,
Et voila ! depuis le temps que ça devais arriver, j’y suis, j’ai des choses à dire alors voici ou j’en suis avec mon humeur du moment.
J’ai longtemps été militant au syndicat, maintenant je suis un paisible retraité depuis quinze ans. On m’avais toujours dit ” toi avec ton certificat d’études, ta parole n’est pas audible par le plus grand nombre, alors laisse parler et écrire les lettrés. Mais voila, aujourd’hui on me donne la parole de façon anonyme” je signe quand même mon papier ” alors j’y vais. A l’instar d’ Emmanuel Todd j’éprouve une certaine fierté d’être français au cœur du mouvement des gilets jaunes. Une pèche et une fraternité comme on pouvais ressentir dans les ateliers avec les copains, les camarades. Ici, la différence est que nous sommes toutes classes mélangées. Petite retraite, à peine mille euros par mois, pas mieux pour ma compagne, nous en somme arrivés à penser que la lutte viendrait des jeunes et attendions qu’ils s’y mettent. Et bien ce ne sont pas que les jeunes.
Ce qui nous sauve pour le moment, c’est un petit carré de jardin loué à l’année à l’association des jardin familiaux. Alors les légumes produits sont d’un bon secours pour les repas au quotidien. Quand à la viande, sous toutes ses formes, c’est à peine une fois par semaine. On ne s’en plaint pas, avec l’habitude nous avons trouvé un équilibre et du bonheur à manger nos légumes et nos soupes.
Pour en venir à la situation actuelle, le mouvement des gilets jaunes, j’ai plusieurs choses à dire.
– La représentation du mouvement.
Il s’agit d’un mouvement spontané, qui vient d’en bas, qui vient du peuple, d’une lassitude à être toujours les dindons de la farce, victimes d’avoir de bonne foie gobés les promesses comme argent comptant. Toujours trompés par les politiques dont le plus gros si ce n’est le seul travail qui les occupe durant leur mandature c’est la prochaine élection. L’interlocuteur privilégié est le peuple. Tous ceux qui se revendiquent porte parole n’ont aucune légitimité, d’autant que le plus souvent on ne sait rien d’eux ni d’ou ils arrivent. Alors méfiance à priori.
Le pouvoir rêve de récupérer quelques uns d’entre nous pour mieux les contrôler et les manipuler comme il a toujours fait avec toutes les organisations y compris les syndicats. On se souvient d’un syndicaliste très virulent lorsqu’il était dans la lutte et qui fut élu député européen lorsque tout le monde fut rentré dans le rang, au PS en plus qui comme les autres (un peu plus que les autres…) nous a tondus éhontément. Les exemples de tels comportements sont multiples.
Aujourd’hui les socialos couiasques comptent se refaire une virginité sur notre dos bien sur après avoir trahi les français dans tous les domaines. Ils étaient obligés, c’est le chef qui commande! quand même. On voit ce que donne les godillots de la république en marche arrière lorsqu’ils ont tous les mêmes arguments sur chaque sujets qu’ils ont à défendre. N’ont t’ils pas quelques picotements a défendre sans discutions sans réflexions les ordres et volontés du chef ? Voila une des raisons pourquoi nous ne voulons pas de chef. Nous perdrions ces nouveaux amis qui luttent à nos cotés.
– Les revendications.
Le pouvoir et la clique des journalistes bien pensant demandent le programme. Mais ils le connaissent très bien ce programme. Il est largement défini par les différentes prises de paroles de bon nombre d’entre nous. Alors disent ils, c’est pas cohérent, ça part dans tous les sens, ils mélanges les revendications des ambulanciers, des paysans, des retraités etc. Mais tous cela vient du peuple. Notre cohérence est la, nous sommes tous ensemble à réclamer ce que vous nous avez pris de façon crapuleuse dans tous les domaines,dans tout les aspects de notre vie quotidienne.
-Les casseurs.
Bien sur nous ne soutenons pas les casseurs qui d’ailleurs bien souvent sont la pour discréditer le mouvement mais avant d’être aussi catégorique, je voudrais comprendre. Il est la le cœur du problème. ”COMPRENDRE” . Nous avons un cerveau, utilisons le à quelques choses non d’un chien. Essayons de réfléchir et ne laissons pas croire au gouvernants que notre cerveau ne nous sert à rien, que la moelle épinière nous suffirait amplement.( Vous l’avez reconnu, C’est Einstein qui parlait aux militaires.) Au lieu de nous tomber dessus à coup de déclarations toutes plus mensongères les unes que les autres, d’articles de presse tronqués qui falsifient la réalité ou qui montre à longueur d’antennes les blessés dans les rangs de la police mais jamais ceux qui furent matraqués sans raisons dans nos rangs aussi bien femmes, enfants ou vieillards. Car oui, à plus de soixante dix ans j’ai souvent le sentiment d’être un vieillard face à la horde des écervelés en casqués, engoncés, en matraqués qui nous tombent dessus comme la vérole sur le bas clergé.
Mesdames et messieurs les journalistes vous avez été bien complaisant avec Macron et son mouvement de la république en marche arrière lors de sa campagne en 2016 et 2017, vous n’avez jamais demandé son programme de façon détaillé au candidat.
Demandons nous, et encore une fois, je ne les soutient pas, si les casseurs qui sont inhérents à tout rassemblement et souvent là pour discréditer les mouvements qu’ils infiltrent, jamais contrôlable par nous car cela c’est le travail de la police qui parfois les laisse passer pour mieux les dénoncer après la casse. Demandons nous si les casseurs n’avaient pas eus autant d’impact ce que serait aujourd’hui le mouvement des gilets jaunes. Je pense si nous étions restés sans bruit ni manifestation autour des ronds points, le pouvoir pouvait bien attendre six mois que le mouvement s’essouffle, pourrisse de sa belle mort. Car, il l’a monté par son mépris, sa morgue, sa haine du peuple, ces salauds de pauvres comme ils disent.
-Enfin, un mot pour la transition énergétique.
Oui nous sommes tous un peu écolos, nous pensons qu’il est urgent non pas de sauver la planète, elle en a vue des pires catastrophes que nous et s’en est toujours relevée, mais de sauver notre environnement. Je vous renvoie au livre de Paul Jorion ” le dernier qui sort éteint la lumière”. Alors oui nous sommes pour faire des efforts mais pour cela c’est tous qui doivent être impliqués et pas seulement ceux pour qui l’utilisation de leurs véhicule est vital.Et ne parlons pas des primes à l’achat de véhicules électrique. Un exemple: Je suis propriétaire d’un C 15 citroën acheté 1000 euros sur le bon coin avec 300 000 k ms au compteur Aujourd’hui prés de 400 000. On me propose une prime pouvant aller jusqu’à 8 000 euros pour l’achat d’une voiture électrique à 23 000 euros, mais je trouve ou les 15 000 manquants, j’hiberne pendant 15 mois en attente de réunir le capital ?
Si seulement toute les taxes prélevées allaient vraiment et en totalité à la transition énergétique, le mal serait bien moindre.
Pour une première fois j’en ai assez dit. A une prochaine.
Cordialement à tous.
Amitiés fraternelles.
A.
4/ Thierry
bjr,
Ingénieur arrivant à 55 ans, généraliste et donc trop vieux et affuté dans rien, j’ai quitté mon ’pays’ faute d’y trouver du boulot, et me suis intéressé aux éco-lieux, sur mes fonds initialement. Faute de trouver une possibilité dans ce type de lieu qui me permette de relancer mon activité en conseil et formation vers le grand public (énergies alternatives en particulier), j’ai fini peu à peu sans réserves et quitté ce ’monde’. Je suis passé par une phase RSA avant de rentrer dans une SCOOP d’activité et d’emploi et y redémarrer mon activité. Aujourd’hui je touche 550€ de salaire, un peu de RSA et d’APL, ’bon an mal an’ total autour de 850€/mois. C’est mon choix et je l’assume, je m’en trouve même plus heureux que la vie de ’citron’ que j’ai vécue comme cadre intermédiaire !
Je me sens solidaire du mouvement des Gilets Jaunes. Trop isolé, je ne suis pas sur les ronds-points, encore moins à Paris, mais j’arbore un gilet sur mon tableau de bord.
La raison en est l’exaspération de voir quel usage est fait de notre République (je ne dis plus démocratie) depuis des lustres (depuis Giscard ?) :
- on brade les grandes entreprises, y compris quand elles sont stratégiques (merci Macron pour Alstom !),
- on brade les autoroutes au moment où elles sont rentables (les pauvres, qui manquent à gagner en ce moment !),
- on lève les taxes sur les gros revenus (ISF, sous prétexte de favoriser l’investissement !),
- on réduit à la portion congrue les moyens des services publics de proximité (en particulier communes, santé, éducation),
- on contrôle de plus en plus le quidam avec des caméras, les internautes avec des Hadopi, le décodex,
- on fait main basse sur les données des partis opposants (Fillon ou JLM pour qui je n’ai pas voté)
- …
et dans le même temps :
- on dénie la Démocratie (tour de passe-passe après le NON de 2005),
- on détricote le modèle sociétal français issu du CNR,
- on abandonne notre souveraineté à une Europe technocratique non élue,
- on joue avec les règles de la République (Bénala),
- on lâche la pression des impôts sur les grandes fortunes,
- on les laisse jouer d’influence avec quasi tous les médias (journaux, TV),
- on augmente la ponction (énorme en proportion du ’reste à dépenser’) sur les tranches basses,
- on dépense à gogo dans des somptuosité (si je vous parle de vaisselle, de piscine ?),
- on envoie nos militaires, avions, navires, guerroyer en toute illégalité internationale (Lybie, Syrie, Afrique, Yemen) à coup de M€/j,
- on laisse les mains libres aux banques qui jonglent avec le risque, façon ’pile je gagne, face tu perds’,
- …
Oui, comme les Gilets Jaunes, c’est un fatras, gros tas d’amertumes entassées, et encore il y aurait à rajouter, mais là, trop c’est trop !
Bref, pour rester courtois, j’ai envie d’ôter la carte de presse de tous ces commentateurs et autres experts, qui parlent de dégradation des symboles de la République, sans jamais évoquer les attaques de la République elle-même que profère toute cette auto-proclamée élite…
Thierry