Le parti pris
par Ludovic Lamant
Écartelé. Des actions spectaculaires d’Extinction Rebellion (XR) ont rythmé toute la semaine dernière au Royaume-Uni. Ce collectif bloque des ponts et des ports pour alerter sur l’urgence climatique (Mediapart leur a déjà donné la parole ici depuis les rues de Manhattan, ou encore là depuis Londres). À Paris, des blocages ont eu lieu vendredi contre « la République des pollueurs », alors que les collégiens tentaient de poursuivre leur mobilisation hebdomadaire, quelques jours après les larmes de Greta Thunberg au Parlement européen.
Dans l’arène institutionnelle, le groupe des Verts à Strasbourg espère capitaliser sur cet élan, aux européennes du 26 mai. Ils sont attendus en forte hausse en Allemagne (où les Grünen se trouvent concurrencés par une multitude de formations écolos confidentielles), en Belgique (dans le sillage du succès d’Ecolo aux communales d’octobre 2018), ou encore aux Pays-Bas (où GroenLinks s’est consolidé comme le grand parti d’opposition à l’exécutif libéral de Mark Rutte). Sans surprise, les Verts européens ont choisi une Allemande et un Néerlandais pour animer leur campagne.
Une difficulté saute aux yeux: leur quasi-inexistence en Europe du Sud (Italie, Espagne, Grèce) et de l’Est – même si une nouvelle gauche polonaise, radicalement écolo, semble émerger. Au-delà, c’est toute la stratégie du groupe des Verts à Strasbourg qui reste à définir, celui-ci étant écartelé entre une ligne réaliste « à l’allemande » et un positionnement plus critique envers le fonctionnement des institutions et des traités. En cas de succès des Grünen, la ligne allemande risque de l’emporter largement, même si les écolos français, eux-mêmes divisés, réalisent un gros score. L’entretien que nous a accordé l’eurodéputée sortante Karima Delli, le mois dernier, sur le plateau de Mediapart, n’a pas permis de dissiper ces doutes.