12 Mars 2019
Alors que Marine Le Pen espère surfer sur la vague des Gilets jaunes pour les Européennes, un sondage révèle que si certaines idées du RN trouvent un retentissement supérieur auprès du mouvement, le parti d’extrême droite est loin de pouvoir prétendre en représenter les militants.
Après une défaite en 2017 et une difficile remontée en 2018, Marine Le Pen et le Rassemblement national pouvaient espérer tirer profit de la crise des Gilets jaunes. Prenant soin de ne pas s’imposer pour éviter le procès en récupération, le parti d’extrême droite s’est cependant vite présenté en soutien du mouvement, et sa présidente de mettre en avant la proximité entre ses idées et cette France “des oubliés”.
Mais un sondage réalisé fin février par Kantar Sofres pour Le Monde et Franceinfo confirme que si plusieurs idées directrices du RN sont un peu plus présentes au sein des Gilets jaunes, le mouvement ne peut être présenté comme “proche” du parti.
Les Gilets jaunes sont ainsi un peu plus nombreux que la moyenne des Français à juger qu’il y a “trop d’immigrés” en France (50% contre 44%), mais ce chiffre est sans commune mesure avec celui des sympathisants du RN (89%). Ils sont même moins nombreux que la moyenne à considérer qu’“on accorde trop de droits à l’islam et aux musulmans en France”, alors qu’il s’agit là d’un autre pilier du discours du RN, approuvé par 81% de ses sympathisants.
Pas particulièrement suivi par les Gilets jaunes sur l’immigration, le RN ne l’est pas non plus sur les questions de sécurité, un autre de ses totems. Quand le parti mise traditionnellement sur l’idée d’une police forte (défendue par 69% de ses sympathisants) et d’une justice qui doit être plus sévère (86%), les Gilets jaunes confrontés à la répression du mouvement sont seulement 31% à réclamer beaucoup plus de pouvoir à la police (contre 45% de l’ensemble des Français) et 60 % une justice plus sévère pour les petites délinquants (contre 64% des Français et 86% des sympathisants RN).
Le seul élément phare du projet de Marine Le Pen auquel semble adhérer une part significative des Gilets jaunes concerne l’Europe. Ainsi, 50 % de ceux ayant participé au mouvement affirment que la construction de l’Europe est une menace pour l’identité de la France contre seulement 31% de la moyenne des Français (70% pour les sympathisants du RN). Ils sont également 40% à soutenir un retour au Franc. En cela ils sont légèrement plus proches des électeurs de Marine Le Pen (d’accord à 56% avec cette idée) que de l’ensemble des Français (23%).
Symbole que Marine Le Pen, pas plus qu’un autre leader politique, puisse se vanter de représenter les Gilets jaunes, ils sont 47 % à estimer qu’elle comprend leurs problèmes quotidiens, seulement deux points de plus que pour l’ensemble des Français.