Le Parlement européen adopte une définition de l’antisémitisme tendant à criminaliser la critique d’Israël

Le 1er juin, le Parlement européen a adopté une résolution « sur la lutte contre l’antisémitisme » appelant les États membres et les institutions bruxelloises à prendre des mesures supplémentaires pour combattre « les discours de haine et toutes les formes de violence à l’égard des citoyens juifs européens ».

Le texte, promu activement par le Congrès juif européen et approuvé à une écrasante majorité, demande que la définition canonique de l’antisémitisme prévalant au sein de l’Union européenne soit celle qu’utilise l’Alliance internationale pour la mémoire de la Shoah, qui tend à amalgamer critique d’Israël et antisémitisme.

La « définition opérationnelle » proposée par cette organisation intergouvernementale (en anglais, International Holocaust Remembrance Alliance – IHRA) a beau préciser que « les critiques d’Israël similaires à celles émises contre un autre pays ne peuvent être considérées comme antisémites » (même s’il s’agit d’une comparaison avec l’Afrique du Sud de l’apartheid ?…), elle dit également que les cas d’antisémitisme « pourraient inclure le fait de prendre pour cible l’État d’Israël, conçu comme une collectivité juive ».

Tel Aviv, pour s’immuniser contre les réprobations et le respect du droit international, en particulier quant à sa politique de colonisation et au traitement des Palestiniens, essaie d’amalgamer critique d’Israël et antisémitisme.

Le mot « Israël » est mentionné huit fois dans le texte de la définition… L’IHRA se montre très ambiguë sur ce qui différencie l’antisémitisme d’une critique radicale de la politique israélienne (et, a fortiori, de l’antisionisme). Ainsi, des personnes et des organisations pro-palestiniennes, par exemple, risquent d’être – encore plus que maintenant – accusées d’antisémitisme et poursuivies en justice à cause de cette définition tendancieuse.

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Le mouvement BDS (Boycott Désinvestissement Sanctions), déjà injustement attaqué et calomnié par les chiens de garde d’Israël, sera probablement dans le collimateur. Mais l’intimidation inhérente à la criminalisation de la critique d’Israël risque aussi de favoriser l’autocensure. Plus généralement, c’est un nouveau recul de la liberté d’expression.

Dans un communiqué, le CRIF (Conseil représentatif des institutions juives de France) s’est félicité de l’adoption de la résolution par le Parlement européen, approuvant le fait qu’elle « identifie […] l’antisionisme à une nouvelle forme d’antisémitisme ».

Tel Aviv, pour s’immuniser contre les réprobations et le respect du droit international, en particulier quant à sa politique de colonisation et au traitement des Palestiniens, essaie d’amalgamer critique d’Israël et antisémitisme. Ce stratagème a été amplement relayé en France par des responsables politiques (Manuel Valls, entre autres) ou des intellectuels médiatiques (Bernard-Henri Lévy, pour ne citer que le plus emblématique). Gageons qu’ils ont fait bon accueil à la résolution du Parlement européen. M. Netanyahou aussi.