La «convergence des colères» s’est invitée au marché international de Rungis, dans la nuit de lundi à mardi.
A minuit, lundi, ça se battait pour un morceau de bitume sur le parking du centre commercial Belle-Épine, à Thiais (Val-de-Marne). Une affluence dont on ne rêve même plus les jours de lancement de soldes. Rapidement, la petite foule hérissée d’étendards de la CGT se réunit autour du mégaphone. Un responsable lance l’opération : « Aujourd’hui, on va mettre à genoux le capital et paralyser l’économie ». Direction les péages du « MIN » ou Marché international de Rungis. Le garde-manger de la région. Consigne est donnée de barrer l’accès aux camions (« les fournisseurs du patronat »), mais de faire preuve d’indulgence pour les voitures (« les travailleurs »).
Dans une certaine euphorie, le groupe a rejoint la principale porte d’accès au MIN. Maurice y travaille pour Davigel, un fournisseur de produits frais racheté par l’américain Sysco. Le salarié a revêtu sa chasuble rouge pour dénoncer la « machine à broyer » qu’est devenue son entreprise depuis la fusion. « Je sais qu’il ne me reste plus qu’un an, assure-t-il. Ils ont lancé un PSE. On va être dilués avant de finir sur le carreau. Les gens ont peur, on croise les doigts. Mais c’est trop tard. »