98 % des Grecs considèrent que la situation économique de leur pays est mauvaise et se déclarent pessimistes pour l’avenir, relève l’économiste grec George Pagoulatos dans une tribune au «Monde».
Par George Pagoulatos
08/07/2017
TRIBUNE. Il y a deux ans, le drame grec faisait une nouvelle fois les gros titres de la presse. Six mois de négociations émaillées de défis et de postures avaient fini par capoter et débouchaient sur un référendum qui rendit inévitable l’instauration du contrôle des capitaux et plongea l’économie dans la récession.
S’ensuivirent, en 2015 et 2016, deux années supplémentaires de croissance nulle ou négative, tandis que les contribuables grecs perdaient l’équivalent de plusieurs dizaines de milliards d’euros, dont les quelque 25 milliards de valeur boursière des banques du pays engloutis quand la Bourse s’effondra. Le ratio dette/PIB s’aventura dans des territoires parfaitement insoutenables. Le drame prit fin avec la capitulation d’Alexis Tsipras, qui signa le troisième plan de sauvetage du pays.
Deux ans plus tard, la Grèce a disparu des manchettes, ce qui est une bonne chose. Mais si le pays s’enfonce dans une situation de normalité, c’est une normalité qui dissimule attentes fracassées, épuisement, exaspération, résignation et désespoir.
Selon les données récemment collectées par l’institut américain Pew Research Center, la proportion de Grecs qui considèrent que la situation économique de leur pays est mauvaise et qui se déclarent pessimistes pour l’avenir atteint le chiffre effarant de 98 % (le niveau le plus élevé de tous les pays développés).
450 000 Grecs sont partis à l’étranger depuis 2008Un pessimisme compréhensible. A l’exception d’un timide redressement en 2014, l’économie grecque s’est contractée chaque année depuis 2008. Le pays a perdu plus du quart du PIB qu’il enregistrait en 2008. La situation est comparable à celle de la Grande Dépression américaine – mais en pire, puisque la crise grecque a déjà duré deux fois plus longtemps.
Entre 2009 et 2016, les salaires réels ont diminué au rythme annuel moyen de 3,1 % ; depuis 2010, les retraites ont été rognées à onze reprises ; le chômage…