Juin 2015
Les gouvernements européens, les institutions européennes et le FMI, agissant en étroite alliance, si ce n’est sous le contrôle d’importantes banques internationales et d’autres institutions financières, exercent maintenant les plus fortes pressions, y compris des menaces ouvertes, le chantage et une campagne de communication faite de calomnies et d’intimidations contre le gouvernement grec élu il y a peu et contre le peuple grec.
Ils demandent au gouvernement grec élu de continuer le programme de « sauvetage » et les prétendues « réformes » imposées à ce pays en mai 2010, en principe, pour « l’aider » et le « sauver ».
Il résulte de ce programme que la Grèce a expérimenté la plus grande catastrophe économique, sociale et politique de l’histoire de l’Europe occidentale depuis 1945. Elle a perdu 27 % de son PIB, plus que les pertes matérielles de la France ou de l’Allemagne pendant la Première guerre mondiale. Les conditions de vie se sont dégradées nettement, le système de protection sociale a été rien moins que détruit, les Grecs ont vu leurs droits sociaux conquis tout au long d’un siècle de luttes réduits à néant. Toutes les couches sociales sont complètement détruites ; de plus en plus de Grecs se précipitent de leur balcon pour mettre fin à une vie de misère et de désespoir ; toutes les personnes de talent qui le peuvent quittent le pays. La démocratie, sous le gouvernement de la « troïka » agissant comme un « assassin collectif », une sorte de tribunal kafkaïen, a été transformé en une simple procédure formelle dans le pays même où elle est née ! Les Grecs éprouvent maintenant les mêmes sentiments d’insécurité à propos de leurs conditions de vie les plus élémentaires que les Français ont éprouvés en 1940, les Allemands en 1945 et les Soviétiques en 1991. Dans le même temps, les deux maux que ce programme était supposé régler, la dette grecque souveraine et la compétitivité de l’économie grecque se sont nettement aggravés.
Maintenant, les institutions européennes et les gouvernements refusent même la plus raisonnable, la plus élémentaire et la plus petite concession au gouvernement d’Athènes ; ils refusent même la plus modeste formule permettant de sauver la face, si cela peut-être. Ils veulent une capitulation totale de SYRIZA, ils veulent son humiliation, sa destruction. En refusant au peuple grec une sortie pacifique et démocratique de sa tragédie sociale et nationale, ils poussent la Grèce au chaos, si ce n’est à la guerre civile. Au fait, déjà maintenant, une guerre civile sociale, de « basse intensité », se répand dans le pays, en particulier contre ceux qui sont sans protection, les malades, les jeunes et les très vieux, les plus faibles et les moins chanceux. Est-ce l’Europe dans laquelle que nous voulons que nos enfants vivent ?
Nous exprimons notre solidarité totale et inconditionnelle avec la lutte du peuple grec pour sa dignité, son salut national et social, sa libération de l’inacceptable domination néocoloniale que la Troïka tente d’imposer à un pays européen. Nous dénonçons les accords successifs, illégaux et inacceptables, que les gouvernements grecs ont été obligés, sous la menace et le chantage, de signer en violation des traités européens, de la Charte des Nations unies et de la Constitution grecque. Nous demandons aux gouvernements et institutions de l’Union européenne d’arrêter maintenant leur politique irresponsable et criminelle à l’égard de la Grèce. Nous les appelons à adopter immédiatement un généreux programme de soutien au redressement de la situation économique de la Grèce pour faire face au désastre humanitaire qui s’étend déjà sur le pays.
Nous appelons aussi tous les peuples d’Europe afin qu’ils comprennent que ce qui est en cause en Grèce, ce ne sont pas seulement les salaires et les retraites, les écoles et les hôpitaux grecs, le destin d’une nation historique où l’authentique notion d’Europe est née. Ce qui est en cause en Grèce ce sont les salaires, les retraites, le bien-être de l’Espagne, de l’Italie, et même de l’Allemagne, le destin du modèle social européen, de la démocratie européenne, de l’Europe elle-même. Cessez de croire vos médias qui vous racontent les faits avec la seule intention d’en déformer la signification ; vérifiez, de manière indépendante, ce que disent vos politiciens et vos médias. Ils tentent de créer, et ils ont créé une illusion de stabilité. Que vous viviez à Lisbonne ou Paris, à Francfort ou Stockholm, vous pouvez penser que vous vivez dans une relative sécurité. N’entretenez pas une telle illusion. Vous devriez regarder la Grèce pour voir l’avenir que vos élites vous préparent, pour nous tous et pour nos enfants. Il est plus aisé et plus intelligent de les arrêter maintenant que ce le sera plus tard. Non seulement les Grecs, mais nous tous et nos enfants, nous paierons un prix énorme si nous permettons que nos gouvernements achèvent le massacre social de toute une nation d’Europe.
Nous en appelons en particulier au peuple allemand. Nous ne sommes pas de ceux qui rappellent toujours le passé aux Allemands, en vue de les tenir dans une position inférieure de « seconde-classe » ou en vue d’user du « sentiment de culpabilité » avec des intentions douteuses. Nous apprécions beaucoup le savoir-faire du peuple allemand en matière d’organisation et de technologie et sa sensibilité démontrée en matière de démocratie et aussi, en particulier, d’écologie et de paix. Nous voulons et nous avons besoin du peuple allemand comme un des principaux défenseurs de la construction d’une autre Europe, d’une Europe prospère, indépendante et démocratique dans un monde multipolaire.
Les Allemands savent mieux que n’importe qui d’autre en Europe où la soumission aveugle à des dirigeants irresponsables peut conduire et a effectivement conduit dans le passé. Il ne nous appartient pas de leur donner une telle leçon. Ils connaissent mieux que n’importe qui d’autre combien il est aisé de commencer une campagne accompagnée de triomphalisme pour terminer avec des ruines tout autour de soi. Nous ne leur demandons pas de partager notre opinion. Nous leur demandons simplement de penser intensément à l’opinion exprimée par d’éminents dirigeants tels qu’Helmut Schmitt ; nous leur demandons d’entendre la voix du plus grand des poètes allemands contemporains, Günter Grass, et la terrible prophétie qu’il a formulée à propos de la Grèce et de l’Europe quelques années avant sa disparition.
Nous lançons un appel au peuple allemand pour qu’il arrête cette alliance faustienne entre les dirigeants politiques allemands et la finance internationale. Nous demandons au peuple allemand de ne plus permettre à son gouvernement de faire au peuple grec exactement ce que les Alliés, après leur victoire lors de la Première guerre mondiale, ont fait aux Allemands. Ne laissez pas vos élites et vos dirigeants transformer tout le continent, en ce compris l’Allemagne, en un territoire soumis à la finance.
Plus que jamais, nous nous trouvons devant la nécessité urgente d’une restructuration radicale de la dette européenne, de mesures sérieuses pour contrôler les activités du secteur financier, d’un « plan Marshal » pour la périphérie européenne, d’une réflexion et d’une relance d’un projet européen qui a prouvé qu’il n’est pas durable dans sa forme actuelle. Nous devons maintenant trouver le courage de le faire si nous voulons laisser une Europe meilleure à nos enfants, et non une Europe en ruines, dont les nations sont en conflits financiers permanents, à moins qu’ils ne deviennent ouvertement des conflits armés.
Altvater Elmar, Germany
Member of scientific community of AΤTAC. Retired Professor of Political Science, Free University of Berlin.
Amin Samir, Egypt/France
Economist, President of the Forum Mondial des Alternatives
Ayala Iván H., Spain
Researcher, Instituto Complutense de Estudios Internacionales
Arsenis Gerasimos, Greece
Εconomist, ex-minister of Economy, of Finance, of National Defense and of Education, ex-UN official and ex-director of UNCTAD
Artini Massimo, Italy
Member of Parliament
Bellantis Dimitris, Greece
Lawyer, PHD in Constitutional Law, Member of the Central Committee of SYRIZA
Black William, USA
Professor of Economics, University of Missouri (Kansas City)
Cassen Bernard, France
Professor Emeritus, Université Paris 8, secretary general of “Mémoire des luttes”
Chiesa Giulietto, Italy
Politician, journalist and author, ex MEP, president of the “Alternativa” association
Freeman Alan, Canada/UK
Geopolitical Economy Research Group, Business School, Director
Gabriel Leo, Austria
Director of the Institute for Intercultural Research and Cooperation (IIIC), Vienna, Member of the International Council of the World Social Forum, Coordinator of the NGO Committee for Sustainable Development of the United Nations
George Suzan, France
Political and social scientist, writer, President of the Transnational Institute
Georgopoulos Dimosthenis, Greece
Economist, sociologist, political scientist, Secretariat on Industrial Policy, SYRIZA
German Lindsey, UK
Convenor, Stop the War Coalition
Glinchikova Alla, Russia
Dr. of political science, Institute of Philosophy, Russian Academy of Sciences.
Graeber David, UΚ
Professor of Anthropology, London School of Economics. Author of “Debt: The First 5,000 Years”
Hudson Michael, USA
Professor of economics, University of Missouri (Kansas City), UMKC. President, Institute for the Study of Long-term Economic Trends (ISLET)
Irazabalbeitia Inaki, Spain
Former MEP / responsible for International Relationships for the party ARALAR, Basque Country
Jennar Raoul Marc, France
Dr. in political sciences, specialist on European law and on WTO regulations, writer of twenty books, among them “Europe, la trahison des élites”
Kagarlitsky Boris, Russia
Director of the Institute for globalization studies and social movements (IGSO)
Kalloniatis Costas , Greece
Phd on macroeconomics, adviser to the Ministry of Labour, researcher in the Labor Institute of the General Confederation of Workers of Greece
Kasimatis Giorgos, Greece
Prof. Emeritus of Constitutional Law, University of Athens. Founder and Honorary President of the International Association of Constitutional Law, ex-advisor to PM Andreas Papandreou.
Koenig Peter, Switzerland
Εconomist / geopolitical analyst
Koltashov Vasiliy, Russia
Head of the economic research unit of the Institute for Globalisation and Social Movements
Konstantakopoulos Dimitris, Greece
Journalist, Writer, Coordinator of the Delphi Initiative
Koutsou Nikos, Cyprus
Member of Parliament from Famagusta
Kreisel Wilfried, Germany
Former Executive Director, World Health Organization
Mavros Giannis, Greece
Member of the National Council for the Claiming of Germany’s Debts to Greece
Mityaev Dmitry A. , Russia
Deputy Chairman of the Council for Study of Productive Forces of the Ministry of Economic Development and the Russian Academy of Sciences on Development Issues
Ochkina Anna, Russia
Head of Department of social theory at Penza State University
Pantelides Panagiotis, Greece
Economist, senior researcher, European Institute of Cyprus
Petras James, USA
Bartle Professor Emeritus , Binghamton University
Ex-Director of the Center for Mediterranean Studies (Athens), ex-adviser to the Landless Rural Workers Movement of Brasil and the Unemployed Workers Movement in Argentina
Pinasco Luca, Italy
National coordinator of Proudhon Circles-Editor for foreign policy of the journal “L’intellettuale dissidente”.
Radika Desai, USA
Professor, Director of the Geopolitical Economy Research Group, University of Manitoba
Rees John, UK
Co-founder, Stop the War Coalition
Roberts Paul Craig, USA
Former Assistant Secretary of the US Treasury for Economic Policy, Associate Editor, Wall Street Journal, Senior Research Fellow, Stanford University, William E. Simon Chair in Political Economy, Center for Strategic and International Studies, Georgetown University, Washington, D.C.
Sideratos Aggelos, Greece
Publisher
Sommers Jeffrey, USA
Senior Fellow, Institute of World Affairs, Professor, University of Wisconsin-Milwaukee
St Clair Jeffrey, USA
Editor, CounterPunch, author, Born Under a Bad Sky
Stierle Steffen, Germany
Εconomist, ATTAC Germany
Syomin Konstantin, Russia
Author, TV host at All-Russia State Television (VGTRK.com)
Tombazos Stavros, Greece
Professor of Political Economy, University of Cyprus, member of the international “Committee of Truth on Greek Sovereign Debt” (debt auditing committee) created by the Greek parliament
Vanaik Achin, India
Retired Professor of International Relations and Global Politics, University of Delhi
Immanuel Wallerstein, USA
Professor at University of Yale
Xydakis Nikos, Greece
Minister of Culture
Zachariev Zachari, Bulgaria
President of the Slaviani Foundation
Zdanoka Tatjana, Latvia
Member of European Parliament