Intellectuels et économistes pleurent toujours Pr Samir Amin, décédé le 12 août 2018, à Paris. Ses amis ont tenu à lui rendre hommage à travers un symposium international multidisciplinaire, du 10 au 12 février, à la salle de conférence de l’UCAD 2, dédié à l’œuvre du défunt, sur le thème : « La gestion de la crise multidimensionnelle du système mondial : les réponses des pays du sud ». La cérémonie d’ouverture a été présidée par Amadou Hott, le ministre de l’Économie, du Plan et de la Coopération internationale, en présence d’un parterre de personnalités venues à travers le monde.
Fortement ému, Chérif Salif SY, son successeur à la tête du Forum du tiers monde, n’a pas pu terminer son discours. « Notre monde va très mal, a-t-il entamé. Il n’est pas besoin de démonstration qui ne serait, malheureusement, qu’une compilation longue et dramatique de situations d’insécurité et d’injustice humaines. C’est dans ce contexte lourd d’incertitudes et d’interpellations que nous avons perdu notre ami le professeur Samir Amin. Au décès duquel le président de la République (Macky Sall) a déclaré ’’le Sénégal a perdu un de ses fils’’. Le Pr Samir Amin avait en effet un très fort attachement sentimental pour notre pays qui semblait être le lieu de confluence de ses réflexions et travaux qui couvrent toutes les problématiques au cœur de la situation des pays, et au cœur de l’œuvre monumentale qu’il nous a léguée. Pour nous qui l’avons accompagné, et qui sommes ses amis, nous pouvons en témoigner. Nous avions de la peine à le voir souffrir et s’en aller petit à petit à partir de l’année 2016. Notre consolation est de savoir qu’il a été bien entouré. Tous ici nous avons tenu bon pour arriver à ce jour mémorable… ». Il fond en larmes regagnant péniblement sa place sur le présidium.
Créé en 1975 par Samir Amin, le Forum du Tiers monde rassemble des intellectuels soucieux d’approfondir le débat sur les différentes alternatives possibles en matière de développement considéré dans toutes ses dimensions économiques, sociales, politiques et culturelles. Son objectif est d’identifier les termes d’alternatives concrètes et de formuler des recommandations de politiques à mettre en œuvre dans les différents domaines des recherches poursuivies.
Né le 3 septembre 1931 au Caire et mort le 12 août 2018 à Paris d’une tumeur au cerveau, Samir Amin était ex-membre du Conseil économique et social (CES) sur proposition de l’ex-président sénégalais, Léopold Sédar Senghor. Basé à Dakar, il a enseigné plusieurs années à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD).
Dans son mot de bienvenue, Pr Mbaye Thiam, représentant du recteur de l’UCAD, Pr Ibrahima Thioub, a relevé que « l’un des meilleurs moteurs recherche, aujourd’hui, interpellé hier, sur la personnalité de Samir Amin, a donné, en 40 secondes, 5 millions 080 mille références. Pour nous, spécialiste de la documentation, cela participe de l’intérêt du sujet de la personne, de la pertinence ». En outre, « le premier mot clé renvoyant à Samir Amin en termes d’indexation est développement. L’engagement est le 2e ».