Grèce : Manifestations anti-gouvernementales massives, black-out médiatique massif

Par Andreas Maris
11/03/2021

Les médias internationaux, y compris ceux qui ont des correspondants en Grèce, ont imposé un black-out quasi total aux informations en provenance de ce pays. Cela doit être considéré comme une indication assez sérieuse de l’importance internationale énorme de ce qui se passe actuellement en Grèce.

Mardi, trois manifestations très massives ont eu lieu à Athènes, Salonique et Samos. La manifestation de Salonique était la plus grande manifestation d’étudiants depuis des décennies.

À Athènes, l’Initiative des avocats et des juristes, diverses organisations de gauche et un certain nombre de syndicats, dont le syndicat des acteurs, ont organisé une marche massive pour protester contre la répression et la barbarie policières.

Les manifestants protestaient également pour le traitement réservé au gréviste de la faim Koufontinas, que le gouvernement grec semble avoir indirectement condamné à mort et, également, pour la gestion de la pandémie.

Les acteurs protestent également contre ce qu’ils considèrent comme un effort du gouvernement pour étouffer, autant que possible, le grand scandale lié à Dimitris Lignadis, l’ex-directeur du Théâtre national, qui a été arrêté et accusé de viols sur mineurs. (Un site satirique grec a écrit qu’il étudie actuellement, en prison, la biographie d’Epstein). Il est très probable que ce cas n’est pas un cas isolé, mais juste la pointe d’un iceberg. L'”élite” grecque a toujours été corrompue (dans la plupart des cas par des élites européennes “non corrompues”, comme Siemens, qui payait presque tout le monde en Grèce). Mais maintenant, il semble que certaines des formes les plus horribles de criminalité soient tolérées au centre même de l'”élite”, ce qui la rend également plus vulnérable à toutes sortes de chantages.

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À Salonique, les étudiants ont également protesté contre les tactiques de la police. Depuis deux semaines, ils occupaient un bâtiment de l’université, mais ils avaient annoncé qu’ils le quitteraient jeudi à 11 heures, heure locale. Au lieu d’attendre, la police a pris d’assaut le bâtiment et, dans le même temps, a interdit à la presse de s’approcher des lieux et de couvrir l’événement. Les syndicats de journalistes de Grèce ont protesté. Le résultat a été la manifestation étudiante qui a suivi et de nouveaux affrontements violents avec la police.

Le gouvernement grec semble utiliser non pas une tactique d’oppression habituelle mais plutôt une “stratégie de la tension”. Il n’opprime pas un mouvement existant, il le crée. Il provoque les gens dans le but de les supprimer. Cette stratégie a été utilisée en Grèce et en Italie pendant la guerre froide et consiste à créer une tension artificielle, en utilisant divers moyens, y compris, dans son plein développement, des méthodes comme le vrai ou le faux terrorisme, les enlèvements et les assassinats.

Nous n’en sommes pas encore là, mais de nombreux éléments indiquent que nous sommes en train de franchir une frontière en Grèce.

Comme Koufontinas va très probablement mourir d’une grève de la faim, personne ne peut savoir quel type d’attaque armée, réelle ou fausse (provocations), peut se produire et être utilisée pour justifier des mesures d’urgence.

En Grèce, cette stratégie, organisée et appliquée par le réseau Gladio de l’OTAN, la CIA et d’autres agences, a finalement conduit à la dictature des colonels en 1967.

Si une telle stratégie de la tension existe, comme toutes les indications que nous avons semblent l’indiquer, elle ne peut pas avoir été conçue par les politiciens grecs.