Alors que les tensions sociales montent autour des bas salaires ou du pouvoir d’achat de tous ceux que l’inflation fragilise, personne dans le champ politique n’a réellement proposé de solutions structurelles aux maux des classes moyennes françaises si ce n’est un accompagnement social qui ne saurait les satisfaire durablement.
Par Christophe Boutin et Don Diego De La Vega
Atlantico : En 2018, l’un des mouvements sociaux les plus importants du quinquennat Macron apparaissait suite à l’augmentation du prix des carburants. Un prétexte pour une contestation qui attaquait différents aspects. Mais qui étaient vraiment les Gilets jaunes à la création du mouvement ?
Christophe Boutin : Notons tout d’abord que vous avez raison de poser la question en spécifiant « à la création du mouvement » car, effectivement, le mouvement des Gilets jaunes a évolué entre son début, à l’automne 2018, et, sinon sa fin, au moins son essoufflement, au printemps 2019. Il a évolué parce qu’entre les deux moments les manifestations ont été récupérées par une gauche radicale qui en a partiellement au moins modifié la tonalité, tandis que pour des raisons tenant à la fois à la lassitude, à l’impossibilité d’être présent tous les week-ends – impossibilité financière ou parce que la vie de famille ne le permettait pas -, comme aussi à la crainte légitime des blessures occasionnées par la violence de la répression contre les manifestants, une part non négligeable des premiers Gilets jaunes restaient chez eux.
Qui étaient ces Gilets jaunes ? Ils ne surgissaient pas de nulle part : lorsque, par exemple, Christophe Gulliy évoquait la France périphérique (La France périphérique. Comment on a sacrifié les classes populaires, 2015), que Laurent Bouvet insistait sur l’insécurité culturelle ressentie par les Français (L’insécurité culturelle. Sortir du malaise identitaire français, 2015), lorsqu’Éric Zemmour (Le suicide français, 2018) ou Patrick Buisson (La cause du peuple, 2018) replaçaient ces questions dans une perspective historique, lorsque Pierre-André Taguieff (L’illusion populiste, 2007) ou Alain de Benoist (Droite-gauche, c’est fini ! : le moment populiste, 2017) étudiaient le populisme, et Jean-Claude Michea certaines perversions du capitalisme (L’empire du moindre mal : essai sur la civilisation libérale, 2010), ou encore qu’Alain Finkielkraut s’inquiétait de l’effacement de l’identité (L’identité malheureuse, 2015), on avait ici bien des éléments qui permettaient de comprendre, dès avant la survenance de la première manifestation, le mouvement des Gilets jaunes et sa structure.
Qui sont en effet les premiers Gilets jaunes ? Les représentants, d’abord, d’une France qui travaille, d’une France périphérique au sens où l’entend Christophe Guilluy, c’est-à-dire qui ne réside pas dans les métropoles, et d’une France qui n’arrive plus à s’en sortir financièrement, et ce alors même, on le comprend, qu’il ne s’agit pas ici de la partie socialement la plus basse de la population, mais des parties basse et moyenne de cette immense « classe moyenne » française que les sociologues peinent à délimiter de manière claire.
Le sentiment qui prévaut chez eux est sans doute avant tout celui du déclassement, car cette France a perdu tout espoir de progression sociale. Endettée pour l’achat d’un logement dont les prix flambent, la repoussant toujours plus loin des métropoles et de ses zones de travail – quand elle n’est pas condamnée à rester locataire -, endettée encore pour l’achat de ces véhicules qui lui sont alors absolument indispensables, pour se rendre au travail mais aussi chez le médecin ou pour emmener ses enfants à l’école, elle n’a quasiment plus de marge de manœuvre et doit se satisfaire d’avoir la chance, mois après mois, de pouvoir continuer à rembourser ses emprunts. Alors que leurs parents ont vu leur situation matérielle s’améliorer au cours de leur vie, ces Français peuvent, au mieux, espérer maintenir leur situation, ou connaître une faible dégradation de cette dernière. Pire encore, ils constatent que l’avenir de leurs enfants pourrait bien être plus sinistre.
Comme si cela ne suffisait pas, ils sont méprisés par les gagnants de la mondialisation, caricaturés en beaufs par les Deschiens ou « l’humour Canal », et insultés à longueur de reportages : alors que l’on vient du monde entier se faire soigner à leurs frais, étudier à leurs frais, se loger à leurs frais, les voici présentés comme d’irréductibles racistes systémiques ayant vocation à expier leur « privilège blanc ». Car la question ici n’est pas que sociale : il suffit en effet de regarder les images des manifestations des Gilets jaunes pour constater l’absence de « diversité » d’un mouvement dont les membres seront pour cela qualifiés par certains avec condescendance de « petits blancs ». Et tandis que les winners de la start up nation bénéficient grâce à l’immigration d’une main d’œuvre servile à bas coût dans leurs restaurants ou comme nounous, ils voient eux une tout autre facette de ce changement, fait de violences et d’insécurité.
Ajoutons à cela l’impression d’être enfermés dans un véhicule qui les conduit là où ils ne veulent pas aller sans qu’à aucun moment son pilote ne réagisse à leurs craintes autrement qu’en accélérant sa course. Il y a un problème avec l’Union européenne ? Il faut « plus d’Union européenne ». Avec l’immigration ? Il faut plus d’immigration, comme vient de l’expliquer doctement un rapport de l’Assemblée nationale. Un problème avec la mise en cause de leur identité ? Il faut plus de woke, de cancel culture, plus de sanctions de ces intolérables micro-agressions ressenties par des étrangers à leur culture venus résider chez eux. Or cette identité culturelle est le dernier bien qui reste à ceux qui perdent le reste, qui pouvaient encore ressentir la fierté d’appartenir à une des grandes nations mondiales, et se trouvent d’autant plus malmenés sans cela.
On le voit, nous sommes loin, très loin de la question de l’augmentation des taxes sur les carburants qui a mis le feu aux poudres.
Don Diego de la Vega : Le mouvement est devenu composite au fil des différents actes. Cela dit, il ne faut pas oublier la problématique fiscale qui a été le déclencheur du mouvement. C’était une forme moderne de jacquerie fiscale ou fiscalo-règlementaire. Ce sont les 80 km/h qui ont mis le feu aux poudres et sont venus se greffer d’autres personnes et d’autres préoccupations jusqu’à ne plus ressembler à rien. Il y a eu les bataillons habitués aux manifestations, les black blocks, etc.
Dans une première phase, pourtant, le mouvement était spontané, utile et très légitime. Par certains côtés, c’était même rafraichissant. Cela a permis de calmer un peu le gouvernement. Entre l’élection d’Emmanuel Macron et mi-2018, il y avait une ferveur presque religieuse, totalement déraisonnable à son propos. Les Gilets jaunes ont permis de mettre fin à cela et c’est une bonne chose. Ils ont aussi permis de montrer aux classes possédantes qu’il ne fallait pas grand-chose pour que leur pouvoir soit remis en cause. Que ces élites ressentent de la peur de temps en temps n’est pas une mauvaise chose. Cela justifie même en partie les excès et les erreurs du mouvement.
Il faut se rappeler qu’au début, pour le gouvernement, les Gilets jaunes étaient des troupes d’extrême droite. Lorsque le mouvement a gagné de l’ampleur, certains conseillers de Macron lui ont fortement conseillé de réagir s’il ne voulait pas mettre en danger sa réélection. Le capitalisme français sait encore faire passer des messages au pouvoir.
Le mouvement a été décevant car, in fine, il a montré que le gouvernement pouvait, en changeant de ton et en alignant une trentaine de milliards, réussir à tasser un mouvement social majeur. Ce ne sont d’ailleurs pas des mesures qui viennent réellement en aide aux Gilets jaunes mais bénéficient plutôt aux classes moyennes. Si on avait voulu vraiment donner de l’argent aux Gilets jaunes, il y avait plusieurs mesures possibles. On aurait pu pratiquer des annulations de dettes ciblées, en lien avec la Banque de France, mettre en place des actions pour le renouveau industriel de certains sites, plus prosaïquement retirer complètement la règle des 80 km/h. On aurait aussi pu mettre en place des subventions énergétiques pour limiter les coûts. Ces mesures, qu’elles soient bonnes ou mauvaises, auraient eu le mérite d’être plus ciblées. Le gouvernement a arrosé très large et le mouvement s’est calmé. L’esprit des Gilets jaunes a-t-il disparu pour autant ? Rien n’est moins sûr. Le covid a été, de ce point de vue, un heureux hasard pour le gouvernement.
Dans quelle mesure l’économie et la société continuent-elles d’être tournées exclusivement vers les intérêts des mieux intégrés et les bénéficiaires de la mondialisation ? A quel point les problèmes qui ont mobilisé les Gilets jaunes il y a trois ans persistent-ils ?
Christophe Boutin : « Exclusivement » serait sans doute excessif, puisqu’il y a eu une certaine prise de conscience après le mouvement des Gilets jaunes, mais aussi, et surtout, parce que la crise sanitaire mondiale a conduit à remettre en cause certains des éléments critiqués par ces derniers. On a vu en effet, on voit encore, et l’on verra sans doute mieux demain, les effets délétères de la « mondialisation heureuse » dont on vantait les mérites. On a vu par exemple ce qu’il en coûte à un État d’être incapable de produire des masques de protection, des médicaments, des vaccins. On voit actuellement, par les pénuries multiples que connaissent nos artisans et nos industriels – pénurie de bois, de composants informatiques, de papier, d’engrais -, que ce réservoir qui était censé irriguer le monde peut à chaque instant être coupé, comme l’a été le canal de Suez lorsqu’un porte-conteneurs s’y est échoué.
L’une des solutions est donc le retour au localisme, aux circuits courts, à la proximité. C’est aussi la réindustrialisation, et la nécessaire reprise en main par les États de certains secteurs vitaux comme ceux de la santé ou de l’énergie. Autant d’éléments qui recoupent effectivement bien des revendications exprimées par les Gilets jaunes… mais qui ne peuvent être mis en œuvre dans la pratique, car contraires à la doxa du pouvoir et aux traités signés. Le président français continue ainsi de promouvoir le mythe d’une « Europe puissance », d’une « souveraineté européenne », feignant d’oublier qu’au plus fort de la crise, tandis que la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, enregistrait un clip vidéo pour expliquer aux Européens comment se laver les mains, les États de l’Union s’arrachaient les livraisons de masques à peine ceux-ci débarqués des avions. Et la relance prévue, fléchée par secteurs prioritaires par l’Union et par la France – et dans le financement de laquelle la France sera déficitaire – continue ainsi de développer les mêmes axes que ceux qui amenèrent à creuser la dette et à impacter les classes moyennes – et notamment celui d’un pseudo écologisme qui sert les intérêts des grands groupes capitalistes et des fonds de pensions, le cas de l’éolien ayant ici valeur d’exemple caricatural.
Don Diego de la Vega : Il n’y a pas eu de désarmement règlementaire ces dernières années, ni de desserrement fiscal. Il n’y a pas eu de changement économique majeur en faveur des Gilets jaunes. Nous sommes en train de « cramer la caisse » et de se préparer à au moins une dizaine d’années de non-baisse voire de hausse des impôts. Avec le Covid, on a dépensé 400 milliards en peu de temps, il faudra bien les récupérer. L’espoir secret étant que la BCE les intègre à son bilan et que cela soit oublié. Il faut toutefois reconnaître du talent pour tenir des discours offensifs, dépenser de l’argent.
Certains blâment le libre-échange comme cause de la situation, est-ce un faux coupable ?
Don Diego de la Vega : La réponse est aux antipodes de cela. Le problème est avant tout celui de la réglementation et de la fiscalité nationale, décidée par des élites parisiennes. Le ras-le-bol se place contre ces élites. Les problèmes sont franco-français, nous nous sommes mis tout seul dans une situation catastrophique.
Le libre-échange explique pourquoi les Taiwanais font des semi-conducteurs et plus les Français mais pas d’expliquer les Gilets jaunes. Les Gilets jaunes ne travaillaient plus, ou alors travaillaient dans des industries locales de moyenne gamme, ou comme employés de bureaux. Mais ce ne sont pas directement des victimes de la mondialisation. Que certains soient des perdants nets, c’est possible, mais il y a de tels gains avec le libre échange que normalement on doit pouvoir redistribuer. Si l’État français ne l’a pas fait, c’est de la faute de la France. Le libre-échange comme concept n’est pas en cause. La carence est d’abord celle de l’État et des élites françaises. Ils n’étaient pas obligés d’acter les 80 km/h, d’entrer dans l’euro ou de faire des choix qui démolissaient les filières d’excellence française. On peut renoncer au libre-échange si on renonce au matérialisme, mais on peut douter que les Français veuillent de cela. Ils désirent les avantages du libre-échange, sans les inconvénients. C’est normalement à l’État protecteur de s’assurer de lisser ces derniers, surtout quand il dépense 800 milliards d’euros par an en dépenses sociales. Disraeli disait, « la seule mission de l’Etat est de garantir la protection sociale du peuple ». Et si on veut renoncer à importer on doit aussi renoncer à exporter… lorsqu’on connait les chiffres du luxe par exemple, on voit bien que c’est impossible.
Avoir la main sur notre politique monétaire aurait-il permis de mieux régler le problème ?
Don Diego de la Vega : Disposer de son autonomie monétaire, pour un État qui se dit souverain, c’est indispensable. Si vous avez une monnaie « d’occupation », qui ne correspond pas à vos besoins, vous êtes obligés de vous adapter à cette monnaie. Normalement, c’est à la monnaie de s’adapter aux besoins du pays. L’inverse n’est pas possible, surtout pour un pays comme la France. L’euro devrait s’adapter à nous et pas l’inverse. Cette monnaie est dysfonctionnelle, elle n’est pas adaptée au XXIe siècle, elle nie le cycle économique, les possibilités d’adaptations, etc. Cela entraîne forcément des problèmes de compétitivité, des licenciements ou des non-créations d’emploi et explique une partie des Gilets jaunes. L’euro a, en plus, un taux de change trop élevé, avec un biais restrictif, qui rend la monnaie trop chère. Et cela attaque notre industrie de moyenne gamme une seconde fois. Si en plus, on rajoute les problèmes franco-français de réglementation et de fiscalité, cela fait beaucoup. Il y a donc un lien direct entre politique monétaire et Gilets jaunes. On l’a vu historiquement lors de l’unification italienne. Avant l’euro, on ne parlait pas du manque de compétitivité vis-à-vis de l’Allemagne. Sans flexibilité monétaire, on est rapidement piégés. Mais il y a aussi une responsabilité du pouvoir français. Quand la BCE peine à avoir une politique monétaire contracyclique, il faut compenser par une politique économique et sociale contracyclique, Emmanuel Macron ne l’a pas fait. La politique budgétaire produit toujours un double effet kiss cool. D’abord on dépense, ensuite on présente la facture. Emmanuel Macron est populaire car la facture de la crise Covid n’a pas encore été présentée.
Les causes structurelles ayant mené aux Gilets jaunes ont-elles été entendues par les responsables politiques ?
Christophe Boutin : Par les responsables politiques actuellement au pouvoir, la réponse est très certainement négative. Que les revendications des Gilets jaunes aient été entendues, et même écoutées, certains croient le déduire de l’existence du Grand débat mis en place par Emmanuel Macron pour tenter de sortir de cette crise. Mais ce débat relevait de la technique habituelle du président français, qui estime toujours, face à un avis contraire au sien, que l’autre se trompe, que la situation a été mal comprise, et qu’il suffira de faire comprendre la seule réalité – la sienne – pour rallier les mécontents. Le Grand débat n’a ainsi été ni « grand », découpé qu’il était en tranches thématiques, ni un débat, mais un monologue à vocation pédagogique servi par un homme de théâtre.
De plus, comment le pouvoir politique pourrait-il tenter de satisfaire les revendications des Gilets jaunes quand celles-ci vont de manière évidente à l’encontre de la doxa des pouvoirs supranationaux ? Le pouvoir étatique a été volontairement englué dans une série de rets et, comme le lion de la fable, lorsqu’il se débat en rugissant ne fait que les resserrer autour de lui. C’est le cas des traités, traités internationaux de libre échange divers et variés bien imprudemment signés, notamment en tenant compte des mécanismes de résolution des conflits ou du droit applicable, ou des traités transférant compétence après compétence à l’Union européenne. C’est surtout le cas des jurisprudences, qu’il s’agisse de celles du juge européen, avec le principe de la primauté du droit de l’Union sur toutes les normes internes, y compris constitutionnelles, mais aussi de celles la Cour européenne des droits de l’homme.
Ce gouvernement des juges, allié aux décisions des institutions supranationales, contribue à faciliter le développement et la toute puissance d’une économie transnationale financiarisée qui engage dans une spirale infernale cette société occidentale dont les Gilets jaunes souhaitaient préserver les structures. Car il semble évident maintenant que le développement ou l’apparition de classes moyennes dans d’autres parties du monde – l’exemple de la Chine étant le plus révélateur, mais pas le seul – se fait non pas parallèlement à un même développement pour les classes moyennes occidentales, mais bel et bien à leur détriment.
Alors qu’Emmanuel Macron avait pourtant lancé un Grand débat national, les sujets de préoccupation évoqués lors des événements sont-ils désormais dans le débat politique ? De quoi ont besoin les Gilets jaunes ? Les Gilets jaunes ont-ils aujourd’hui des débouchés politiques crédibles ?
Christophe Boutin : Les sujets de préoccupation des Gilets jaunes font-ils partie du débat de l’élection présidentielle de 2022 ? La réponse est oui. La question de l’insécurité culturelle, celle du déclassement des classes moyennes, le sentiment de la nécessité de restaurer l’ascenseur social, d’en terminer avec cette société « en sablier », avec son goulot d’étranglement infranchissable ou presque, pour revenir à la classique pyramide, la volonté de préserver les valeurs républicaines ou de définir ce qui constitue notre identité sont autant d’éléments sous-jacents à nombre de discours, à droite comme à gauche, comme le sont aussi, sur le plan économique, les question du localisme ou de la réindustrialisation. On entendra donc – et on entend déjà – nombre de candidats potentiels évoquer ces points.
Pour autant, la question vous posez est celle des « débouchés politiques crédibles ». Or, comme je le disais en réponse à la question précédente, pour être crédibles, ceux qui entendent mener de telles politiques de manière efficiente ne pourront pas ne pas se poser la question des blocages que j’ai évoqués, qui obèrent toute chance de réussite. Ceux résultant de traités internationaux, qu’il faudra donc accepter parfois de renégocier, et parfois de dénoncer. Ceux résultant de cette structure très particulière qu’est l’Union européenne, dans laquelle la place des États devra sans doute être redéfinie. Ceux, enfin, résultant du « gouvernement des juges », tant nationaux qu’internationaux, qu’il faudra mettre à la raison. Et ce sera sans doute l’un des points très importants de cette campagne présidentielle de 2022 que de voir comment les différents candidats, non seulement reprendront à leur compte certaines revendications des Gilets jaunes, mais aussi choisiront les modalités de contestation de ces blocages.
C’est d’autant plus important qu’il est vraisemblable qu’une part non négligeable des Gilets jaunes partage une même défiance de l’État qui est typiquement de celles qui conduisent à l’abstention. Or l’une des clefs de l’élection, pour les candidats qui souhaiteraient parvenir au second tour mais aussi gagner ensuite l’élection présidentielle, plus que celle de savoir comment convaincre les habituels centristes hésitants, est bien sans doute de savoir comment faire revenir aux urnes les abstentionnistes. Il faudra pour cela à ces candidats être crédibles dans leur politique de lutte contre les blocages cités, une lutte qui n’est finalement jamais que celle pour la restauration de la souveraineté d’un État et de son peuple.
Don Diego de la Vega : Pour améliorer la situation des Gilets jaunes, on peut envisager plusieurs choses. On connait les similitudes entre les Gilets jaunes et certains mouvements anti-pass sanitaires. L’abolir serait faire un geste envers eux. Second point, je mets des spécialistes de la sécurité routière à la tête de la sécurité routière plutôt que des préfets. Des camionneurs ou des pilotes de rallye, des gens qui connaissent la route et savent dire où est-ce que 120 km/h est acceptable et où est-ce que même 60 km/h c’est dangereux. Pour les motiver, il faudrait prévoir des incentives. Evidemment, il faut que ces mesures soient territorialisées et d’abord expérimentales. Troisièmement, il faut faire pression sur la BCE au niveau macro. Sans cela aucune « remontada » n’est possible. Il faut aussi consulter les Gilets jaunes et les écouter réellement. Il faut que le président délègue, fasse confiance et accepte les expérimentations locales.
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