France : De dissolution en dissolution de l’Assemblée nationale, jusqu’à la démission de Macron ?

Par Danielle RIVA

De Gaulle serait encore vivant qu’il dirait combien il était hostile au « régime des partis ». Ce contre quoi il a créé la 5ème République, une Constitution monarchique républicaine qui donne des pouvoirs exorbitants au Président de la République. L’Assemblée Nationale n’était alors qu’un ramassis de « godillots » qui devaient obéir, « godillots » en référence au fait que de Gaulle était un militaire et en tant que tel habitué au commandement sans contestation. Ses mânes doivent souffrir.

En fait, l’une des raisons de la crise politique profonde que vit la France depuis plusieurs années, est une crise apportée par le capitalisme financier et sa dynamique anti-sociale représentée par Macron, tout comme une crise de confiance dans la représentativité institutionnelle. La « Verticalité du pouvoir » qu’il voulait rétablir, s’est accompagnée d’un certain mépris, tant et si bien que les Français ne s’y retrouvant plus, l’on prit en haine. Ils veulent une démocratie parlementaire, une représentation à la proportionnelle et un contrat social revivifié.

C’est le problème du jour. Les dernières élections, de Juillet 2024, après la dissolution, ont confirmé le vœu des Français pour une proportionnalité, en ne donnant à aucune des forces politiques présentes la majorité absolue, instaurée par la Constitution de la 5ème République.

Nous avons donc « 3 blocs » plus ou moins constitués, plus ou moins soudés, qui s’agglomèrent autour de stratégies de pouvoir différentes.

3 « blocs » pour 577 députés. La majorité absolue étant de 289 sièges, aucun des « blocs » ne peut l’atteindre sans passer des compromis.

  • Le « bloc du centre droit » :

– les Macronistes + les Centristes de droite, 6, 9 millions de voix 164 sièges

– Les Républicains « alliés », 2 millions de voix et 53 sièges

  • Le « bloc de gauche » :

Le NFP, « Front populaire », puis « Front républicain » contre « l’extrême droite » de le Pen et 7 millions de voix pour 192 sièges

FI 71 sièges, Socialistes 66 sièges, écologistes 38 sièges, divers gauche 17 sièges

  • Le « Rassemblement national » et alii : 11 millions de voix et 143 sièges.

« Aucun compromis de gouvernement » pour la FI

Mais des « compromis » Jean Luc Mélenchon, qui vise depuis 2017 la présidence, n’en veut pas. Il veut la démission de Macron en procédant par des motions de censure contre les projets présentés par le gouvernement. Sa politique rappelle celle du « Front contre Front » des années 1930, avec un maximalisme du « tout le programme, rien que le programme ». Et il ne cesse d’insulter son allié, le Ps (ex-parti de gouvernement), qui est sensible à l’appel du pied de Bayrou. Or la majorité des Français (62%) veut souffler après ces mois et années de déchainements et de pirouettes énervées à l’assemblée nationale.

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Les 3 derniers gouvernements ont échoué dans la mission que leur a confié Macron qui refuse de comprendre ce qui se passe. Le gouvernement Borne (2022-2024) après la réélection de Macron en 2022 – vaillante petit soldat de la Macronie – fonctionna avec une avalanche d’articles « 49.3 », c’est-à-dire inscrire des lois, sans débats à l’Assemblée nationale. Après avoir épuisé tous ses recours légaux, elle a fini par remettre sa démission, certainement à la demande de Macron.

A suivi le gouvernement « centre gauche » d’Attal : 51 jours, genre le « premier arriviste de la classe », un Macron bis, puis le gouvernement Barnier (négociateur solide pour l’UE de la sortie des Britanniques – le Brexit) très à droite : 3 mois et deux motions de censure soutenues par les NFP et le Rassemblement national réunis qui le font tomber ! Les débats à l’Assemblée nationale offrant, alors, très souvent, un spectacle de plus en plus confus et houleux.

Enfin, vient d’être nommé le gouvernement Bayrou, démocrate- chrétien, au centre, qui risque de finir comme celui de Barnier, malgré sa bonhomie gasconne du Sud-Ouest de la France, toute semblable à celle du « Bon Roi Henri IV » (1553/1610) – qui en France a mis fin aux guerres de religions et ordonna par édit royal que les Français mangent une « poule au pot » chaque Dimanche, pour lutter contre la famine – qui a quand même été assassiné.

Bayrou, ne promet pas de « poule au pot » mais le retour à une certaine stabilité, à des débats cohérents à l’Assemblée nationale, loin de ce que les Français ont pu voir ces deux dernières années. Mais il est entre les mains de le Pen et de jean Luc Mélenchon.

Combien de temps le nouveau gouvernement Bayrou va-t-il tenir ?

Quelques jours, semaines, quelques mois avant qu’une nouvelle dissolution de l’Assemblée Nationale soit possiblement prononcée par Macron, mais qui annoncerait sa fin politique ? Au Printemps/Eté 2025 ?

Les Français rejettent majoritairement ce qu’est Macron.

Déclin du pays : les Français le rendent responsable du déclin du pays, de ses choix erronés, au niveau international, de la France expulsée de l’ex France/Afrique à son soutien à Israël, et de celui sans limites à l’Ukraine. Il persiste à vouloir envoyer des bataillons de soldats Français et Européens en Ukraine.

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Social : assez déterminés, les Français ne veulent pas de la réforme des retraites à 64 ans. Ils veulent conserver les 62 ans et pourquoi pas le retour à 60 ans. Ce n’est pas négociable. C’est devenu le cœur du conflit autour de la préservation de la protection sociale à la Française. Les Français ignorent superbement que le reste de l’Europe est passé avec les oukases de la direction européenne à 65-67 ans. Ils en font un point de fixation existentiel.

Bref, et tant que le pays est divisé entre 3 « blocs » plus ou moins compacts, il n’y aura pas de solution « politique pacifiée », si les divers gouvernements de centre droit désignés par Macron ignorent qu’ils sont minoritaires et refusent de nommer aux responsabilités quelques représentants de la FI et du RN.

Le Rassemblement National, se rapproche dangereusement du pouvoir. A l’ère Trump et son ami Musk, un mariage inquiétant entre politique post démocratique et le libertarisme des élites anti-sociales et racistes au pouvoir aux Usa. Musk a de quoi financer tous les groupes d’extrême droite de l’UE et d’ailleurs, et de s’ingérer dans la politique allemande et britannique, ou ailleurs, par exemple Danoise avec l’ « annexion » du Groenland.

La réalité de la politique française, c’est un RN devenu en nombre de votants le premier parti de France. Il ne faut pas l’ignorer, comme le fait le NFP quand il se dit lui-même « majoritaire » en sièges, résultat d’une alliance LFI, Verts, Socialistes, l’ex « gauche plurielle ». Or le NFP est loin d’avoir le même poids avec ses 7 millions de votants, que le RN avec ses 11 millions de voix, en progression constante, qui se renforce à chaque spectacle donné par l’Assemblée nationale qui a même failli en venir aux poings. Refuser cette réalité ne peut qu’être nocif pour les combats à mener.

C’est à dire accentuer la lutte contre le capitalisme globalisé, et pas exclusivement la lutte contre « l’islamophobie » très médiatique, qui sert ç l’extrême gauche de remise en cause de la laïcité, l’un des piliers de la République. La « gauche de la gauche » préfère privilégier les « libertés LGTBIQ+ », qui doivent être libres de s’exprimer, vivre en toute légalité et quiétude, mais qui restent des revendications dont s’accommode assez bien le capitalisme dans sa marche de destruction de la « cellule famille » et de tout ce qui est « collectif » pour y opposer la marchandisation des individus/consommateurs.

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La lutte contre le RN qui se présente comme un ami social, pour les revendications sociales, doit s’appuyer sur l’ensemble des citoyens(es) pour leurs revendications : emplois, salaires, pouvoir d’achat, logement, santé, éducation, bref d’un « mieux vivre » social et politique à remettre constamment en chantier, à dépasser toujours vers le mieux social et écologique. Cette lutte pour la « répartition de la plus-value » attaque le fondement même du système capitaliste dont on ne peut tolérer que ses représentants disent actuellement avoir « gagné la bataille de la lutte de classe ».

Cette bataille est la « mère de toute les batailles ». Elle peut connaître des hauts ou des bas, mais elle est permanente !

Nous ne devons pas la rater face à un monde qui s’annonce encore plus déstructurant : élection de Trump, offensive de l’IA, environnement de guerres possibles avec la Chine ou sans fin avec l’Ukraine contre la Russie, inventivité d’armes de plus en plus létales et aussi de surveillance des citoyens, une Europe colonisée par l’Amérique, une crise écologique plus intense, des épidémies diverses à venir sans vaccination, etc.

Les « Gilets Jaunes » avaient ouvert une voie, mais ils ont refusé de se structurer, même démocratiquement, au niveau national. Il ne faut jamais abandonner la lutte, ni renoncer à l’analyse critique de nos échecs passés ou en cours, et lancer de nouvelles alliances politiques prenant en compte la réalité de l’état de notre monde.

Janvier 2025

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