Fin de crise en Équateur: «Personne ne sort gagnant dans cette affaire»

Jul 1, 2022

En Équateur, après 18 jours de manifestations et de blocages dans le pays, les communautés indigènes ont mis fin à leur mouvement jeudi 30 juin. Leurs représentants ont trouvé un accord avec le gouvernement, qui porte essentiellement sur une baisse du prix des carburants. Mais certains points restent encore à négocier. Trois questions à Emmanuelle Sinardet, professeure de civilisations latino-américaines à l’Université Paris-Nanterre.

RFI : Qu’y a-t-il concrètement dans cet accord ?

Emmanuelle Sinardet : Ce qui a été obtenu très concrètement, dans l’accord, c’est une baisse de quinze centimes le gallon sur le prix des carburants. C’était une demande pressante de la part des mouvements indigènes, mais aussi du reste de la population. Ils ont aussi obtenu la suspension de l’état d’urgence. Et enfin des mesures qui sont gelées pour limiter la pénétration des activités dites extractivistes minières et pétrolières dans les terres des communautés autochtones (…). Mais il y a des mesures d’encadrement des prix qui sont posées dans cet accord, qui ne sont pas définies, ainsi que des principes comme donner la priorité des politiques publiques à la santé et à l’éducation interculturelle bilingue. Il est prévu dans cet accord une « table de dialogue », en fait un espace de négociation qui devrait être mis en place et qui durerait 90 jours pour discuter de ces autres points. Donc, on a bien un accord, mais qui devrait être une première étape pour des négociations.

Qui sort gagnant de cet accord ?

Personne ne sort gagnant dans cette affaire. Les représentants du gouvernement et M. Lasso (Guillermo Lasso, président équatorien, NDLR) se présentent comme ayant été capables de dialogue et d’écoute. Je pense que 18 jours (de manifestations, NDLR) et près d’une dizaine de morts, semblent montrer le contraire. Il me semble que M. Lasso sort encore plus affaibli qu’avant le début des mobilisations (…) S’agissant de celui qui s’est présenté comme son principal opposant, M. Leonidas Iza, le président de la Conaie (Confédération des nationalités indigènes), il présente cet accord comme une victoire, il parle même de triomphe. (…) Mais il semble que cet accord n’ait pas fait immédiatement l’unanimité au sein des différents mouvements. Et finalement, M. Leonidas Iza me semble affaibli.

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Équateur: réactions mitigées à la suite de l’accord trouvé entre indigènes et gouvernement

Jul 1, 2022

Après 18 jours de manifestations et de blocages dans tout l’Équateur, mouvement indigène et gouvernement sont enfin parvenus à un accord, grâce à la médiation de la conférence épiscopale équatorienne. Parmi les mesures obtenues, une baisse de 15 centimes du prix de l’essence, mais également une meilleure maîtrise de l’activité minière et pétrolière. Réactions en demi-teinte parmi les manifestants.

Avec notre envoyée spéciale à Quito, Alice Campaignolle

À l’extérieur du bâtiment de la conférence épiscopale, ils étaient des centaines de manifestants à s’être réunis, attendant les résultats du dialogue. Un accord a finalement été signé, mais non sans douleur. On a vu Leonidas Iza, le leader de la Conaie, le mouvement des peuples indigènes, douter, hésitant à apposer sa signature. Mais il a finalement accepté l’ensemble des mesures proposées, dont une baisse du prix de l’essence, moindre que celle de 40 centimes exigés.

C’est une victoire, nous avons tenu 18 jours pour parvenir à cet accord. Si jamais les décrets annoncés ne sont pas appliqués, nous redescendrons dans la rue, mais pour l’instant le mouvement est suspendu. Nous souhaitions une baisse de 40 centimes de dollar sur le carburant, nous avons donc cédé 25 centimes. Sur le plan financier enfin, nous n’avons rien cédé, mais il faut continuer de négocier.

C’est une victoire pour certains, comme pour Dany : « Ça a été une très grande bataille. Dans l’histoire, c’est la plus longue grève générale du mouvement indigène. Et il y a des résultats. Mais nous comprenons également la situation économique du pays, on ne peut pas continuer, car l’économie est en récession. »

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