Ex-patron de la DST: «Il ne faut pas chatouiller l’ours russe»

Yves Bonnet, ex-patron de la DST (Direction de la surveillance du territoire), président du centre international de recherches et d’études sur le terrorisme, a présenté à RT France la façon dont il pense qu’il faut répondre à la menace terroriste.

«Je crains que M. Macron n’ait aucune expérience de la lutte contre le terrorisme et je l’attends dans les actes et dans les faits», affirme l’ex-patron de l’espionnage français Yves Bonnet. Pour lui la task-force anti-Daesh que propose le président fraîchement élu, «ce sont des mots, c’est un discours» et il ne suffit pas de dire qu’il faut lutter contre le terrorisme.

Pour Yves Bonnet, l’état d’urgence ne sert à rien, de même que le plan Vigipirate : «Ce n’est pas en mettant des gens avec des fusils dans la rue qu’on écarte les attentats», explique l’ancien haut fonctionnaire pour qui il faudrait surtout privilégier le renseignement humain et la coopération internationale, y compris avec la Syrie et la Russie. «Il est certain qu’il faut travailler ensemble, nous ne pouvons pas nous passer de la collaboration avec la Russie», juge Yves Bonnet.

Le terrorisme, c’est la réponse du faible au fort

Quant à l’ampleur de la menace terroriste l’ex-patron de la DST estime qu’il ne faut pas l’exagérer, du moins en France : «La mise en spectacle des morts, c’est d’abord indécent et contre-productif». Il estime en outre que la nation doit garder sa dignité et montrer aux terroristes que ce genre d’attentats ne la touche pas. Il reste toutefois convaincu qu’il faut s’attendre à de nouvelles attaques terroristes en France.

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«Le terrorisme, c’est la réponse du faible au fort. C’est donc une réponse a priori facile», affirme Yves Bonnet. «Quand vous y ajoutez une fanatisation d’une certaine catégorie de la population évidemment le terrorisme devient une expression facile et courante», déplore l’ancien responsable de l’espionnage.  Il faut, selon lui, banaliser le terrorisme, apprendre à vivre avec lui et lui apporter une réponse globale.

La perception de la menace russe par l’OTAN est une perception volontairement très exagérée

Mais unir les efforts pour lutter contre le terrorisme au niveau mondial bute sur le fait que la Russie est considérée comme un grand méchant par l’OTAN et une partie des élites françaises. Mais l’ex-patron de la DST ne partage pas cette vision. Il reconnaît que même à l’époque de la guerre froide, les services spéciaux français avaient des relations informelles avec le KGB. Leurs «petits camarades» du KGB les prévenaient même à l’époque que la Russie et l’Occident se retrouveraient un jour côte-à-côte pour lutter contre les islamistes.

L’OTAN veut perdurer et sa seule raison de vivre et d’exister, c’est vous, les Russes

Aujourd’hui, le pouvoir français a une vision opposée, qui se base plutôt sur l’idée d’une confrontation avec la Russie. Or, «il ne faut pas chatouiller l’ours russe», fait remarquer Yves Bonnet, avant de préciser : «La perception de la menace russe par l’OTAN est une perception volontairement très exagérée». «L’OTAN veut perdurer et sa seule raison de vivre et d’exister, c’est vous, les Russes, mais vous n’êtes plus les méchants», confie encore l’intéressé. D’après lui, il est «profondément déplorable» que la France fasse partie de l’OTAN, un organisme devenu «plus dangereux que bénéfique» et qu’à ses yeux, il est nécessaire de dissoudre.