28 nov. 2018
Evincé de la liste LFI pour les européennes, l’un des concepteurs du programme de Défense de Jean-Luc Mélenchon, Djordje Kuzmanovic, a annoncé quitter le parti en raison d’un «manque de démocratie» et d’une ligne politique qui a «beaucoup varié».
«Un an et demi après la magnifique campagne présidentielle de 2017, La France insoumise [LFI] est dans l’impasse», assène Djordje Kuzmanovic, l’ancien orateur national du mouvement dans une tribune titrée «Pourquoi je quitte LFI», publiée dans Marianne le 28 novembre.
Son éviction de la liste du parti pour les européennes, signifiée en début de semaine «après des mois de louvoiements […] illustre les écueils de ce mouvement en même temps qu’elle rend manifeste le conflit idéologique qui le traverse de longue date», selon lui.
«Dénoncée par la vaste majorité des militants et des responsables régionaux, l’organisation du mouvement se caractérise par un manque profond de démocratie», explique Djordje Kuzmanovic.
«La forme horizontale et gazeuse du mouvement, censée reposer sur les initiatives du terrain, recouvre, comme souvent, l’extrême concentration du pouvoir aux mains d’un petit groupe de nouveaux apparatchiks et bureaucrates, aux convictions mollement sociales-démocrates, qui, parce qu’ils n’ont jamais été élus, ne peuvent pas non plus être démis de leurs fonctions», écrit-il.
La fin de la «stratégie populiste» de LFI ?
Djordje Kuzmanovic regrette aussi qu’après la «stratégie populiste» qui a fait le «succès» de la campagne présidentielle, «les nouveaux cadres de la France insoumise, arrivés avec la marée du succès et majoritairement issus du militantisme gauchiste, sont vite revenus à leurs vieux réflexes», la nécessité d’une «gauche rassemblée», ajoute-t-il.
Dans un tweet, il matraque : «Après des mois d’attaques internes et de désaveux publics, alors que mon tort a été de défendre la ligne républicaine, laïque, souverainiste et jaurésienne incarnée par Jean-Luc Melenchon en 2017, je quitte La France insoumise.»
Après des mois d'attaques internes et de désaveux publics, alors que mon tort a été de défendre la ligne républicaine, laïque, souverainiste et jaurésienne incarnée par @JLMelenchon en 2017, je quitte la @FranceInsoumise.
Ma tribune dans @MarianneleMag :https://t.co/zZgTmHO4w6— Djordje Kuzmanovic (@Vukuzman) November 28, 2018
Le 27 novembre, Djordje Kuzmanovic avait été évincé de la liste LFI pour les européennes de 2019. Sur les réseaux sociaux, il s’en prenait alors à tous les «communautaristes adeptes de la gauche qui perd» qui seraient «ravis» de son éviction, en ciblant notamment Taha Bouhafs, activiste LFI qui se décrit comme un «militant des quartiers populaires [et] antiraciste».
Bon, on va pas bouder notre plaisir. 😘🎉🎊#JePayeMaTournéeAuComité #BonsBaisersDeGauche https://t.co/51uHVYsFye
— Taha Bouhafs (@T_Bouhafs) November 27, 2018
Taha Bouhafs avait effectivement écrit qu’il ne «boudait pas [son] plaisir» en apprenant la décision du comité électoral de la France Insoumise d’exclure Djordje Kuzmanovic des élections européennes.
Le chef de file LFI Jean-Luc Mélenchon a pour sa part exprimé un «ras-le-bol» contre les médias : «[Ils] nous grillent la moitié de notre temps de parole à nous faire commenter les déclarations personnelles de tel ou tel des 500 000 insoumis».
Ras-le-bol des médias qui nous grillent la moitié de notre temps de parole à nous faire commenter les déclarations personnelles de tel ou tel des 500 000 insoumis.
— Jean-Luc Mélenchon (@JLMelenchon) November 28, 2018
Né en 1973 en ex-Yougoslavie, Djordje Kuzmanovic est un ami de longue date de Jean-Luc Mélenchon, qu’il a rencontré en 2005 par l’intermédiaire de Charlotte Girard, cadre du Parti de gauche. Il a d’ailleurs rejoint le Parti de gauche en 2009.
Il a été au centre d’une controverse à gauche en septembre lorsqu’il avait plaidé le nécessaire «assèchement des flux migratoires».