Oui, l’islamophobie actuelle ressemble à l’antisémitisme des années 30, par Guillaume Weill-Raynal
Par Guillaume Weill-Raynal
Le discours anti musulmans d’aujourd’hui repose sur des fantasmes déconnectés du réel. A y regarder de plus près, il est structuré et fonctionne exactement comme les théories antisémites d’avant-guerre.
Certains s’indignent que l’on ose comparer les attaques dont les musulmans sont aujourd’hui l’objet à l’antisémitisme d’autrefois. Il ne s’agit bien évidemment pas de la Shoah, auquel cas le parallèle serait effectivement scandaleux. Mais le discours islamophobe qui gagne chaque jour un plus de terrain ressemble en tous points aux théories antisémites qui fleurissaient en France dans les années 30 : il repose sur une base largement fantasmatique à laquelle une construction savante donne les apparences de la vérité et de l’évidence. Il essentialise et stigmatise une population prise dans son ensemble. Enfin, il est soutenu et développé par des figures majeures du paysage intellectuel et politique. Au final, l’opinion finit par être persuadée de l’existence d’un « problème musulman » comme on avait réussi naguère à la convaincre de l’existence d’une « question juive ».