Invité de notre antenne, l’ancien ministre des Affaires étrangères a appelé Emmanuel Macron à “hausser le ton” face à son homologue américain, engagé dans une escalade de tension avec le régime de Téhéran.
Il sonne une fois de plus la charge contre le “bellicisme” américain et la “trumpisation” de l’ordre mondial. Invité de BFMTV ce mardi, Dominique de Villepin s’est montré inquiet sur la crise qui oppose Donald Trump au régime iranien. Particulièrement sévère à l’égard du locataire de la Maison blanche, l’ancien Premier ministre de Jacques Chirac a plaidé pour qu’Emmanuel Macron hausse le ton vis-à-vis de son remuant homologue.
“Il est temps de dire son fait à Donald Trump. On ne peut pas à la fois (…) avoir une ‘relation spéciale’ avec les États-Unis et avoir un partenaire qui met en cause en permanence l’Union européenne, qui met en cause la crédibilité du soutien de l’OTAN. Donc il est temps d’élever la voix, (…) établir un rapport de force”, a tonné Dominique de Villepin.
“La France doit parler clair”
D’après celui qui, en tant que ministre des Affaires étrangères, avait exprimé devant l’ONU le refus de la France de participer à l’invasion anglo-américaine de l’Irak en 2003, “notre principal allié ne se comporte pas en allié”. “Il y a un intérêt général à réagir face à Trump”, plaide-t-il, estimant que les pays impliqués dans la crise actuelle – Iran, Israël, pays du Golfe – n’ont, individuellement, aucun intérêt à ce que la tension grimpe.
Dominique de Villepin juge par ailleurs que la guerre est, à un peu plus d’un an de l’élection présidentielle américaine, un outil entre les mains de Donald Trump. Il regrette que les pays occidentaux, en particulier la France, soient “passifs et silencieux” face à Washington.
“Aujourd’hui, si nous voulons empêcher Donald Trump de recourir de façon absolue à l’arme de la guerre, (…) il faut une politique de clarté et de responsabilité, et la France doit parler clair, et doit parler fort, et doit parler vrai.”
Trump est “vulnérable”
Dans un tel contexte, l’ancien locataire du Quai d’Orsay et de Matignon appelle l’Élysée à se montrer beaucoup plus ferme. D’autant plus que le président américain est, selon lui, politiquement “vulnérable”.
“Les États-Unis, ce ne sont pas une île. Nous pouvons aujourd’hui envoyer des messages extrêmement forts aux Américains. (…) On ne peut pas être la première puissance mondiale et agir en grand perturbateur du monde.”
Un message que la France, espère Dominique de Villepin, adressera à son allié lors du G20 d’Osaka, qui démarre vendredi, et surtout lors du G7 de Biarritz, prévu pour la fin du mois d’août.