Chirac, Poutine et Schröder : le trio européen des années 2000

29 Sept. 2019

Ils incarnaient une époque qui semble aujourd’hui bien lointaine : dans le début des années 2000, Jacques Chirac, Vladimir Poutine et Gerhard Schröder affichaient une complicité et revendiquaient une coopération fructueuse entre leurs pays.

Une trentaine de chefs d’Etat et de gouvernement étrangers ont annoncé leur venue le 30 septembre à Paris, pour rendre hommage à l’ancien président de la République Jacques Chirac, décédé le 26 septembre.

Parmi eux, le président russe Vladimir Poutine et l’ex-chancelier allemand Gerhard Schröder, qui ont dirigé leur pays respectif dans la première partie des années 2000, en même temps que le défunt chef d’Etat. Les trois hommes présentaient, devant la presse, une relation des plus cordiales voire complice. Cette apparente proximité pouvait laisser présager d’un rapprochement durable entre la France, l’Allemagne et la Russie. Une perspective bien différente de celle que les trois pays ont connu au cours de ces dernières années, bien qu’Emmanuel Macron ait manifesté, cet été, la volonté d’un rapprochement avec Moscou.

Chirac : un «visionnaire» pour Poutine, un «ami» pour Schröder

Le président russe Vladimir Poutine a immédiatement réagi à la mort de Jacques Chirac le 26 septembre. Dans un message de condoléances adressé à Bernadette Chirac, il a salué un dirigeant «sage et visionnaire» dont le nom est lié à «toute une période de l’histoire moderne de la France». «La Russie se souviendra de sa grande contribution personnelle au renforcement de relations amicales entre nos Etats, ainsi qu’à notre coopération bilatérale mutuellement bénéfique», a-t-il également déclaré.

En juin dernier, le président russe avait déjà fait l’éloge de l’ancien chef d’Etat français. «Le dirigeant qui m’a le plus impressionné était l’ancien président français Jacques Chirac», avait ainsi déclaré Vladimir Poutine lors d’une interview au Financial Times, le 29 juin. Et de le décrire alors comme «un vrai intellectuel, un homme cultivé, un homme riche en savoir tout en étant très intéressant».

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Pour sa part, Gerhard Schröder, qui fut chancelier de 1998 à 2004, a écrit à la mort de Jacques Chirac : «En tant que chancelier, j’ai eu la chance de travailler avec [Jacques Chirac] pendant sept ans. Il m’a fallu du temps pour déchiffrer cette personne si particulière. Avec lui, on pouvait faire en même temps l’expérience de la distance et de la proximité.» «C’était un homme politique expérimenté, un Européen qui avait le sens de l’histoire, un homme charmant. Cet homme qui était devenu un ami me manquera», a également affirmé Gerhard Schröder, pour qui le geste symbolique le plus fort de Jacques Chirac fut la décision de l’inviter, en tant que chancelier allemand, aux commémorations du débarquement en Normandie en 2004. Une commémoration à laquelle le président français avait d’ailleurs convié son homologue russe.

Les trois dirigeants ont partagé, en outre, leur opposition à l’intervention américaine en Irak.

Au niveau bilatéral, si Jacques Chirac a perpétué – dans une moindre mesure – l’idée de couple de franco-allemand portée avec force par son prédécesseur François Mitterrand, il s’est également présenté comme un dirigeant favorable à l’établissement de bonnes relations avec la Russie. «Jusqu’ici, les meilleures relations [entre la France et la Russie], c’était avec Jacques Chirac», affirmait le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, en amont de la première rencontre entre Vladimir Poutine et Emmanuel Macron en mai 2017.

Ces bonnes relations sur la scène internationale et la proximité apparente des trois dirigeants, semblaient témoigner, il y a près de deux décennies, de la possibilité d’un dialogue voire d’une entente entre les trois nations européennes.

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