17 mars 2020
L’impact économique du Covid-19 poussera-t-il certaines économies européennes, frappées de plein fouet, à revoir leur fondamentaux ? Des mesures prises dans l’urgence par Rome et envisagées par Paris pourraient le laisser présager.
«Il nous faudra demain tirer les leçons du moment que nous traversons», déclarait le 12 mars Emmanuel Macron lors de son allocution aux Français, consacrée à la crise du coronavirus. Ce potentiel changement de cap s’applique-t-il également aux politiques économiques néolibérales menées par le chef de l’Etat et par certains de ses homologues européens ? Paris et Rome sont en tout cas contraints de prendre ou d’envisager des mesures d’urgence, alors que l’ensemble des restrictions mises en place par de nombreux pays à travers le monde afin de lutter contre la pandémie de Covid-19, ont de lourdes conséquences sur l’économie et la finance.
«Une compagnie nationale est stratégique pour notre pays»
Le 16 mars au soir, le gouvernement italien a ainsi fait part de son intention de nationaliser la compagnie aérienne Alitalia, au bord de la faillite depuis des années, dans le cadre d’un plan d’urgence visant à endiguer l’impact économique de la pandémie de Covid-19.
Pour aider l’entreprise, le Conseil italien «prévoit la constitution d’une nouvelle société entièrement contrôlée par le ministère de l’Economie et des Finances, ou contrôlée par une société à participation publique majoritaire, même indirecte», explique un communiqué publié le 16 mars au soir, sans toutefois en préciser les délais ou autres modalités.
Rome a ainsi prévu une enveloppe globale de 600 millions d’euros pour l’ensemble du secteur aérien national, dans lequel Alitalia représente la part du lion.
Un nouvel appel à manifestation d’intérêt pour racheter Alitalia avait pourtant été publié il y a moins de deux semaines, le 5 mars, et les entreprises ou fonds intéressés avaient jusqu’au 18 mars pour se faire connaître, selon un document publié sur le site de la compagnie.
Des contacts ont eu lieu avec la compagnie aérienne américaine Delta, l’allemande Lufthansa et le gestionnaire italien d’autoroutes et aéroports Atlantia (famille de Luciano Benetton), selon l’AFP.
Alitalia, confrontée à la concurrence extrêmement vive des compagnies à bas coûts, ne peut pas non plus rivaliser avec les autres compagnies traditionnelles faute d’une taille suffisante, alors qu’un important mouvement de concentration s’est réalisé ces dernières années. Ainsi, la compagnie perdrait environ 300 millions d’euros par an.
Pourtant, cette mauvaise situation économique n’a pas refroidi l’exécutif italien, qui évoque un impératif d’ordre stratégique.
«Ce n’est pas une situation facile, cette expérience [du coronavirus] m’a renforcée dans l’idée qu’une compagnie nationale est stratégique pour notre pays», a ainsi déclaré ce 17 mars la ministre des Transports Paola De Micheli à la chaîne de télévision Rainews24.
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