Bélarus: Révolution ou Contre – Révolution?

Je ne pense pas que ce qu’on appelle l’opposition soit une force qui va trop compter à l’avenir. Il y a les partis d’opposition traditionnels groupusculaires et peu populaires qui ont été obligés d’agir derrière des personnalités nouvelles (et féminines) sorties du chapeau pour ces élections, et sans passé politique connu ou clair, et maintenant il doit y avoir toute une faune qui gravite autour d’eux/elles à Vilnius, Vilnius qui n’est pas Minsk par ailleurs, sans parler du fait que la Biélorussie profonde n’a pas dit son dernier mot elle aussi, car Minsk ce n’est pas la Biélorussie, c’est 20% du pays et les grands centre régionaux comptent (Gomel, Moguilev, Vitebsk, Polotsk, Grodno). En dernière analyse, ce sera au kremlin que les choses s’arbitreront semble-t-il, même si le kremlin laissera sans doute quelques os à ronger aux Occidentaux “modérés” ou à l’opposition “sélectionnée”, s’ils donnent des gages de respecter les intérêts stratégico-militaires de la Russie  ….à moins que Loukachenko et/ou son entourage aient encore quelques atouts méconnus dans leur besace. Avec les paysans madrés, il ne faut jamais répondre trop vite, surtout en nos temps troublés où tout change rapidement, trop rapidement, à l’échelle de toute la planète. Après tout dans son dernier discours de dimanche, il leur a dit “je vous avais prévenu que ces élections seraient mouvementées, c’est ce qui s’est passé. J’ai eu raison” …raison de commettre des erreurs ? ou raison de prévoir d’autres étapes suivantes ??? Fanfaronnade d’un “has been” ou vision de quelque chose qui vient pour l’après ?

…loukachenko 1, loukachenko 2, loukachenko 3 (pour une seule famille, déjà trois candidats aux options diversifiées) ou encore quelqu’un d’autre dans l’administration ? Et puis, si les choses se calment un peu avec un gouvernement assez consensuel, le peuple de Biélorussie lui-même, n’est-il pas prêt à (re)sortir dans la rue si jamais on privatisait ? Tout le monde est bien d’accord au moins sur un fait, Louka, les opposants, poutine, les occidentaux : les Biélorussiens sont majoritairement opposés à la privatisation et au modèle libéral (et ils sont là tous d’accord, même quand cela les enragent). Louka essaie depuis quelques jours de jouer cette carte (apparemment ce seraient même des conseillers arrivés du kremlin qui lui ont conseillé de jouer cette carte pour se rétablir …un temps !) mais cette carte, elle est bien plus large que lui-même. Tout politicien un tant soit peu malin sait que, en dernière analyse, ce sera la carte gagnante à jouer pour arriver à être populaire. La jeunesse branchée bobo de la capitale qu’on nous montre ne représente pas grand chose proportionnellement, même à Minsk, quelques dizaines de milliers de personnes, ca s’attroupe mais cela n’est pas le pays réel. …Donc un candidat “populiste” anti oligarchie a toutes les chances de raffler la mise, même si au final il veut jeter ensuite cette carte à la poubelle. Mais est-ce que les Biélorussiens sont aujourd’hui sur ce sujet aussi naïfs et inexpérimentés que les Polonais en 1989 ou les Russes en 1991 ? Et donc se laisseront ils faire ou transformeront ils les grosses usines dont ils sont à juste titre fiers en forteresses ? That is THE question !!!

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N’oublions pas qu’en 1994, Loukachenko a été démocratiquement élu à la surprise générale, absolument générale, contre le candidat de la nomenklatura (Kebitch) et contre le candidat pro-occidental social-démocrate (Chouchkievitch) parce que le pays profond a déniché Louka pour empêcher la privatisation, régler leur comptes aux mafieux arrivant de Russie, rétablir la langue russe, rétablir la légitimité de la RSSB et de l’URSS, rendre leur honneur aux combattants de la république des partisans et de la reconstruction d’après guerre et accorder de l’influence à la technocratie des grandes entreprises publiques qui savait bien qu’elle n’avait aucune chance de devenir une bourgeosie possédante en ayant les oligarques russes d’un côté et l’OTAN de l’autre. Le paysan biélorussien sait regarder les choses en face et les mesurer à leur juste mesure, c’est ce qui lui a permis de durer au cours des siècles. Est-ce que les choses auraient à ce point changé ? Wait&See ! …on a éliminé une fois, en 1994, le candidat de la nomenklatura mais pas au profit de l’opposition de l’époque …grosso modo la même qu’aujourd’hui. Le choix fait en 1994 a surpris toutes les chancelleries de l’ouest et de l’est, sans aucune exception. Donc ce peuple nous a déjà habitué à des surprises de taille, serait il rentré dans le rang cette fois ? Dans le moule mondialisé ???

Wait&See ! Yo no se !!!

Bruno Drewski


Note sur le Belarus

Je voudrais insister sur le fait que nous manquons de connaissances des enjeux socio-économiques.

Et plus encore, d’informations sur les projets réformateurs en la matière.

Nous sommes, par la force des choses, focalisés sur la seule poersonnalité de Loukachenko.

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Qui est déjà un « problème du passé », même s’il n’est pas encore réglé.

C’est pourquoi, il eut été intéressant de mieux connaître les personnalités que l’opposition a invitées dans son conseil.

Et plus encore, les économistes qui, dans les coulisses, élaborent des plans pour le  cas de « changement de régime ».

Des gens inspirés probablement aussi bien par le tout-libéral moscovite que par le nôtre. (par qui au fait ?) En 1991, en URSS, on connaissait les noims des conseillers américains qui, à Moscou, aidaient les Russes à concocter les réformes radicales.

Or, nous sommes à une étape analogue: ce qui se passe au Belarus n’est pas un « Maïdan » ukrainien limité à un conflit gépolitique et politique entre groupes d’oligarques et régions/langues rivales etc…

A Minsk maintenant, comme à Moscou en 1991, c’est un changement des rapports de propriété qui se prépare, ce qu’on appellera, selon ses convictions, une « révolution » ou une « contre-révolution ».

C’est « la dernière république soviétique » qui s’en va…c’est le cycle 1917 qui s’achève, avec un peu de retard.

Quelqu’un me disait que ce qui se passe est comparable à la Pologne de 1980 avec « Solidarnosc ».

Evidemment, il n’y a pas de tel syndicat, ni d’Eglise catholique ou de Pape biélorusse…

Mais on peut se rappelle le chemin parcouru par Solidarnosc, depuis le syndicalisme « autogestionnaire », jusqu’à l’élaboration de la « thérapie de choc » néolibérale. (Et se souvenir de notre naïveté à gauche où l’on pensait que le renversement du « régime bureaucratique » allait ouvrir la voie au « vrai socialisme »).

Naïveté aussi de ceux qui avaient pensé que ce « socialisme » était déjà réalisé !

Sans tirer de conclusion quant à ce qui pourrait se passer, dans un tout autre contexte, un monde globalisé, au Belarus, dans un proche avenir ce dont nous ne savons rien comme tu le suggères.

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JMC

https://www.rtbf.be/info/monde/detail_loukachenko-accuse-les-occidentaux-de-detourner-l-attention-et-les-renvoie-a-leurs-propres-problemes?id=10565047

D’après Lukachenko s’exprimant au Conseil de sécurité ce 19 août à Minsk, les Européens proposent des entretiens tout en continuant à financer les actions de rue. Le président a remercié les ouvriers qui ne se sont pas joints aux grèves. (Qui sait quelle est la proportion de grévistes ?)

Des slogans plus radicaux apparaissent… voir ci-contre : « Le LOUKAIZM (avec croix gammée) DOIT ETRE ANEANTI »<7145F2FF-E92A-47B2-B49E-08710EB3BBC3_w650_r0_s.jpg>

 L’EDITION RUSSE DE « FORBES » TITRE : « LE VENEZUELA DE L’EUROPE ». LA NECESSITE DE PRIVATISATIONS EST LARGEMENT RECONNUE DANS LES MILIEUX D’AFFAIRES, TANT BELARUSSIENS ET RUSSES QU’OCCIDENTAUX.