Au centre d’Athènes, une gentrification accélérée et incontrôlée

Par Marina Rafenberg
Jul 13, 2023

Au centre d’Athènes, depuis la place Exarchia jusqu’à la rue Methonis, les murs et les prospectus éparpillés dans les allées parlent aux passants : « Stop à la gentrification ! », « Touristes, rentrez chez vous ! », « Vis ton mythe en Grèce avec un salaire de 650 euros. » Dans ce quartier alternatif, à la pointe des mouvements contestataires depuis le soulèvement, en 1973, des étudiants de l’Ecole polytechnique contre la junte militaire (1967-1974), les habitants s’opposent déjà depuis plusieurs années au développement des locations saisonnières et à l’uniformisation de cette zone sans banques ni grandes enseignes. Mais, malgré cette résistance, Exarchia est devenu l’un des points les plus prisés des investisseurs étrangers.

Alors que les chaleurs de l’été bercent les Athéniens en plein après-midi, la rue piétonne Methonis, ombragée et étroite, est animée par les sons des perceuses. Au 57, un immeuble de trois étages a été dépecé et seules quelques plantes au rez-de-chaussée témoignent d’une présence humaine. La retraitée qui vit dans ce logement depuis quarante ans n’a pas encore fini son déménagement. Les investisseurs, eux, veulent au plus vite mettre sur le marché les douze appartements pour en faire des locations saisonnières. Konstantinos Mouchtaridis, un artiste de 26 ans, a quitté avec regret sa colocation située au 2e étage de la bâtisse le 1er mai.

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