À propos des gilets jaunes…

Cercle Marx
Friday, November 30, 2018

C’EST AU PIED DU MUR DE L’ARGENT QU’ON VOIT TOUS LES LARBINS DU POUVOIR DE LA MARCHANDISE !

« Lorsque le prolétariat annonce la dissolution de l’ordre social actuel, il ne fait qu’énoncer le secret de sa propre existence, car il constitue lui-même la dissolution effective de cet ordre social. » Karl Marx, 1843

Qui sont donc ces Gilets jaunes qui emmerdent tant le quotidien tranquille à la fois des spéculateurs tristement cossus de la Bourse et des chiens de garde bobos du gauchisme réformiste de la merde marchande ?

C’est la vieille France gauloise et réfractaire du prolétariat indocile qui fit à la fois la Commune de 1871 et la grève sauvage généralisée de 1968 et qui tant de fois fut la grande peur de tous les gangs de l’argent et de l’État. C’est cette France qui a été expulsée à la périphérie des mégapoles de la mondialisation marchande, après avoir été chassée de ses quartiers centraux historiques par les privilégiés de toutes les restructurations immobilières du progrès de la marchandisation pendant que les proches banlieues devenaient, elles, des quartiers immigrés d’où la vieille pensée communarde était ainsi enfin éliminée.

Depuis des décennies, les malléables « Minorités » avantagées du spectacle moderniste de la marchandise avaient pris l’habitude d’être les seules à être médiatiquement entendues et estimées. Cette fois, avec les Gilets jaunes, de façon massive et incontrôlable, c’est la Majorité prolétaire constamment déconsidérée que le pouvoir du Capital voulait pourtant définitivement faire taire, qui se réveille en prenant massivement la parole pour dire que les fables écologistes, antisexistes et antiracistes de la modernité obligatoire de la soumission capitaliste sans arrêt ressassées expriment d’abord la logique des mystifications de la domination de classe.

La rage de la France du prolétariat invisible, cette classe universelle de tous les hommes qui n’ont plus aucun pouvoir sur leur vie ne cesse de grandir à mesure que les précarisations, les délocalisations et la décomposition sociales voient toute une frange de l’artisanat et de la paysannerie se prolétariser à grande vitesse pendant qu’une masse croissante de retraités sombre dans une détresse exaspérée … Cette France-là, c’est celle de la longue histoire récalcitrante que la liberté despotique du profit a rejeté avec mépris dans les périphéries de l’oubli et qui a donc revêtu un gilet jaune pour se rendre visible, parce qu’elle a tout simplement décidé de mettre fin à son bannissement programmé. C’est ainsi essentiellement le mouvement du surgissement humain des masses qui veulent précisément cesser d’être de simples masses…

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La lutte de classe est le moteur de l’histoire… Aujourd’hui comme Hier… Cela fait des décennies que la gauche et l’extrême gauche du Capital sabotent les luttes ouvrières dans les usines pendant que la paysannerie et l’artisanat sont vampirisés par le rendement financier et que la classe capitaliste organise le grand remplacement des prolétaires insoumis de l’histoire d’avant par l’armée de réserve immigrée de l’obéissante consommation des grandes surfaces de demain…

Porté au pouvoir par la classe capitaliste mondialiste de l’économie de la crise, le phénomène Macron est dès lors en train de s’écrouler face à la mobilisation des Gilets Jaunes qui monte insensiblement à proportion de la crise de l’économie qui ne cesse de se développer mondialement…

Sur les barrages spontanés de la vraie colère humaine contre le diktat du calcul et du rendement fiscal de l’oppression capitaliste, la diversité et la boboïtude des quartiers chéris du spectacle de la mondialisation brillent par leur absence… C’est, en effet, le mouvement profond des prolos de la vieille souche communeuse tant décriés par l’arrogance des cercles mondains de l’inculture financière et médiatique qui vient là rappeler avec force le poids historique de la réalité. C’est le vieux communard indisciplinable qui aime le saucisson, le beaujolais, la femme éclatante et l’humour gaulois et qui, dans la tradition multi-séculaire des jacqueries paysannes et des soulèvements ouvriers, considère que la tune n’est pas l’horizon indépassable du monde mais la souillure infinie des Beautés de la vie.

Dans le spectacle actuel de la crise du fétichisme de l’argent, tout apparemment semblait continuer à encore tourner rond mais à y bien regarder de plus près, les choses commencent maintenant très visiblement à bouger vers un commencement de radicalité explosive qui annonce une possible généralisation insurrectionnelle de la lutte de classe prolétaire… C’est pourquoi le mouvement d’ébullition des Gilets jaunes est bien entendu d’ores et déjà ciblé par toutes les cliques syndicales et politiques de tous horizons capitalistes afin d’être torpillé et asphyxié dans de multiples récupérations lamentables et négociations méprisables mais heureusement ce dernier signale avant tout et simultanément qu’une tempête des profondeurs, porteuse d’un autre regard, est bien en train de naître du fin fond des difficultés de la vie humaine arraisonnée par le système des objets…

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En plusieurs semaines de contrastes, de tiraillements et de contradictions mais aussi et surtout de rencontres ouvertes extrêmement riches, la dynamique des Gilets jaunes fait novation de sédition potentielle et de désir infini puisqu’elle signale là la production d’un bouleversement assurément inédit sous le règne crépusculaire de l’univers de plus en plus pourri de la tyrannie de la marchandise.

Par-delà toutes les manipulations idéologiques qui de l’extrême droite à l’extrême gauche du gouvernementalisme de la domestication, s’emploient à tenter de calmer le mouvement que l’on voudrait réduire à une simple protestation pour aménager les prisons du coût de la vie, il y a bien la dynamique de la base qui, elle, se met à renâcler en commençant à voir que ceux qui neutralisent et paralysent le mieux de l’intérieur cette embarrassante insoumission qui commence à tant déranger le parti de l’ordre mercantile sont évidemment et comme toujours les portes paroles du réformisme extrême… C’est-à-dire ces baratineurs de la fausse mutinerie qui bien loin d’appeler à une extension généralisée de la lutte à tous les secteurs de la vie emprisonnée, s’emploient à cloisonner chaque espace dans l’horizon aliénatoire et étriqué de particularités illusoires en recherche d’interlocuteurs convenables…

La police du Capital dans la rue, dans les campagnes, dans les usines et dans la totalité du territoire où circule la reproduction de l’aliénation doit d’abord empêcher qu’émerge les conditions d’un mouvement conscient vers une rencontre étendue et subversive de tous les prolétaires soulevés, au-delà des cloisonnements de chaque prison revendicative. La défaite programmée des cheminots en début d’année, savamment et naturellement orchestrée dans le double langage, le sabotage, l’illusion, la claustration et le freinage par tous les faux séditieux de toutes les gauches complices de toutes les droites, doit servir d’exemple

La période dans laquelle nous entrons est certes encore déterminée par l’extrême dispersion des forces de vie humaine susceptibles de contester de manière maximaliste l’ordre existant des galeries marchandes de la mort. Mais la situation désormais advenue de crise cataclysmique du spectacle mondial de l’argent ouvre la voie montante d’une gigantesque crise sociale qui fera, de toutes façons, de la rupture révolutionnaire une possibilité manifestement évidente.

La contradiction essentielle de la domination spectaculaire en crise finale, c’est qu’elle est irrémédiablement condamnée à échouer en ce moment même où étant devenue le temps de la puissance historique la plus forte de son apogée, elle a perdu simultanément toute chance désormais de ne plus pouvoir être autre chose que l’histoire progressive de son dépérissement définitivement arrivé.

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Tous les lamentables experts syndicalo-politiques du pouvoir de la merde marchande appuyés sur toutes les machineries numériques de l’intoxication sont partout réunis en permanents conciliabules pluridisciplinaires de vacuité et d’ineptie pour tenter de trouver les moyens de donner à un ordre moribond une dernière apparence de survie… Mais rien n’y fera…

Les jours de la société du règne de la quantité sont de plus en plus comptés à mesure que son compter historique invalide lui-même toute l’histoire de ses comptages et qu’un nombre croissant de vivants va vouloir véridiquement exister. Il s’ensuit irrépressiblement qu’elle doit et va disparaître.

Contre tous les rackets politiques du Capital, la conscience radicale de l’Être de la vie sait que pour devenir elle-même, la jouissance authentique doit se produire comme acte cosmique de subversion absolue vers la constitution de la communauté humaine universelle pour un monde sans argent, ni salariat ni État.

Gilets jaunes ; Ne nous laissons jamais enfermer dans une revendication délimitée ! N’acceptons jamais de porte-parole ! Défendons seulement et exclusivement le principe de mandatés révocables à tout moment et sur la seule base du refus absolu de toute servitude ! Ce qui nous mènera peu à peu au pouvoir anti-étatique des Conseils Ouvriers fédérés sur le seul terrain qui tienne ; celui des besoins humains anti-marchands…

Refusons d’améliorer ce qui nous abîme ! Refusons de négocier avec ceux qui veulent nous enterrer !

Des Gilets jaunes et des humains sans étiquette qui quel que soit ce qui arrivera, ne veulent plus être ce qu’on les force à ne pas devenir…

Groupe Dépassement Nécessaire Groupe L’Internationale

« Au lieu du mot d’ordre conservateur: “Un salaire équitable pour une journée de travail équitable”, les prolétaires doivent inscrire sur leur drapeau le mot d’ordre révolutionnaire: “Abolition du salariat”.» Karl Marx, 1865

Paris-Province, novembre-décembre 2018