De3c 14, 2024
Comme disait Lénine, « Il y a des décennies où rien ne se passe ; et il y a des semaines où des décennies se produisent. » . Tout s’accélère et il est difficile parfois de comprendre et même tout simplement de savoir ce qui se passe, tant la guerre idéologique dans la crise du capitalisme mondialisé pèse sur nos médias. Après les mensonges de Timisoara, des armes de destruction massive en Irak, des révolutions de couleur, ou des Ouighours, difficile d’en rester à ce que les médias nous disent de la chute du régime baasiste en Syrie.
Le premier réflexe des communistes doit être d’écouter ce que les communistes les plus proches en disent, et de le replacer dans ce que nous savons de la situation globale du monde, marqué par la crise de l’impérialisme occidental sous domination US, faisant face à un monde qui s’organise sans lui. Trump est le symbole de ce repli nationaliste que les chinois dénoncent comme une “démondialisation”. La “guerre pour le (re)partage du monde” que décrit Lénine dans l’impérialisme, se déroule dans un contexte aujourd’hui radicalement différent. Le “siècle soviétique” a permis une décolonisation presque complète du monde, une géopolitique mondiale reposant sur près de 200 pays indépendants, capables de voter contre les USA à quelques occasions comme la dénonciation du blocus de Cuba. Il a aussi permis l’émergence de puissances économiques non occidentales, dont le “socialisme de marché” chinois, capable de prendre la tête de développements scientifiques et techniques, et qui peut de plus en plus se sortir de sa dépendance occidentale initiale.
Cela ne veut pas dire que l’impérialisme et les USA vont laisser le monde tranquille, au contraire. Partout où ils le peuvent, en Ukraine, au Moyen-Orient, en Afrique, en Asie, ils tentent de semer des guerres pour freiner le développement du Sud et prolonger leurs rapines sur les ressources planétaires.
C’est le cadre général des évènements de Syrie, la chute du dernier régime arabe laïc du moyen-orient, après la Libye et l’Irak, la sortie du partage régional entre France et Angleterre issu de la première guerre mondiale, (confirmant d’ailleurs la perte d’influence et de souveraineté de la France, qui avait construit ce régime laïc à dominante chiite en Syrie, tout en imposant le partage confessionnel du Liban). Et toujours, les interventions US sous toutes les formes possibles pour allumer les feux et préempter tout ce qui peut l’être…
Les conséquences peuvent être terribles pour le peuple syrien qui paie depuis plus d’une décennie, la guerre occidentale contre le régime, la France de Fabius applaudissant les djihadistes qui “font du bon travail”, ceux-là même qui sont à Damas aujourd’hui, les USA utilisant les kurdes pour exploiter le pétrole de Deir el Zor, la Turquie recyclant les islamistes de tous pays [1], pour repousser les kurdes et dominer le nord de la Syrie, pendant que les réfugiés syriens en Europe sont pourchassés dans des conditions indignes, et tout le monde organisant le blocus de la Syrie interdisant sa reconstruction. Au passage, si les réfugiés ukrainiens, avaient eu la chance, blancs et chrétiens, d’un accueil digne et de droits, il semble que la fête soit pour eux terminés… Il faudra comprendre pourquoi les BRICS n’ont pas permis le développement de la Syrie, la part qui relève du géopolitique mondiale, des choix du régime Assad, des contradictions entre Russie, Turquie, Iran…
Les conséquences sont terribles pour le peuple palestinien, avec un “front nord” plus fragile que jamais avec l’encerclement du Liban par l’armée israélienne entrée en Syrie, et donc l’enfermement du Hezbollah coupé de ses routes avec l’Iran.
Dans un tel fatras, les contradictions entre des forces qui auraient intérêt à s’unir face à l’impérialisme sont nombreuses. On peut se dire que la Turquie a les moyens de jouer sur tous les tableaux, mais que dire du Hamas applaudissant la chute du régime syrien, pourtant premier défenseur en pratique de la cause palestinienne par son soutien au Hezbollah ? Que dire des kurdes qui continuent à jouer la carte US alors même qu’ils paient lourdement la domination turque que les USA acceptent. C’est une leçon bien connue des luttes pour l’indépendance, les seules forces capables de construire l’unité face à l’impérialisme, ce sont partout les communistes…
On ne peut prendre position sur la base de ce qu’en disent nos médias, et évidemment pas de ce qu’en disent notre diplomatie sous direction macroniste. Ecoutons donc ce qu’en disent les communistes de la région.
– le PC Syrien : « Face à la propagation du chaos, il faut parvenir à la stabilité du pays et au retour d’un État civil garantissant la sûreté, la sécurité et la dignité de tous »
– le PC Iran (Tudeh) : « Avec la chute du régime au pouvoir en Syrie et la poursuite des attaques sanglantes d’Israël contre Gaza et le Liban, la région du Moyen-Orient s’est enfoncée plus profondément dans une crise profonde aux multiples facettes. »
– le PC du Liban : « le projet américain dans la région, y compris en Syrie, continue d’œuvrer activement à la sédition, à la fragmentation et à la division par le biais de divers outils. Les États-Unis maintiennent des bases militaires et des forces actives sur le terrain dans la plupart des régions de l’est et du sud de la Syrie. »
– le PC Turc qui, quelques semaines avant le début de l’offensive djihadiste disat : « des préparatifs sont en cours pour attaquer la Syrie sous prétexte d’une « menace à la sécurité », et prévient que cela entraînerait la région dans de nouvelles guerres sanglantes sans fin. Une fois de plus, il s’avère que le gouvernement du Parti de la Justice et du Développement ne se lasse pas de travailler en coordination avec Israël. »
– le PC Grec : « La situation qui se dessine actuellement en Syrie non seulement ne mettra pas fin aux souffrances des peuples de la région, mais pose également le risque de nouvelles guerres impérialistes et de possibles changements des frontières, avec de nouveaux conflits sanglants et de nouvelles vagues de réfugiés. »
– le PC d’Irak : « Toutes les forces et tous les pays doivent également respecter la souveraineté, l’intégrité territoriale et l’indépendance de la Syrie. Les parties régionales et internationales ainsi que les Nations unies doivent œuvrer en ce sens et contraindre l’entité sioniste à respecter l’accord de cessez-le-feu de 1974 et à cesser ses attaques répétées contre la Syrie et ses villes. »
– le PC israélien : « Les communistes israéliens ont déclaré qu’il existe désormais un réel danger que les États-Unis jouent un rôle central dans la gestion de l’État syrien après la chute d’Assad ».
Déclaration du parti communiste syrien unifié
Aux organisations du parti, à tous les camarades et amis
Nous vous souhaitons santé et sécurité.
Vous savez, camarades, que les circonstances extrêmement difficiles et complexes que traverse notre pays bien-aimé ne permettent pas d’envoyer un message large expliquant l’évolution de la situation et ses détails. Par conséquent, nous nous concentrerons sur les questions et les tâches les plus importantes, en premier lieu sur la tâche de contribution efficace de notre part et de celle de tous.
Les partis nationaux, les organisations et la société civile travaillent avec tout le dévouement et la sincérité pour rétablir la vie normale et empêcher la catastrophe. Face à la propagation du chaos, il faut parvenir à la stabilité du pays et au retour d’un État civil garantissant la sûreté, la sécurité et la dignité de tous ses enfants, ce qui impose aux autorités concernées de :
1- Récupérer les armes et les équipements militaires abandonnés dans les rues.
2- Protéger les équipements publics et les biens privés contre le vol et la contrefaçon.
3- Le retour de tous les ouvriers et employés à leur travail et la remise en route de l’économie.
4- Ouverture des écoles, des universités et retour des étudiants et étudiantes dans leurs écoles et universités.
5- Fournir aux citoyens les biens de premières nécessités à des prix raisonnables et acceptables, notamment le pain et les denrées alimentaires de base.
6- Fournir les biens de premières nécessités comme les médicaments, l’électricité, l’eau et le carburant.
Au niveau du parti
Au niveau du parti, comme vous le savez, notre parti n’a pas manqué dans le passé de déployer des efforts sincères pour préserver la souveraineté de la Syrie et répondre aux exigences de son peuple en matière de dignité et de vie confortable.
Nous l’avons été – et nous le sommes toujours – et nous continuerons à le faire. Nos positions sont définies pour garantir l’unité du pays, la sécurité de ses terres, et pour répondre aux demandes de notre peuple, c’est ce que nous faisons et ferons demain dans cette étape dangereuse et délicate. Nous continuerons à lutter pour :
1- Éliminer les forces d’occupation étrangères, spécialement l’occupation (israélienne), américaine et turque.
2- La lutte continue pour restaurer l’unité de la terre et du peuple syrien.
3- Participation effective à l’évolution du pays vers la sécurité et la stabilité.
4- Travailler pour une Syrie libre avec une indépendance et une souveraineté complètes.
5- Réconciliation nationale globale dans toute la Syrie.
Oui, nous affirmons que nous voulons que la Syrie du futur soit libre, démocratique, unie, dans laquelle se déroule un processus de développement économique et social équilibré, visant à améliorer et à développer la vie des masses laborieuses.
Une large alliance nationale qui rassemble tous les spectres politiques, sociaux et ethniques, garantissant les droits politiques et démocratiques de tous les citoyens, quelles que soient leurs affiliations politiques, religieuses ou régionales, selon un nouveau contrat de citoyenneté, une constitution qui affirme la souveraineté de la nation et garantit la dignité des citoyens.
Damas le 9/12/2024
Déclaration du parti Tudeh d’Iran : Sur la chute du gouvernement de Bashar al-Assad en Syrie
Le matin du 18 Azar [dimanche 8 décembre], les médias du monde entier ont fait de la chute du gouvernement baasiste dirigé par Bachar el-Assad en Syrie leur principale nouvelle, 11 jours après le lancement de l’offensive dans ce pays par les forces terroristes takfiri de « Hayat Tahrir al-Sham » [HTS].
La nouvelle de la chute du gouvernement de Bachar al-Assad, saluée par les pays impérialistes, marque une phase totalement nouvelle et une redéfinition du paysage politique au Moyen-Orient. Cet événement, qui a été orchestré avec l’intervention claire et directe des forces militaires de la Turquie et d’Israël, avec le soutien des pays impérialistes, doit être considéré comme faisant partie intégrante de la stratégie de l’impérialisme américain visant à étendre son hégémonie sur la région du Moyen-Orient.
Selon les médias internationaux, la semaine dernière, après l’escalade des attaques des groupes terroristes affiliés à HTS et la chute des principales villes du nord de la Syrie, les gouvernements de la Russie et de la République islamique d’Iran ont décidé de retirer leurs forces militaires, leurs missions diplomatiques et leurs citoyens du pays.
Le réseau « Euronews » a rapporté : Sergey Lavrov a annoncé que les ministres des affaires étrangères de la Russie, de la Turquie et de l’Iran ont convenu, lors de leur réunion à Doha, la capitale du Qatar, que les « hostilités » en Syrie devaient cesser immédiatement. M. Lavrov a souligné que Moscou souhaitait assister à un dialogue entre le gouvernement syrien et ce qu’elle considère comme « l’opposition légitime » en Syrie. Il a réaffirmé que le groupe rebelle islamiste Hayat Tahrir al-Sham restait une organisation « terroriste », quelles que soient les affirmations sur son changement de position. M. Lavrov a souligné qu’il était « inacceptable » de permettre à des « groupes terroristes » de prendre le contrôle du territoire syrien.
Dans sa première réaction à la chute de Bachar el-Assad, le ministère iranien des affaires étrangères a déclaré : « La détermination du sort de la Syrie, ainsi que toute prise de décision concernant son avenir, relève de la seule responsabilité du peuple de ce pays, à l’abri de toute ingérence destructrice ou de toute imposition extérieure. »
Selon les agences de presse mondiales, Bachar al-Assad, accompagné de certains de ses conseillers, a quitté l’aéroport international de Damas pour la Russie aux premières heures du dimanche 8 décembre. Dans un communiqué publié par le ministère russe des affaires étrangères, il a été annoncé que le président syrien avait démissionné de son poste à la suite de négociations avec un certain nombre de « participants au conflit armé [en République arabe syrienne] » et qu’il avait donné l’ordre d’un transfert pacifique du pouvoir. Le ministère russe des affaires étrangères a souligné qu’il n’était pas impliqué dans les négociations, mais qu’il restait en contact avec « tous les groupes d’opposition syriens ».
La prise de Damas, la capitale de la Syrie, a non seulement mis fin à plus de cinq décennies de règne de la famille Assad en Syrie, mais a également marqué la fin effective de l’existence du parti Baas [ou du baasisme organisé] au Moyen-Orient. La chute du gouvernement de Bachar al-Assad, 21 ans après celle de Saddam Hussein, est l’un des événements politiques les plus significatifs au Moyen-Orient, avec des conséquences profondes et étendues pour la région. Les forces d’opposition progressistes en Syrie ont souligné qu’au cours des 13 dernières années, la Syrie a été soumise à des cycles de violence et de destruction continues dans tout le pays, qui ont bloqué la mise en œuvre des accords ainsi que l’établissement de « zones de désescalade ». Cela a conduit à un « gel » presque total du conflit à la mi-2019. Par la suite, une phase d’érosion économique s’est amorcée, sous l’effet de facteurs internes et externes, exacerbés par les sanctions internationales ainsi que par les politiques économiques néolibérales brutales et la répression intérieure féroce imposées par le gouvernement syrien.
Avec la chute du régime au pouvoir en Syrie et la poursuite des attaques sanglantes d’Israël contre Gaza et le Liban, la région du Moyen-Orient s’est enfoncée plus profondément dans une crise profonde aux multiples facettes. Le départ de Bachar el-Assad de Syrie et le transfert du pouvoir aux forces terroristes – qui ont opéré dans le cadre des forces affiliées à ISIS jusqu’en 2013, puis sous le commandement du chef d’Al-Qaïda, Ayman al-Zawahiri, jusqu’en 2016 – pourraient déclencher une série de développements alignés sur les intérêts stratégiques des États-Unis, d’Israël et de la Turquie. Il convient de noter que le gouvernement turc a officiellement soutenu les forces affiliées à HTS, tandis que les médias israéliens ont également fait allusion à des accords spécifiques et à des intérêts mutuels entre le gouvernement Netanyahou et HTS.
Le parti Tudeh d’Iran est profondément préoccupé par les conséquences des événements de ces derniers jours en Syrie, qui pourraient conduire à une plus grande instabilité et à une guerre régionale potentiellement catastrophique avec des implications mondiales très réelles. Nous pensons que les développements en Syrie ne se sont pas produits dans le vide ou en dehors de la série de développements qui ont découlé des événements du 15 Mehr 1403 [7 octobre 2023], y compris la grave défaite des politiques régionales de la République islamique d’Iran [et la dégradation manifeste de ses capacités] ainsi que celle imposée à ses forces affiliées dans la bande de Gaza et au Liban. En réalité, l’implication directe d’États tels qu’Israël et la Turquie dans les événements actuels a non seulement aggravé la situation sécuritaire dans la région, mais pourrait également avoir des répercussions plus larges. Le peuple syrien exige la réalisation de la souveraineté nationale, de la démocratie et de la justice sociale – des exigences qu’une force terroriste et jihadiste extrêmement réactionnaire n’a ni l’intention ni la capacité d’atteindre ou d’œuvrer en ce sens.
Le parti Tudeh d’Iran soutient tous les appels internationaux responsables et fondés sur des principes en faveur d’une solution politique globale pour résoudre la crise syrienne. Nous soutenons également l’appel des forces progressistes de la région à la mise en œuvre immédiate de la résolution 2254 du Conseil de sécurité des Nations unies, dans laquelle la solution à la crise syrienne est basée sur les intérêts vitaux du peuple syrien, et nous réaffirmons notre opposition de longue date et inébranlable à toute intervention de forces étrangères.
Le parti Tudeh d’Iran
8 décembre 2024
Le Parti communiste libanais : La volonté du peuple syrien ouvre une nouvelle page pleine d’espoir, et nous sommes aux côtés des forces de gauche, progressistes et démocratiques en Syrie pour faire face aux dangers auxquels la Syrie et la région sont confrontées.
Ces derniers jours, le peuple syrien a vécu des moments historiques avec le départ du président Assad du pays et le démantèlement du système autoritaire qui a régné pendant des décennies. Sa domination s’est également étendue à notre pays, le Liban, qui a subi sa part de pratiques de l’appareil sécuritaire et répressif intégré, en conjonction avec un système de pillage et de corruption, visant à soutenir et à consolider l’alliance capitaliste et le système de quotas sectaires dans la phase post-Accord de Taëf.
Bachar al-Assad est parti après que son régime ait échoué sur les fronts national, économique et social, ainsi que sur la question des libertés démocratiques générales. Cette situation a affaibli et épuisé la Syrie, créant un terrain fertile pour l’extrémisme à l’ombre des ambitions et des projets impérialistes et sionistes. Cela a ouvert la voie à la transformation du soulèvement populaire en une guerre civile et à des interventions extérieures, qui ont toutes conduit à la perte de centaines de milliers de vies, au déplacement de millions de personnes et à la perpétration de crimes odieux par la plupart des parties à ce conflit sanglant, des deux côtés. Au premier rang de ces crimes se trouvaient les groupes extrémistes fondamentalistes et terroristes qui ont excellé dans diverses formes de meurtres, de tortures et de persécutions, parallèlement au régime de répression et d’autoritarisme aujourd’hui disparu.
Le peuple syrien a enduré de profondes souffrances au cours de ces longues années, souffrances partagées par notre peuple libanais et ses forces nationales. Les communistes et les progressistes ont porté une part importante de ces blessures et de ces douleurs. Aujourd’hui, le peuple syrien vit un mélange d’espoir en un avenir meilleur, basé sur des solutions politiques internes aux problèmes de la Syrie, la construction d’un État national démocratique juste pour tous ses enfants, indépendamment des affiliations, le développement économique, la reconstruction et le retour des réfugiés dans leurs foyers, avec la prudence et la peur du chaos, la reprise d’autres formes de conflits et de combats, ou l’empiétement et la tyrannie des forces extrémistes à la lumière des dangers et des ambitions extérieures qui les sous-tendent.
Le premier de ces dangers qui menacent la Syrie aujourd’hui est représenté par les ambitions de l’ennemi sioniste, qui intensifie ses frappes agressives pour détruire toutes les capacités de l’État, en particulier celles de l’armée syrienne, en étendant son contrôle autour du Golan et en cherchant à annuler l’accord de cessez-le-feu de 1974. Elle s’efforce d’étendre et d’imposer son contrôle sur de grandes parties du sud de la Syrie. En outre, il fait obstacle à la transition pacifique du pouvoir et empêche le retour à une vie normale en Syrie en prenant pour cible les institutions de l’État afin de perturber leurs services aux citoyens et de répandre le chaos.
Il est donc nécessaire de placer la question de la libération du Golan de l’occupation israélienne et du rétablissement de la souveraineté sur ce territoire au premier rang des priorités nationales de la Syrie. De même, les ambitions turques dans le nord, avec la tentative de la Turquie d’établir une zone tampon de sécurité s’étendant sur des milliers de kilomètres, son intervention militaire directe dans les régions à majorité kurde et ses aspirations à imposer une influence politique sur la gouvernance en Syrie, représentent un défi existentiel pour l’avenir et le progrès du peuple syrien. En outre, le projet américain dans la région, y compris en Syrie, continue d’œuvrer activement à la sédition, à la fragmentation et à la division par le biais de divers outils. Les États-Unis maintiennent des bases militaires et des forces actives sur le terrain dans la plupart des régions de l’est et du sud de la Syrie.
Le processus de changement global et radical du régime – sur le plan politique, économique et social – et la construction d’un État souverain et juste sont bien plus complexes que le simple départ d’un président et l’arrivée d’un autre. Cela nécessite une coordination, une intégration et une unité entre les différents spectres de forces nationales, démocratiques, laïques, progressistes et communistes en Syrie pour former une polarité significative qui contribue à remodeler et à dessiner l’avenir politique du pays, loin des systèmes de quotas sectaires et des projets de domination étrangère sur la prise de décision nationale syrienne.
Au niveau libanais, au lieu d’adopter une politique de l’autruche, le gouvernement doit immédiatement prendre des mesures pour s’attaquer à certaines questions cruciales, au premier rang desquelles la création de conditions propices au retour des réfugiés syriens dans leur pays d’origine, une fois que les problèmes de sécurité auront été résolus. Le gouvernement doit également sécuriser les frontières nord et est, en notant le déploiement de l’armée libanaise en prévision de tout développement négatif futur. Il doit utiliser toute sa puissance diplomatique pour donner suite à la question des Libanais disparus dans les prisons syriennes, dont les gouvernements des deux pays ont prétendu à tort qu’ils n’existaient pas, alors qu’il s’avère aujourd’hui que nombre d’entre eux sont bel et bien détenus dans les prisons du régime qui s’est effondré. Il s’agit d’une question humanitaire délicate qui touche des centaines de familles libanaises.
À la lumière de tout cela, la volonté du peuple syrien a ouvert une nouvelle page pleine d’espoir pour parvenir à une solution politique le plus rapidement possible, afin de clore le chapitre douloureux du passé et d’en ouvrir un nouveau capable de réaliser et de garantir ses aspirations, ses sacrifices et son grand héritage national et historique. Le peuple syrien a le droit de déterminer son propre destin sans intervention extérieure. Nous réaffirmons notre soutien aux forces de gauche, de progrès et de démocratie en Syrie dans leur lutte pour réaliser la liberté totale du peuple syrien, la justice sociale, la reconstruction, le retour des personnes déplacées, le renforcement de l’unité nationale, la restauration de la souveraineté sur l’ensemble du territoire national syrien et la construction des meilleures relations fraternelles de coopération et de complémentarité entre nos deux pays.
Le Parti communiste libanais
Bureau politique
Le 10 décembre 2024
Parti Communiste Turc : Les faits ne peuvent pas être masqués par des drapeaux !
Une déclaration importante du Parti communiste turc pour comprendre ce qui se joue en Syrie
Le gouvernement AKP, avec Israël, les États-Unis, le Royaume-Uni et la France, a lancé une opération globale en Syrie. Hay’at Tahrir al-Sham, le principal acteur de l’opération jusqu’à présent, est considéré comme une organisation terroriste même par la Turquie et les États-Unis. L’Armée nationale syrienne, autre auteur des attaques, est un groupe recruté dans divers groupes jihadistes et payé par le gouvernement du Parti de la justice et du développement. Avec ces organisations et d’autres, ni la paix ni le calme ne parviendront dans la région.
Depuis des mois, le Parti communiste turc affirme que des préparatifs sont en cours pour attaquer la Syrie sous prétexte d’une « menace à la sécurité », et prévient que cela entraînerait la région dans de nouvelles guerres sanglantes sans fin. Une fois de plus, il s’avère que le gouvernement du Parti de la Justice et du Développement ne se lasse pas de travailler en coordination avec Israël.
Le drapeau turc à Alep et les vantardises de l’invasion par des écrivains pro-AKP ne changent rien au fait que la Turquie, aux côtés des États-Unis et d’Israël, est engagée dans un effort de démantèlement d’un pays voisin.
Notre parti a toujours travaillé et continue de travailler sur le principe de « cohérence des frontières ». Il est à nouveau clair pourquoi ce principe est vital. Nous craignons que si nous n’arrêtons pas cette tendance, nous soyons confrontés aux conséquences tragiques d’une tentative de modification des frontières sur la base de nouvelles ambitions ottomanes ou sur la base de projets israélo-américains.
Nous parlons d’un processus qui pourrait se transformer en perte, voire en destruction, pour tous les peuples de la région. Les pays en concurrence les uns avec les autres continuent d’alimenter le feu en fonction des intérêts de leurs classes exploitantes et non des intérêts des peuples. Nos citoyens ne doivent pas se laisser berner par les cris de victoire. Nous ne devons pas oublier que l’alliance de l’impérialisme américain, du sionisme et du néo-ottomanisme n’apportera qu’un désastre à la Turquie.
Aujourd’hui est le moment de s’opposer à l’impérialisme et au sionisme.
Aujourd’hui est le moment idéal pour exiger une sortie de l’OTAN.
Aujourd’hui est le jour de l’élimination des armes nucléaires déployées en Turquie.
C’est le moment de renforcer l’unité des travailleurs au lieu d’attendre la protection et le salut des « grandes puissances ».
Aujourd’hui, c’est le jour où nous disons non à la guerre.
Aujourd’hui est le moment de s’opposer aux conquêtes et aux annexions.
Parti communiste turc
Comité central
2024-12-05
Communiqué du parti communiste grec sur les événements en Syrie
« L’intervention en Syrie et la domination des djihadistes est un nouveau “maillon dans la chaîne” des évolutions dangereures pour les peuples qui ont été amorcées dans la région du Moyen-Orient au sens large par les puissances impérialistes des États-Unis, de l’UE, de l’OTAN, de la Turquie et d’Israël. Elles s’inscrivent dans la continuité du massacre du peuple palestinien, des attaques contre le peuple libanais et du ciblage de l’Iran.
Le KKE a pris position de manière cohérente et ferme sur les développements en Syrie depuis le début de 2011, révélant les changements dangereux contre les peuples qui ont suivi le dit Printemps Arabe. Aujourd’hui, les mêmes forces réactionnaires, “réformées” par la Turquie, pays membre de l’OTAN, sont qualifiées de “rebelles” et présentées par les médias bourgeois comme les prétendus “libérateurs” du peuple syrien. La même propagande “sur la restauration de la démocratie” est répétée, qui a servi de prétexte aux impérialistes pour les guerres en Irak, en Afghanistan, en Libye, etc, conduisant aujourd’hui à ce que le Moyen-Orient soit une région qui s’embrase.
Le KKE a clairement indiqué que malgré les différences idéologiques et politiques avec le régime bourgeois syrien, malgré la critique de ses politiques, il condamne les plans des États-Unis, d’Israël et de la Turquie, qui constituent une ingérence dans les affaires intérieures d’un pays souverain.
Le peuple syrien paie également aujourd’hui le prix de la voie capitaliste de développement, du conflit entre les puissances impérialistes pour les matières premières, les gazoducs et les voies de transport de marchandises, les bases militaires, les points d’appui géopolitiques et les parts de marché.
La situation qui se dessine actuellement en Syrie non seulement ne mettra pas fin aux souffrances des peuples de la région, mais pose également le risque de nouvelles guerres impérialistes et de possibles changements des frontières, avec de nouveaux conflits sanglants et de nouvelles vagues de réfugiés.
En assumant de grandes responsabilités, le gouvernement de la Nouvelle Démocratie a salué la chute d’Assad, c’est-à-dire le renversement effectué par les djihadistes avec le soutien de la Turquie, d’Israël et des Etats-Unis en Syrie. Pour ne pas troubler la ligne de l’OTAN et la politique des “eaux calmes” entre la Grèce et la Turquie, ils saluent l’intervention de ces forces dans un pays étranger, ainsi que tout ce que cela implique. L’hypocrisie du gouvernement et des autres partis de l’arc euro-atlantique dépasse toutes les limites, puisque d’un côté ils prétendent dénoncer le “révisionnisme” et de l’autre ils le légitiment. Cette attitude s’inscrit dans la politique dangereuse du gouvernement et des autres partis pro-OTAN, qui entraînent notre pays dans des aventurismes militaires en Ukraine, au Moyen-Orient et dans d’autres régions du monde, où les intérêts des capitalistes de l’axe euro-atlantique sont en jeu face aux intérêts concurrents de l’axe eurasiatique en cours de formation.
Le KKE se tient aux côtés du peuple et des communistes de la Syrie et souligne que pour que la lutte contre les impasses sociales de la pauvreté, l’appauvrissement des peuples, les interventions et les guerres impérialistes soit efficace, elle doit viser le système d’exploitation capitaliste et de monopoles qui les génère et les reproduit ».
09.12.2024
Parti communiste irakien : Nous respectons le droit du peuple syrien de faire ses propres choix
Les développements rapides observés en Syrie ont conduit à l’effondrement total du régime après que les forces d’opposition et les factions armées ont pris le contrôle de la capitale, Damas.
Ces développements interviennent à un moment où la région est le théâtre de guerres et de conflits qui jettent une ombre lourde sur tous les pays et tous les peuples, et sont ouverts à diverses possibilités, dont certaines peuvent être de mauvais augure pour l’avenir.
Si l’on ne peut pas affirmer que le changement qui s’est produit en Syrie est isolé des interventions extérieures et des agendas des puissances régionales et internationales, cela signifie que la Syrie n’est pas encore en sécurité, surtout avec la présence de forces extrémistes et terroristes, les ambitions et les intérêts des pays voisins et les plans agressifs et expansionnistes d’Israël qu’il a révélés en occupant la zone tampon et en lançant des raids sur des sites à l’intérieur de la Syrie.
Notre Parti communiste irakien affirme son respect pour le droit du peuple syrien à déterminer ses affaires et à faire des choix libres. Il souligne également l’importance pour tous les partis et forces politiques syriens d’œuvrer pour épargner au pays davantage de chaos et de conflits sanglants, de parvenir à la sécurité et à la stabilité, d’assurer le retour des personnes déplacées et d’établir les fondements d’un système de gouvernement démocratique et pluraliste basé sur la citoyenneté, l’État de droit et la justice sociale, en adoptant un dialogue national global et en mettant en œuvre les dispositions de la résolution n° 2254 du Conseil de sécurité de l’ONU.
Toutes les forces et tous les pays doivent également respecter la souveraineté, l’intégrité territoriale et l’indépendance de la Syrie. Les parties régionales et internationales ainsi que les Nations unies doivent œuvrer en ce sens et contraindre l’entité sioniste à respecter l’accord de cessez-le-feu de 1974 et à cesser ses attaques répétées contre la Syrie et ses villes.
Le peuple syrien, après des années de souffrances, de tragédies et d’oppression, est impatient de construire une patrie dans laquelle il jouira de la liberté, de la dignité et de la paix ; une patrie dans laquelle prévaudra une loi juste.
Le Bureau politique
Parti communiste irakien
9-12-2024
Parti Communiste Israélien : Le CPI et Hadash exhortent Israël à se retirer de la zone tampon et à respecter la souveraineté de la Syrie
Le Parti communiste d’Israël (CPI) et le Hadash (Front démocratique pour la paix et l’égalité) ont mis en garde mardi 10 décembre contre l’ingérence israélienne et américaine dans le droit du peuple syrien à déterminer son propre avenir après la chute de la dictature meurtrière de Bachar al-Assad.
Le CPI et Hadash ont publié une déclaration commune en réponse à l’invasion de la Syrie par Israël. Publiée par Zo Haderekh , l’analyse des organisations indique que le comportement de Netanyahou « met en évidence les ambitions à long terme d’Israël et de ses alliés régionaux et mondiaux, à commencer par le régime turc, les États arabes réactionnaires et en terminant par les États-Unis ».
Le CPI et Hadash ont souligné que les États-Unis « soutiennent et financent depuis des décennies des gangs terroristes fondamentalistes qui déstabilisent la région ». Les communistes israéliens ont déclaré qu’il existe désormais « un réel danger que les États-Unis jouent un rôle central dans la gestion de l’État syrien après la chute d’Assad ». Ils ont exprimé l’espoir que le peuple syrien, qui se réjouit à juste titre de la chute de son gouvernement répressif, parviendra à rejeter le contrôle américain et à « préserver ses propres intérêts et à satisfaire les aspirations des Syriens à la liberté et à une vie digne » dans un État démocratique qui garantit le pluralisme social, culturel et religieux et l’égalité civile.
Aussi impopulaire que soit le gouvernement Assad, le CPI et Hadash estiment que les acclamations officielles israéliennes et américaines en faveur de la fin de la tyrannie dans le pays sonnent creux. « Ce n’est pas le souci de la paix du peuple syrien » qui a guidé Netanyahou et Biden, mais « le fait que le régime syrien précédent ait refusé de coopérer avec les plans régionaux des États-Unis et d’Israël ».
Selon eux, adhérer à une telle vision serait « tout aussi absurde que de prétendre que les États-Unis ont occupé et détruit l’Irak, tuant des millions d’Irakiens, par crainte pour le peuple irakien de la dictature de Saddam Hussein, ou que la France, l’Italie, la Grande-Bretagne et les États-Unis ont détruit la Libye à cause de la dictature de Kadhafi plutôt que de leur désir de contrôler ses capacités stratégiques. »
Le CPI et le Hadash ont également déclaré mercredi qu’Israël devait retirer ses forces de la zone tampon séparant le plateau du Golan occupé du territoire syrien. « Tout déploiement militaire dans la zone de séparation entre Israël et la Syrie constitue une violation de l’accord de désengagement de 1974. Nous appelons Israël à se retirer de la zone et à respecter la souveraineté et l’intégrité territoriale de la Syrie », a déclaré un porte-parole.
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