L’UE, Paris, Berlin et Londres haussent le ton face à l’escalade américaine contre l’Iran

L’Union européenne et les trois premières puissances du Vieux Continent réagissent à la politique de «pression maximale» de Washington contre l’Iran. Elles invitent entre autres la Russie et la Chine à soutenir «le commerce légitime» avec l’Iran.

«Nous, Haute Représentante de l’Union européenne et ministres des Affaires étrangères de la France, de l’Allemagne et du Royaume-Uni, prenons note avec regret et préoccupation de la décision des Etats-Unis de ne pas proroger les dérogations concernant le commerce de pétrole avec l’Iran.»

Dans une déclaration commune d’une vigueur rare, datée du 4 mai, les trois premières puissances européennes et l’Union ont exprimé leur réprobation face au renouvellement des sanctions décrétées par Washington contre la République islamique d’Iran.

Le texte – publié simultanément sur les sites du service de l’Action extérieure de l’Union européenne et des ministères des Affaires étrangères des trois Etats signataires – rappelle en particulier que «le Programme d’action commun [accord sur le nucléaire iranien] fonctionne et remplit son objectif, comme l’a confirmé l’Agence internationale de l’énergie atomique dans 14 rapports».

Les trois chancelleries et le service de la Haute Représentante Federica Mogherini soulignent que la levée des sanctions «est un élément essentiel du Plan d’action global commun [et qu’] elle vise à avoir un impact positif non seulement sur les relations commerciales et économiques avec l’Iran, mais surtout sur la vie des citoyens iraniens».

Un enjeu «crucial» pour la «sécurité partagée» de l’Union européenne

La diplomatie européenne ainsi que celles des trois premières puissances de l’Union considèrent que l’accord sur le nucléaire iranien est un élément «crucial» de leur sécurité ainsi que d’une sécurité «européenne partagée». Enfin, la déclaration souligne que la position de l’Europe concernant les relations commerciales avec l’Iran et son maintien dans les structures financières internationales est radicalement opposée à celle de Washington.

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Toutefois, l’Union européenne s’est jusqu’ici révélée incapable de maintenir les activités de ses entreprises en Iran, menacées de sanctions par Washington. En outre, elle n’a pas pu s’opposer à l’exclusion des banques iraniennes du système de paiement interbancaire SWIFT.

Malgré cela, les signataires déclarent : «Les participants au Plan d’action global commun se sont engagés à travailler en faveur de la préservation et du maintien des circuits financiers et des exportations de l’Iran.» Ils ajoutent qu’ils sont déterminés à poursuivre les efforts, avec d’autres partenaires européens, pour permettre la poursuite du «commerce légitime avec l’Iran».

Ils encouragent en outre «tous les pays, y compris la Russie et la Chine […] à faire de leur mieux pour soutenir le commerce légitime que l’accord permet, par des mesures rapides et concrètes». Le texte se conclut par une main timidement tendue vers la diplomatie américaine en faveur d’une «approche globale avec l’Iran en vue de traiter toutes [les] préoccupations, y compris [la] contribution [de l’Iran] à l’instabilité régionale et ses activités liées aux missiles».

La Russie visée à travers le nucléaire civil iranien

La veille de cette déclaration les Etats-Unis avaient annoncé de nouvelles «restrictions» au programme nucléaire civil iranien pour renforcer leur «pression maximale» contre Téhéran. Elles visent directement la Russie sans la nommer.

En effet, la porte-parole du département d’Etat américain Morgan Ortagus a annoncé le 3 mai dans un communiqué que «à compter du 4 mai, toute assistance pour étendre la centrale nucléaire de Bouchehr au-delà de son réacteur existant sera[it] passible de sanctions». Or, ce programme de construction de nouveaux réacteurs est réalisé par Rosatom, le conglomérat public russe pour l’énergie nucléaire qui rassemble près de 300 entreprises.

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L’administration du président Donald Trump a quitté le 8 mai 2018, l’accord international sur le nucléaire iranien signé le 14 juillet 2015 à Vienne, en Autriche, par l’administration précédente ainsi que la République islamique d’Iran, l’Allemagne, la Chine, la France, le Royaume-Uni et la Russie.

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