Paroles de Gilets jaunes à l’acte 12 : «Il était temps de mettre des visages sur des statistiques»

2 févr. 2019

Alors que le mouvement de contestation de la politique gouvernementale des Gilets jaunes vit son acte 12, RT France a interviewé nombre d’entre eux. Ce 2 février, l’accent était mis sur l’hommage aux blessés et aux mutilés.

Comme chaque samedi, les journalistes de RT France sont allés à la rencontre des Gilets jaunes. Alors que le mouvement de contestation, inédit par sa durée et son caractère trans-partisan, entre dans sa treizième semaine, un hommage aux nombreux blessés et mutilés a été rendu par les manifestants dans toute la France.

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C’est le cas d’Eric, qui estime qu’il est «temps de leur rendre hommage, de mettre un visage sur des statistiques, que les gens se rendent compte des blessures que ça peut occasionner».

Il souhaite également «saluer le courage» des blessés et mutilés qui ont fait le déplacement ce 2 février. «Remettre les pieds dans une manifestation, c’est courageux», estime ainsi ce Gilet jaune qui explique qu’il y a eu «des violences policières, des erreurs, beaucoup de tirs pas normaux, qui n’aurait pas dû avoir lieu». «Il faut maintenir la pression», explique l’homme, qui dit être prêt à continuer de manifester «1 an s’il le faut». Concernant le Grand débat national initié par le président de la République, il dit y avoir participé mais a «un doute sur la sincérité de Macron».

Christophe, un autre Gilet jaune ayant manifesté depuis 12 semaines explique qu’il est important d’être «toujours unis» devant les «tentatives multiples de décrédibiliser» le mouvement.

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Le Grand débat est pour lui «un enfumage absolu» et «une tribune inespérée pour Emmanuel Macron». «Quand le gouvernement dit qu’on est 10 000, il faut au moins multiplier ce chiffre par trois», tance-t-il, avant d’ajouter : «On a affaire à un gouvernement qui est aux abois, qui panique, qui ne sait plus maîtriser ce mouvement». Commentant les propos du chef de l’Etat selon lequel des «puissances étrangères» – au premier rang desquelles la Russie – chercheraient à «manipuler le mouvement», ce manifestant estime qu’«on cherche n’importe quoi pour discréditer».

Selon Christine, interrogée place de la République, «rien n’est fait en amont pour arrêter les casseurs», qui étaient de nouveau présents ce 2 février.

Elle accuse : «On a l’impression que tout est fait pour que ça prenne une mauvaise tournure.» Le grand débat national ? «Un grand blabla», auquel elle ne compte pas participer. «Tant qu’il n’y aura pas une politique qui fasse en sorte que les gens vivent mieux, on y retournera», tance également cette Gilet jaune qui vilipende par ailleurs le CETA, l’accord de libre-échange entre l’Union européenne et le Canada, qui va faire «importer de la viande de l’étranger» alors que «nos agriculteurs ne s’en sortent pas».

«Il y a eu une difficulté des médias mainstream de parler de la répression de l’Etat par rapport aux manifestations», commente Julien au micro de RT France. «Il faut montrer clairement qu’il y a eu un grand nombre de blessés», poursuit-il.

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La décision du Conseil d’Etat de ne pas suspendre l’usage des controversés LBD ? C’est «un déni de la réalité», explique Julien, qui évoque «une centaine de blessés vraiment graves» et fustige «la mauvaise foi du gouvernement et du Conseil d’Etat». Le Grand débat national «est complètement truqué» selon ce Gilet jaune qui ne veut pas «par sa participation» lui donner «une légitimité». «Emmanuel Macron est un produit médiatique», estime encore Julien.

«Produit médiatique» : c’est également l’accusation faite par le chef de l’Etat à l’endroit de la figure du mouvement, Eric Drouet, lors d’un entretien en petit comité à l’Elysée le 31 janvier.

Dans cette même entrevue, l’ancien ministre de l’Economie de François Hollande confiait que la mobilisation des Gilets jaunes avait, selon lui, été amplifié par la «russosphère» notamment. «Il essaie de trouver toutes les excuses possibles car il est un peu pris de court», analyse en réponse un Gilet jaune rencontré avenue Daumesnil et qui a participé à tous les rassemblements. «On n’a besoin de personne pour se faire entendre dans la rue et pour dire qu’on n’est pas contents», conclut-il.

 

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