Le Parti de gauche quitte le Parti de la gauche européenne

par Michel Soudais
2 juillet 2018

Réunis en congrès ce week-end, le parti fondé par Jean-Luc Mélenchon ne veut plus appartenir au même parti européen qu’Alexis Tsipras, devenu le représentant de la ligne austéritaire en Grèce.

Au dernier jour de leur congrès, les délégués du Parti de gauche (PG) ont acté leur sortie du Parti de la gauche européenne (PGE) dans une déclaration approuvée dimanche par 208 voix contre 2 et 3 abstentions. Moins connu que le Parti populaire européen (PPE) ou le Parti socialiste européen (PSE), le PGE (ou European Left) est, au même titre qu’eux, un parti politique européen. Créé en 2003, il regroupe une trentaine de partis communistes, « rouge-vert », socialistes ou démocratiques de gauche, de 17 États membres de l’Union européenne et 4 pays hors de celle-ci. Le PG, apparu fin 2008, avait rejoint formellement le PGE en décembre 2010 à son troisième congrès, date à laquelle le communiste Pierre Laurent en avait pris la présidence.

À l’issue du congrès suivant, fin 2013, le PG avait temporairement suspendu sa participation au PGE pour protester contre la reconduction à la tête de ce parti européen de Pierre Laurent, alors que ce dernier faisait campagne « derrière le PS » aux municipales à Paris. Avant de le réintégrer pour la campagne européenne de 2014 dont le candidat du PGE à la présidence de la Commission européenne était… Alexis Tsipras.

La déclaration adopté dimanche rappelle que « le PG a interpellé l’exécutif du PGE sur le maintien de Syriza au sein du PGE ». Sans succès. Le PG a donc pris acte du refus de sa demande et prends acte du refus de sa demande et acté sa sortie du PGE, considérant que « la période appelle plus que jamais à la clarification face à la politique austéritaire de l’UE » et que « toute application de cette politique par un parti membre du PGE déconsidère toute prise de position anti austéritaire des autres partis membres » tout en permettant « à l’extrême droite d’apparaître comme la seule issue au “système” ».

Illustrant lui-même l’ambiguïté qui lui est reprochée, le Premier ministre grec et leader de Syriza a fait part le 28 juin, dans un tweet, de sa participation à Bruxelles à la rencontre des leaders du Parti socialiste européen (PSE) préparatoire au Conseil européen des chefs d’État et de gouvernement. Une réunion à laquelle participait également Olivier Faure, premier secrétaire du PS français, ainsi que Pierre Moscovici, commissaire européen aux Affaires économiques et financières, Fiscalité et Douanes, et à ce titre un des bourreaux de la Grèce.

Un divorce devenu inéluctable

« À un an des élections européennes, il n’est plus possible de mêler dans le même parti européen des adversaires et des artisans de l’austérité », estime le PG dans sa déclaration. « Syriza est devenu le représentant de la ligne austéritaire en Grèce au point d’avoir attaqué le droit de grève, fait baisser drastiquement les pensions de retraite, privatisé des secteurs entiers de l’économie ; toutes mesures contre lesquelles nos partis se battent dans chacun de nos pays. »

La décision du PG de quitter le PGE était devenue inéluctable depuis le lancement par Jean-Luc Mélenchon et ses amis, à l’automne 2015, des sommets du plan B auxquels les partis communistes membres du PGE, à commencer par le PCF, n’ont jamais accepté de participer. Les contacts noués lors de ces sommets ont permis à la France insoumise, au sein de laquelle le PG est totalement engagé, de nouer des alliances avec d’autres partis européens autour d’une plateforme commune, « Maintenant le peuple ! ».

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Constitué autour de la France insoumise, de Podemos (Espagne) et du Bloco de Izquierda (Portugal) sur la base de la sortie des traités européens, ce groupe, qui ambitionne de constituer un groupe l’an prochain au Parlement européen, a été rejoint le 27 juin par l’Alliance rouge-verte (Danemark), le Parti de gauche (Suède) et l’Alliance de gauche (Finlande). Ce lundi, alors que le PCF a invité les représentants de la gauche à se réunir en vue de la construction d’une liste aux élections européennes « la plus large possible », Jean-Luc Mélenchon tient une réunion publique à Madrid avec le leader de Podemos, Pablo Iglesias.

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