Jour 1 : Des GIs dévoyés ont déclenché une vague de terreur dans les hauts plateaux du centre du pays. Par Michael D. Sallah et Mitch Weiss

25.juin.2018

Un peu d’histoire aujourd’hui – pour les passionné(e)s par le Vietnam…

QUANG NGAI, Vietnam – Pour les dix paysans âgés dans la rizière, il n’y avait nulle part où se cacher.

La rivière coulait d’un côté, des montagnes se dressaient de l’autre côté.

S’approchant rapidement entre les deux, les soldats – une unité d’élite de l’armée américaine connue sous le nom de Tiger Force.

Même si les paysans ne portaient pas d’armes, cela n’avait pas d’importance : personne n’était en sécurité lorsque la force spéciale est arrivée le 28 juillet 1967.

Personne.

Alors que sifflaient les balles, les paysans – ralentis par les plantes épaisses et vertes et la boue – tombaient un par un sur le sol.

En quelques minutes, c’était fini. Quatre sont morts, d’autres blessés. Certains ont survécu en restant couchés sans bouger dans la boue.

Quatre soldats se souviennent plus tard de l’assaut.

« Nous savions que les paysans n’étaient pas armés au départ, a dit l’un d’eux, mais nous leur avons quand même tiré dessus. »

L’attaque gratuite était l’une des nombreuses attaques menées par l’unité décorée pendant la guerre du Vietnam, comme le montre une enquête de huit mois menée par The Blade.

Le peloton – une petite unité de 45 parachutistes hautement entraînés, créée pour espionner les forces ennemies – a brutalement perdu le contrôle entre mai et novembre 1967.

Pendant sept mois, les soldats de la Tiger Force ont parcouru les hauts plateaux du centre, tuant des dizaines de civils non armés – dans certains cas les torturant et les mutilant – dans une flambée de violence qui n’a jamais été révélée au public américain.

Ils ont lancé des grenades dans des bunkers souterrains où des femmes et des enfants se cachaient – créant des fosses communes – et ont tiré sur des civils non armés, dans certains cas alors qu’ils imploraient pour leur vie.

Ils torturaient fréquemment et tiraient sur les prisonniers, coupant les oreilles et les scalps pour en faire des souvenirs.

L’examen de milliers de documents classifiés de l’Armée de terre, des archives nationales et des enregistrements radio révèle une unité de combat qui a perpétré la plus longue série d’atrocités de la guerre du Vietnam – et des chefs qui ont détourné le regard.

Pendant 4 ans et demi, l’armée a enquêté sur le peloton, trouvant de nombreux témoins oculaires et prouvant des crimes de guerre. Mais en fin de compte, personne n’a été poursuivi, l’affaire étant enterrée dans les archives depuis trois décennies.

Personne ne sait combien d’hommes, de femmes et d’enfants désarmés ont été tués par des membres du peloton il y a 36 ans.

Au moins 81 ont été fusillés ou poignardés, selon les dossiers, mais beaucoup d’autres ont été tués en violation flagrante du droit militaire américain et des Conventions de Genève de 1949.

Sur la base de plus de 100 entretiens avec The Blade d’anciens soldats de la Tiger Force et de civils vietnamiens, on estime que le peloton a tué des centaines de civils non armés au cours de ces sept mois.

« Nous ne tenions pas le compte », a dit l’ancien soldat Ken Kerney, un pompier californien. « Je savais que c’était mal, mais c’était une pratique acceptable. »

De nombreux détails de la période en question sont inconnus : il manque des documents aux Archives nationales et plusieurs suspects et témoins sont morts.

Dans de nombreux cas, les soldats se souviennent des atrocités et des localisations générales, mais pas des dates précises.

Ce qui est clair, c’est que près de quatre décennies plus tard, de nombreux villageois vietnamiens et anciens soldats de la Tiger Force sont profondément perturbés par l’assassinat brutal de villageois.

« C’était incontrôlable », a déclaré Rion Causey, 55 ans, ancien médecin de peloton et maintenant ingénieur nucléaire. « Je me demande encore comment certaines personnes peuvent dormir 30 ans plus tard ».

Parmi les conclusions du journal :

  • Les officiers étaient au courant des atrocités commises par le peloton en 1967 et, dans certains cas, ont encouragé les soldats à poursuivre la violence.
  • Deux soldats qui ont tenté d’arrêter les atrocités ont été avisés par leurs officiers de se taire avant d’être transférés dans d’autres unités.
  • L’Armée de terre a enquêté sur 30 allégations de crimes de guerre contre la Tiger Force entre février 1971 et juin 1975, concluant qu’un total de 18 soldats avaient commis des crimes, y compris des meurtres et des agressions. Mais personne n’a jamais été inculpé.
  • Six soldats du peloton soupçonnés de crimes de guerre – y compris un officier – ont été autorisés à démissionner au cours de l’enquête, échappant ainsi aux poursuites militaires.
  • Les résultats de l’enquête ont été envoyés aux bureaux du Secrétaire de l’armée et le Secrétaire de la défense, comme le montrent les dossiers, mais aucune mesure n’a été prise.
  • De hauts fonctionnaires de la Maison-Blanche, dont John Dean, ancien conseiller juridique principal du président Richard Nixon, ont reçu à plusieurs reprises des rapports sur l’avancement de l’enquête.

À ce jour, le Commandement des enquêtes criminelles de l’armée refuse de divulguer des milliers de dossiers qui pourraient expliquer ce qui s’est passé et pourquoi l’affaire a été abandonnée. Le porte-parole de l’armée, Joe Burlas, a déclaré la semaine dernière qu’il était peut-être difficile d’engager des poursuites, mais il n’a pas pu expliquer les failles de l’enquête.

L’armée a interrogé 137 témoins et retrouvé d’anciens membres de la Tiger Force dans plus de 60 villes à travers le monde.

Mais au cours des trois dernières décennies, l’affaire n’a même pas été mentionnée dans une note de bas de page dans les annales de l’une des guerres les plus clivantes du pays.

Trente ans après le départ des unités de combat américaines du Vietnam, les paysans âgés de la vallée de Song Ve vivent avec le souvenir du peloton qui a traversé leurs hameaux il y a si longtemps.

Nguyen Dam, 66 ans aujourd’hui, se souvient d’avoir couru alors que les soldats ont tiré dans la rizière ce jour d’été 1967. « Je suis toujours en colère », dit-il en agitant les bras. « Notre population ne méritait pas de mourir ainsi. Nous étions des agriculteurs. Nous n’étions pas des soldats. On n’a blessé personne ».

Mais un ancien soldat ne s’excuse pas pour les actions du peloton.

William Doyle, un ancien sergent de la Tiger Force vivant maintenant dans le Missouri, a dit qu’il a tué tant de civils qu’il a perdu le compte.

« Nous vivions au jour le jour. On ne s’attendait pas à survivre. Il n’y a personne avec un peu de cervelle qui s’attendait à survivre », a-t-il déclaré lors d’une récente interview. « Alors tu faisais toutes les sacrés trucs que tu avais envie de faire, surtout pour rester en vie. La façon de vivre, c’est de tuer parce qu’on n’a pas à s’inquiéter de quelqu’un qui est mort ».

Le peloton aguerri au combat a élaboré une mission spéciale.

La province de Quang Ngai s’étend vers l’est depuis les montagnes luxuriantes et vertes jusqu’aux longues plages blanches de la mer de Chine méridionale.

Pour les villageois, c’était une terre ancestrale vénérée qu’ils cultivaient depuis des générations.

Pour les Nord-Vietnamiens, c’était une voie d’approvisionnement majeure pour les guérilleros qui combattaient pour la réunification du pays.

Pour les militaires américains, c’était une zone de jungles et de rivières au fond de vallées qui devait être contrôlée pour arrêter l’infiltration communiste au Sud-Vietnam. Le général William Westmoreland, commandant des forces armées américaines au Vietnam, avait créé une force d’intervention spéciale pour sécuriser la province en 1967.

Dans un conflit marqué par une féroce guérilla, la force d’intervention avait besoin d’une unité spéciale pour se déplacer rapidement à travers la jungle, trouver l’ennemi et installer des embuscades. Ce rôle incomba à la Tiger Force.

Considérée comme un corps d’élite de la 101ème Division Aéroportée, le peloton, formé en 1965, souvent scindé en plusieurs équipes pour traquer l’ennemi, crapahutait dans la jungle dans leurs uniformes à rayures tigrées, leurs chapeaux à bord souple, avec des rations de 30 jours.

Ce n’est pas n’importe qui qui pouvait entrer dans le peloton : les soldats devaient se porter volontaires, avaient besoin d’une expérience au combat, et étaient soumis à une batterie de questions, dont certaines sur leur disposition à tuer.

La majorité de ces hommes étaient des engagés venant de petites villes comme Rayland, Ohio, Globe, Ariz et Loretto, Tennessee.

Lorsque la Tiger Force est arrivée dans la province le 3 mai 1967, l’unité s’était déjà livrée à des batailles féroces plus au sud à My Cahn et Dak To.

Mais c’était un endroit différent.

Ayant un lien profond avec leur terre, les habitants de la province de Quang Ngai étaient farouchement indépendants.

Dans cet environnement peu familier, les choses ont commencé à mal tourner.

Personne ne sait ce qui a provoqué les évènements qui ont conduit à la mort d’un nombre inconnu de civils et de prisonniers.

Mais moins d’une semaine après avoir établi leur camp dans la province, les membres de la Tiger Force ont commencé à enfreindre les règles de la guerre.

Cela a commencé avec les prisonniers.

Pendant une patrouille le matin du 8 mai, les soldats ont remarqué deux personnes possiblement Vietcongs – la milice locale opposée à l’intervention des États-Unis – le long de la rivière Song Tra Cau. L’un a sauté dans l’eau et s’est échappé par un tunnel immergé, mais l’autre a été capturé.

Plus grand et plus musclé que la plupart des Vietnamiens, le soldat semblait être chinois.

Durant les deux jours suivants, il fut battu et torturé régulièrement. A un certain point, ses geôliers ont débattu pour savoir s’ils allaient le faire exploser, selon un témoin qui a déposé sous serment.

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Un ancien soldat, Spécialist [rang dans l’armée américaine] William Carpenter a déclaré à The Blade qu’il avait essayé de garder le prisonnier en vie, « mais je savais qu’il était condamné ».

Après lui avoir ordonné de courir- en lui disant qu’il était libre – il a été fusillé par des soldats non identifiés.

Le traitement du prisonnier par le peloton, son passage à tabac et son exécution, est devenu la procédure habituelle de l’unité dans les mois qui ont suivi.

A maintes reprises, les soldats de la Tiger Force ont parlé d’exécutions de prisonniers capturés, tellement que les enquêteurs avaient du mal à chiffrer le nombre des victimes.

En juin, le soldat Sam Ybarra a égorgé un prisonnier avec un couteau de chasse avant de le scalper– accrochant le scalp au bout d’un fusil, ont déclaré des soldats sous serment. Ybarra a refusé de parler de l’affaire aux enquêteurs de l’armée.

Un autre prisonnier s’est vu ordonné de creuser des bunkers, puis fut battu à coups de pelle avant de recevoir une balle mortelle, comme établi dans les procès-verbaux.

La tuerie a incité un médecin à parler à un aumônier. « Cela m’a tellement bouleversé de le regarder mourir », a dit Barry Bowman durant un entretien récent.

Un soldat de la Tiger Force, le sergent Forrest Miller, a déclaré aux enquêteurs que l’exécution de prisonniers était « une règle tacite ».

Mais les membres du peloton ne faisaient pas qu’exécuter les prisonniers : ils ont commencé à viser les civils non armés.

En juin, un homme âgé en robe noire, supposément un moine bouddhiste, fut tué par balle après s’être plaint auprès des soldats du traitement infligé aux villageois. Une grenade à été placée sur son corps pour le faire passer pour un soldat ennemi.

Le même mois, Ybarra a tiré et tué un garçon de 15 ans près du village de Duc Pho, disent procès-verbaux. Il a dit plus tard aux soldats qu’il avait tué l’adolescent parce qu’il voulait ses tennis.

Les chaussures ne lui allaient pas, mais Ybarra continua ce qui devint un rituel parmi les membres du peloton : il coupa les oreilles de l’adolescent et les plaça dans un sac de rations a déclaré Specialist Carpenter.

Pendant l’enquête de l’Armée, 27 soldats ont déclaré que le découpage d’oreilles des Vietnamiens morts était devenu une pratique acceptable. Une raison : effrayer les Vietnamiens.

Les membres du peloton ont passé des lacets de chaussures dans les oreilles pour les porter autour du cou, selon les procès-verbaux.

L’ancien médecin du peloton Larry Cottingham a raconté aux enquêteurs: « Il y eu une période durant laquelle presque tout le monde portait des colliers d’oreilles ».

Les archives montrent des soldats commençant une autre pratique effroyable : arracher les dents des civils morts pour leurs plombages en or.

Les villageois ont résisté aux ordres de déplacement

Pour la Tiger Force, le combat fut imprévisible à Quang Ngai.

Durant les trois premières semaines de mai, les soldats du peloton subirent fréquemment des tirs de snipers en marchant sur des chemins inconnus.

Des pièges couvraient le flanc des collines et les plages.

Le 15 mai, l’unité tomba dans une embuscade d’un bataillon nord-vietnamien, dans ce qui devint « le massacre de la fête des mères ». De 11h00 du matin à 5h45 du soir, le peloton inférieur en nombre fut coincé dans une vallée subissant des tirs intenses.

Quand ce fut terminé, deux soldats de la Tiger Force étaient morts et 25 blessés.

Durant les semaines qui suivirent, le peloton allait changer.

Un nouvel officier de terrain, le lieutenant James Hawkins, rejoignit l’unité avec deux douzaines de remplaçants.

Les nouveaux venus arrivèrent alors que le peloton s’apprêtait à descendre dans la vallée Song Ve.

Le plan de l’armée était d’obliger les villageois à se rendre dans des centres de réfugiés pour les empêcher de cultiver le riz qui nourrirait l’ennemi. Mais ce ne devait pas être une tâche aisée.

De nombreux villageois refusèrent d’aller dans les centres, qui on été critiqués par le Département d’État des États-Unis en 1967 pour leur manque de nourriture et d’abris. Entourés de murs de béton et de fils de fer barbelés, les camps ressemblaient à des prisons.

Bien que l’armée ait lâché des tracts depuis les hélicoptères ordonnant aux 5 000 habitants de se rendre dans les centres, beaucoup ont ignoré les ordres. « Ils voulaient rester sur leurs terres. Ils ne prenaient pas parti dans la guerre », s’est récemment souvenu Lu Thuan, 67 ans, agriculteur.

Contrairement à la majeure partie de la province, la vallée, séparée de la côte surpeuplée par d’étroits chemins de terre boueux, n’était pas un centre de rébellion, disent les villageois et les historiens, « Nous voulions juste qu’on nous laisse tranquilles » a dit M.Lu

Le lieutenant a exécuté un homme âgé, sans armes.

Mais personne n’a été laissé tranquille.

La vallée Song Ve, large de 6.4374 kilomètres par 9.6561 kilomètres de long, devint le centre des opérations de la Tiger Force durant les deux mois suivants.

Pour nettoyer le terrain, les soldats commencèrent à incendier les villages pour obliger les gens à partir;

Cela n’a pas toujours marché comme prévu.

Parfois, les villageois s’enfuyaient simplement vers un autre hameau. D’autres fois, ils se cachaient.

Pour les soldats, la vallée devint un endroit démoralisant.

Pendant le jour, il encerclaient les gens pour les envoyer dans des camps de réfugiés. La nuit, les membres du peloton s’entassaient dans les campements du fond de la vallée, évitant les grenades lancées par les soldats ennemis dans les montagnes.

La ligne entre les civils refusant de partir et l’ennemi devint de plus en plus brouillée.

Une nuit, le peloton se jeta sur un charpentier âgé qui venait juste de traverser la rivière peu profonde du Song Ve. Dao Hue, comme on le nommait, avait passé toute sa vie dans la vallée.

Il se dirigeait vers son village le long des rives de la rivières sur un chemin boueux qu’il connaissait par cœur.

Cette nuit là, il ne devait pas rentrer à la maison.

Sa mort par balle, ce 23 juillet, alors qu’il suppliait pour sa vie, sera rappelée par cinq soldats pendant l’enquête de l’armée.

Cela aussi enverrait un message aux gens de la vallée disant que personne n’était à l’abri, provoquant la fuite de centaines d’entre eux.

Le peloton avait patrouillé dans la vallée et monté un campement dans un village abandonné, où ils commencèrent à boire de la bière livrée par hélicoptère. Au crépuscule, plusieurs soldats étaient ivres, selon les procès-verbaux.

A la tombée de la nuit, le peloton reçut un ordre inattendu : avancer le long de la rivière, et installer une embuscade. Ce qui suivit fut une fusillade qui souleva des questions parmi les soldats bien après qu’ils eurent quitter le Vietnam.

Quand M. Dao traversa a rivière, il se heurta au sergent Leo Heaney, qui attrapa le vieux Vietnamien par sa barbe grise.

Immédiatement le charpentier de 68 ans laissa tomber sa perche d’épaule portant des paniers chargés d’oies de chaque côté.

« Il était terrifié et croisa ses mains et commença à implorer pitié, selon ce que je compris, d’une voix aiguë », a déclaré aux enquêteurs de l’armée M. Heaney.

Il a dit qu’il avait compris que l’homme ne représentait aucune menace.

Le sergent Heaney a dit qu’il avait escorté M.Dao vers les chefs du peloton, le lieutenant Hawkins et le sergent Harold Trout. En tremblant, l’homme a continué à bredouiller bruyamment, ont dit les témoins.

Immédiatement, le lieutenant Hawkins a commencé à secouer le vieil homme et à l’insulter, se sont souvenus les témoins. Sans avertissement le sergent Trout a matraqué M.Dao avec le canon de son fusil M16.

Il est tombé au sol, couvert de sang.

Dans une déposition sous serment aux enquêteurs, le spécialiste Carpenter a déclaré avoir dit au Lieutenant Hawkins que « l’homme était juste un fermier et qu’il était sans armes ».

Mais en tant que médecin, Barry Bowman a essayé de soigner la blessure à la tête du villageois, le lieutenant Hawkins a soulevé l’homme d’où il se tenait agenouillé, et lui a tiré une balle dans le visage avec une carabine calibre 15.

« Le vieil homme est tombé en arrière sur le sol, et Hawkins lui a encore tiré dessus », a déclaré le spécialiste Carpenter dans une déposition sous serment. « Je savais juste qu’il était mort, la moitié de sa tête avait explosé ».

Le lieutenant Hawkins a nié toutes les allégations dans un entretien avec les enquêteurs de l’armée le 16 mars 1973. Mais dans une récente interview avec The Blade, il a admis avoir tué le vieil homme, prétendant que sa voix était assez forte pour attirer l’attention de l’ennemi.

« J’ai éliminé immédiatement ce risque ».

Mais quatre soldats ont dit aux enquêteurs qu’il y avait d’autres moyens de le faire taire. En fait, les tirs ont révélé leur position, ce qui a mené à une fusillade.

M. Bowman : « Il n’y avait aucune raison justifiable de tuer le vieil homme. »

Près de quatre décennies plus tard, les villageois qui ont trouvé les restes de M. Dao ont dit qu’ils savaient qu’il avait été tué par des soldats américains.

Sa nièce, Tam Hau, aujourd’hui âgée de 70 ans, a été l’une des premières à voir le corps de son oncle près de la rivière le lendemain.

Elle et un autre parent, Bui Quang Truong, ont traîné les restes de leur oncle jusqu’à leur village. « On lui a tiré dessus sur tout le corps », se souvient-elle. « C’était très triste – triste pour nous tous ».

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Les soldats ont intensifié les attaques dans la vallée.

Quatre jours après le meurtre de Dao Hue, quatre soldats de la Force du Tigre furent blessés dans des attaques à la grenade de la guérilla.

La peloton a riposté.

Au cours des 10 jours suivants, les soldats ont fait un carnage à travers la vallée.

La zone a été déclarée zone de tir franc – une désignation spéciale qui signifie que les troupes n’ont pas besoin de demander l’approbation des officiers et des responsables sud-vietnamiens avant d’attaquer les soldats ennemis.

Mais les soldats de la Tiger Force ont pris au pied de la lettre les mots « zone de tir franc ». Ils ont commencé à tirer sur des hommes, des femmes et des enfants, selon les anciens membres du peloton.

Deux hommes malvoyants retrouvés errants dans la vallée ont été escortés jusqu’à un coude de la rivière Song Ve et fusillés , selon les archives. Deux villageois, dont un adolescent, ont été exécutés parce qu’ils n’étaient pas dans des camps de relogement.

Alors qu’ils s’approchaient d’une rizière le 28 juillet, les membres du peloton ont ouvert le feu sur 10 fermiers âgés.

Les soldats de la Tiger Force et les habitants du village de Van Xuan se sont souvenus longtemps de l’image des corps éparpillés sur l’étendue verte.

Aux dires de tous, les paysans pensaient qu’ils étaient en sécurité.

Ils étaient trop vieux pour servir dans l’armée et n’étaient pas ouvertement alignés avec l’une ou l’autre partie de conflit, selon leurs proches.

En fin de compte, quatre personnes ont été tuées et d’autres blessées dans ce que plusieurs soldats ont qualifié d’attaque injustifiée.

L’ordre de tirer a été donné par le lieutenant Hawkins, l’officier qui dirigeait la patrouille, selon les procès-verbaux.

Un villageois s’est récemment rappelé que les fermiers ont été surpris lorsque les soldats ont commencé à tirer. Kieu Trac, aujourd’hui âgé de 72 ans, a dit qu’il a regardé impuissant son père tomber dans la rizière avec les autres.

Il a dit qu’il a attendu des heures avant de ramper dans les champs dans l’obscurité pour chercher le corps de son père. Il se rappelle avoir retourné les cadavres – un par un – jusqu’à ce qu’il trouve Kieu Cong, 60 ans.

Le fils et sa femme, Mai Thi Tai, ont ramené sa dépouille mortelle au village pour l’enterrement.

Les corps de trois autres, Le Muc, Phung Giang, et d’une femme âgée de la famille Trang, ont été enterrés plus tard par des parents.

« Les fermiers n’ont rien fait… nous n’avons pas fait de mal aux soldats. Tout ce que nous faisions, c’était de travailler dans les champs », a dit M. Kieu, montrant du doigt l’endroit où son père et les autres ont été tués. « Ils pensaient que les soldats les laisseraient tranquilles ».

Un autre villageois, Lu Thuan, qui a regardé l’attaque depuis une montagne proche, a dit qu’il ne se rappelle pas combien de personnes ont été blessées.

« Certains ont été blessés », a dit M. Lu, aujourd’hui âgé de 67 ans. « Ils ne pouvaient pas courir assez vite. D’autres ont fait comme s’ils étaient morts ».

M. Carpenter, l’un des soldats de la patrouille, insiste sur le fait qu’il n’a pas tiré avec son arme. « C’était mal », a-t-il dit lors d’une récente interview. « Je n’aurais certainement pas pu tirer. Ces gens ne dérangeaient personne ».

Il a dit aux enquêteurs de l’armée qu’il avait peur d’exprimer son opinion. Une culture s’était développée dans l’unité qui encourageait les tueries des civils, les chefs d’équipe appliquant un code du silence.

Quatre anciens soldats ont dit aux enquêteurs qu’ils n’avaient pas signalé les atrocités parce que les chefs d’équipe les avaient prévenus de se taire.

Ken Kerney, l’ancien simple soldat, s’est souvenu, lors d’un récent interview, du briefing qu’il a reçu avant de rejoindre la Tiger Force.

« Les officiers m’ont dit que “ce qui se passe ici, reste ici. Tu ne dis jamais à personne ce qui se passe ici. Si on découvre que tu l’as fait, tu le regretteras”. Ils ne m’ont pas dit ce qu’ils feraient, mais je le savais. Donc tu as peur de dire quoi que ce soit ».

Les villageois interviewés récemment ont dit qu’ils ont creusé des douzaines de fosses communes après que les soldats se sont déplacés dans la vallée.

Nguyen Dam, 66 ans, s’est souvenu de la sinistre tâche d’enterrer les voisins et les amis dont les corps avaient été laissés dans les champs.

« Nous ne pouvions même pas manger à cause de l’odeur », a dit le riziculteur. « Je ne pouvais pas respirer l’air parfois. Il y avait tellement de villageois morts que nous ne pouvions pas les enterrer un par un. Nous avons dû tous les enterrer dans une seule tombe ».

La peloton s’est déplacé vers le nord et s’est concentré sur le dénombrement des corps.

Quelques jours après l’attaque contre les fermiers, des avions américains ont survolé la vallée, larguant des milliers de gallons de défoliant pour s’assurer que personne n’y cultiverait du riz pendant la guerre.

Pour la Tiger Force, la campagne Song Ve était terminée.

Le 10 août, des soldats de peloton – armés de nouveaux matériaux et de renforts – ont acheminé un convoi de camions dans une nouvelle zone située à 30 milles au nord.

Connu sous le nom de province de Quang Nam, le vaste paysage était couvert de jungles à triple canopée et de tunnels ennemis complexes.

La mission était de contrôler la province, mais pas de la manière traditionnelle de conquérir un territoire.

Le peloton a été entraîné dans une bataille qui est devenue un mantra de la guerre : le comptage des corps.

Le succès d’une bataille se mesurerait par le nombre de personnes tuées – et non par la prise d’un village, selon les dépositions sous serment de 11 anciens officiers.

Au cours de ce qui est devenu l’une des périodes les plus sanglantes de 1967, l’armée a lancé le 11 septembre une campagne connue sous le nom d’Opération Wheeler.

Le commandant de bataillon qui dirigerait la Tiger Force et trois autres unités était le lieutenant-colonel Gerald Morse, qui avait pris la relève le mois précédent.

L’officier de 38 ans était décrit comme un commandant agressif et impliqué qui se déplaçait en hélicoptère et gardait un contact radio fréquent avec ses unités du 1er Bataillon, 327e Infanterie.

Quelques jours après avoir pris la relève, le colonel Morse a changé le nom des trois compagnies du bataillon – une action mise en question par les enquêteurs des années plus tard.

Au lieu des compagnies A, B et C, on les appelait maintenant Assassins, Barbares et Coupeurs de gorge – avec une enseigne hissée sur le quartier général du bataillon portant les nouveaux noms. Et le colonel Morse se faisait appeler « cavalier fantôme ».

Sous son commandement, la Tiger Force a été incitée à patrouiller de manière forte les dizaines de hameaux de la province.

Mais les soldats ont vite appris que c’était différent de la vallée de Song Ve.

Ce n’était pas seulement le foyer des Viet Cong, mais un adversaire beaucoup plus entraîné et discipliné : la 2ème Division de l’Armée du Nord Vietnam.

Bien que ces forces ennemies se fussent cachées auparavant dans les montagnes voisines des Annamese, elles se dirigeaient maintenant vers Chu Lai, l’immense base aérienne américaine qui abritait la Tiger Force et d’autres unités.

Au début du mois de septembre, les soldats ennemis tendaient des embuscades aux troupes, y compris la Tiger Force.

« Nous nous sommes vite retrouvés face à l’ennemi », se souvient William Carpenter, l’ancien spécialiste de peloton qui vit maintenant dans l’est de l’Ohio. « On aurait dit qu’on se faisait attaquer tous les jours ».

Dans les 18 jours suivant l’arrivée dans la nouvelle zone d’opérations, cinq soldats de la Tiger Force sont morts et 12 ont été blessés dans des combats qui ont laissé les autres membres du peloton amers et en colère.

Le peloton – divisé en groupes de quatre à six soldats – a commencé à attaquer les villages par vengeance, selon d’anciens soldats.

« Tout le monde avait soif de sang à l’époque, et on disait : “Nous allons les retrouver. On va y retourner. Nous allons égaliser le score” », a déclaré l’ancien médecin Rion Causey lors d’une récente interview.

Il a dit qu’il a vu des soldats mener des agressions contre des civils non armés qui refusaient de quitter leur foyer.

« Je n’ai jamais rien vu de tel. Nous ne faisions qu’arriver et nettoyer la population civile », a déclaré M. Causey, 55 ans, aujourd’hui ingénieur nucléaire en Californie. « Cela se faisait tous les jours, au jour le jour ».

Dans certains cas, l’armée a largué des tracts dans les villages pour avertir les gens d’aller dans les centres de transfert.

Si les gens ne partaient pas, « ils se feraient tuer », a dit M. Causey.

Pour couvrir les meurtres, les chefs de peloton ont commencé à compter les civils morts comme soldats ennemis, ont déclaré cinq anciens soldats à The Blade.

Un examen des registres de l’Armée de terre appuie leurs récits.

Pendant 10 jours à partir du 11 novembre, les entrées montrent que les membres du peloton prétendaient tuer les Viet Cong – un total de 49. Mais aucune arme n’a été trouvée sur 46 morts, selon les rapports.

M. Causey se souvient d’un rapport destiné aux commandants.

« Nous appelions à la radio – ‘sept Viet Cong en provenance de la cabane. Abattus et tués’ – Bon sang, ils ne s’enfuyaient pas. On ne savait pas si c’était des Viet-Cong ».

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Le sergent James Barnett a dit aux enquêteurs qu’il avait un jour fait part au lieutenant Hawkins de ses inquiétudes quant au fait que des soldats de la Tiger Force tuaient des gens qui ne portaient pas d’armes.

« Hawkins m’a dit de ne pas trop me tracasser », a-t-il dit. « On peut toujours avoir les armes plus tard ».

Pendant le carnage, les soldats ont commis certaines de leurs atrocités les plus brutales, selon les dossiers de l’armée.

Une jeune fille de 13 ans a été égorgée après avoir été violentée sexuellement, et une jeune mère a été tuée par balle après que des soldats aient incendié sa maison.

Un adolescent non armé a été abattu d’une balle dans le dos après qu’un sergent de peloton a ordonné au jeune homme de quitter un village, et un bébé a été décapité pour qu’un soldat puisse retirer son collier.

Au cours de l’enquête de l’armée, l’ancien soldat Joseph Evans – un autre soldat de la Tiger Force – a refusé d’être interrogé. Mais dans une récente interview, il a déclaré que de nombreuses personnes qui fuyaient les soldats pendant cette période ne constituaient pas une menace pour les troupes.

« Ils couraient parce qu’ils avaient peur. Ils avaient terrifiés. On a tué beaucoup de gens qui n’auraient pas dû être tués. »

Les grenades visaient les civils dans les bunkers.

Pour les villageois, c’était une routine : courir vers les bunkers souterrains pour la sécurité.

Dans chaque hameau, il y avait des abris, étayés par du bambou et de la brique et couverts de feuilles et de broussailles.

Pour les civils, peu importe que les soldats soient américains ou nord-vietnamiens. Ils allaient dans les bunkers quand l’un ou l’autre s’approchait.

Lorsque la Tiger Force est apparue sur un chemin menant à un village situé à 20 miles à l’ouest de Tam Ky, les gens se sont précipités pour se mettre à l’abri.

Les soldats de la Tiger Force ont dit aux enquêteurs qu’ils se souvenaient d’avoir vu des femmes et des enfants ramper à travers les ouvertures.

Personne ne sait combien il y en avait à l’intérieur, mais cela n’avait pas d’importance.

Lorsque les soldats sont arrivés à l’entrée du bunker, ils « savaient quoi faire », a déclaré le soldat Ken Kerney aux enquêteurs.

Sans essayer de parler aux gens en bas, les soldats ont retiré les clips de leurs grenades et ont lâché les explosifs à travers les trous.

En installant le camp à proximité, les soldats ont entendu des cris humains provenant des abris souterrains tout au long de la nuit.

Mais personne ne s’est donné la peine de les aider.

Pour Charles Fulton, membre du peloton, la nuit a traîné en longueur.

« Nous n’arrêtions pas d’entendre les bruits humains qui venaient de la direction des bunkers », a-t-il dit aux enquêteurs. « C’étaient les bruits de personnes qui avaient été blessées et qui essayaient d’attirer l’attention de quelqu’un pour obtenir de l’aide. Bien que faibles, ils étaient clairs. »

Les corps ont finalement été emmenés par les villageois, ont dit d’anciens soldats aux enquêteurs. Aucune arme n’a été trouvée dans les bunkers, et il n’y avait aucune preuve que les villageois constituaient une menace pour les forces américaines, selon les déclarations des témoins.

Le lendemain, les soldats qui s’approchaient du hameau ont vu les corps de femmes et d’enfants le long de la route.

Les soldats ont atteint l’objectif de 327 morts.

Vers la fin de l’opération Wheeler, la volonté de tuer était encore plus grande.

Un jour, un ordre a été donné par radio et sept soldats s’en souviendront sept ans plus tard.

Une voix s’est fait entendre sur les ondes donnant un objectif pour le bataillon : nous voulons un nombre de corps de 327. Le nombre était important parce qu’il était le même que la désignation de l’infanterie du bataillon : le 327e.

Trois anciens soldats ont juré sous serment que l’ordre venait d’un homme qui s’est identifié comme « Ghost Rider » – le nom de radio utilisé par le colonel Morse.

Les enregistrements radio de l’armée montrent que l’objectif avait été atteint : Tiger Force a rapporté le 327e meurtre le 19 novembre.

Lors d’une récente interview, le colonel Morse, qui a pris sa retraite en 1979, a nié avoir donné un tel ordre, affirmant qu’il était « ridicule… Je n’aurais jamais fait une chose pareille. »

Au cours de l’interrogatoire des enquêteurs de l’armée, l’ancien soldat John Colligan a déclaré que l’ordre avait bien été donné.

En fait, il a dit que le soldat qui atteindrait ce but « recevrait une sorte de récompense ».

Le sergent Barnett a dit aux enquêteurs qu’il a entendu le même ordre sur les ondes par quelqu’un qui s’est identifié comme étant Ghost Rider.

Trois anciens soldats ont déclaré lors d’entretiens récents que l’objectif a été atteint en partie grâce à l’assassinat de villageois.

Le nombre de meurtres reste un mystère.

Personne ne sait combien de civils non armés ont été tués par la Tiger Force de mai à novembre 1967.

Les soldats du peloton ont tué 120 villageois en un mois seulement, a déclaré l’ancien médecin Rion Causey lors d’une récente interview.

L’ancien médecin Harold Fischer a rappelé que la plupart des membres du peloton « tiraient dans tout les coins ».

« On allait dans les villages et on tirait sur tout le monde. On n’avait pas besoin d’excuse. S’ils étaient là, ils étaient morts. »

Alors que l’armée a prouvé 20 crimes de guerre contre 18 soldats de la Tiger Force au cours de leur ratissage de sept mois à travers les Hauts-Plateaux du Centre, d’anciens soldats en ont décrit 11 autres lors des interviews récentes avec The Blade, notamment :

  • Deux hommes âgés tués lors d’une attaque non provoquée dans un hameau près de Tam Ky, l’un a été décapité et l’autre, qui était blessé, a été abattu par le médecin Barry Bowman dans un « homicide par compassion », a-t-il dit.
  • Un homme âgé tué par balle par le soldat Colligan près de Chu Lai quand il voulait tester une nouvelle arme de poing de calibre 38 sur une cible vivante, a dit M. Fischer.
  • De nombreux villageois abattus par des membres de la Tiger Force dans un hameau près de Chu Lai, a déclaré l’ancien soldat Douglas Teeters. Les villageois brandissaient des feuillets pour demander à être déplacés, mais lorsque les forces ennemies ont tiré sur les soldats depuis une autre direction, les troupes ont ouvert le feu sur tous ceux qu’ils voyaient, a dit l’ancien médecin.

« Nous en avons tué un paquet. Je ne me souviens pas combien », a-t-il dit. « Mais je me souviens quand c’était fini, on a juste dit que les bridés morts étaient des Viet Cong. Mais nous savions qu’ils n’étaient pas tous des Viet Cong ».

Et la plupart des soldats se taisaient, même s’ils ne participaient pas.

« Rappelez-vous, dans la jungle, il n’y avait pas de policiers. Pas de juges. Il n’y avait pas d’ordre public », a déclaré M. Kerney lors d’une récente interview. « Chaque fois que quelqu’un avait envie de faire quelque chose, il le faisait. Il n’y avait personne pour les arrêter. »

« Alors on a regardé et on n’a rien dit. On a tourné le regard ailleurs. Avec le recul, c’est terrible. On aurait dû dire quelque chose. Mais à l’époque, l’état d’esprit de tout le monde était : “C’est bon”, mais ce n’était pas bon. C’est très triste. »

L’évolution de la guerre a mis les troupes sur la défensive

Fin novembre, la longue campagne était terminée.

Dans un article paru dans le journal Stars and Stripes de l’armée, Sam Ybarra de la Tiger Force a été félicité pour le 1 000e meurtre de l’opération Wheeler.

Lors d’une cérémonie à la base de Phan Rang le 27 novembre 1967, des médailles ont été épinglées sur la poitrine des soldats de la Tiger Force, y compris le sergent Doyle, qui avait ordonné l’exécution d’un fermier pendant l’opération.

Dans les semaines qui suivirent, la Tiger Force quitta les Hauts-Plateaux du Centre. Au début de 1968, la guerre était en train de changer.

Le Nord Vietnam a commencé sa propre campagne – l’offensive du Tet – attaquant 100 villages et villes dans le sud.

La Tiger Force a été envoyée pour défendre une base près du Cambodge.

Pour le médecin Rion Causey, la guerre ne consistait plus à tuer des civils, mais à défendre les places fortes américaines au fur et à mesure que l’ennemi se dirigeait vers Saïgon.

Comme le camp de base était envahi et que les soldats étaient en train de mourir, il en est arrivé à une sinistre conclusion :

« La seule porte de sortie de la Tiger Force était d’être blessés ou tués. »

Il avait raison.

Le 6 mars 1968, il a été blessé et, alors qu’il était hélitreuillé, il s’est souvenu d’avoir regardé les soldats de la Tiger Force en bas.

« Je me souviens m’être dit : “Que Dieu vous vienne en aide pour ce que vous avez fait. Que Dieu vous vienne en aide.” »

(Histoire publiée le 19 octobre 2003)

Source : Toledoblade, Michael D. Sallah & Mitch Weiss, 22-10-2003

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

https://www.les-crises.fr/jour-1-des-gis-devoyes-ont-declenche-une-vague-de-terreur-dans-les-hauts-plateaux-du-centre-du-pays-par-michael-d-sallah-et-mitch-weiss/