Jul 17, 2023
Le président du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif), Yonathan Arfi, a accusé dimanche Jean-Luc Mélenchon de se “compromettre loin du pacte républicain” et d’être “l’allié objectif du RN”.
“L’extrême droite n’a plus de limite”, lui a répondu le leader insoumis.
Ce n’est pas la première fois que les deux hommes s’invectivent, et s’accusent l’un l’autre de communautarisme.
Dire que leurs relations sont tendues est un euphémisme. Ce dimanche 16 juillet, le président du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif), Yonathan Arfi, et l’Insoumis Jean-Luc Mélenchon ont de nouveau croisé le fer par médias et réseaux sociaux interposés. Le premier a accusé le second de se “compromettre loin du pacte républicain” et de faire le jeu du Rassemblement national, s’attirant en retour les foudres du responsable politique, pour qui “l’extrême droite n’a plus de limites”.
Face à la menace d’une arrivée de l’extrême droite au pouvoir en 2027, “les porte-voix de la France insoumise font davantage partie du problème que de la solution”, a asséné Yonathan Arfi dans un discours prononcé dimanche à Paris à l’occasion de la Journée nationale à la mémoire des victimes des crimes racistes et antisémites, hommage aux Justes. “En se nommant insoumis, ils prétendent incarner une forme de résistance mais de quelle résistance parle-t-on lorsque les insoumis sont incapables de s’affranchir des ordres de leur chef lorsqu’il se compromet loin du pacte républicain ?”, a-t-il ajouté, estimant que LFI était “prêt à sacrifier la République sur l’autel du communautarisme”.
Le Crif “d’extrême droite” ? “Pervers” et “grotesque” pour son président
“Le président du Crif utilise la cérémonie à la mémoire des victimes de la rafle des juifs par la police française pour me prendre à partie. Abject. L’extrême droite n’a plus de limite”, a répondu en retour Jean-Luc Mélenchon sur Twitter. Le président du Crif a alors poursuivi la passe d’armes, cette fois-ci sur Twitter, en affirmant à propos de l’ancien député des Bouches-du-Rhône : “en sortant du cadre républicain, qu’il le veuille ou non, il est l’allié objectif du RN”. Accuser le Crif d’être d’extrême droite, alors qu’il a été “fondé dans la Résistance” et qu’il a inscrit la lutte contre l’extrême droite dans son “ADN profond”, est “particulièrement pervers” et “grotesque”, a-t-il aussi commenté auprès de l’AFP.
Ce lundi sur LCI, le coordinateur du parti, Manuel Bompard, a dit trouver “indigne” d’“utiliser une cérémonie comme celle-ci pour s’en prendre à une organisation politique et à La France insoumise”. “Nous n’avons pas de leçons à recevoir dans la lutte contre le racisme et l’antisémitisme. Nous aurions préféré que cette journée (…) soit consacrée à la commémoration et l’hommage, et pas à des manœuvres politiciennes”, a-t-il ajouté.
Mélenchon critiqué jusqu’au sein de la Nupes
Mais le président du Crif a reçu le soutien de nombreuses personnalités politiques. “Honte à vous Jean-Luc Mélenchon”, a tweeté la patronne des députés Renaissance, Aurore Bergé. Le président de la Cour des comptes et ancien ministre (PS) Pierre Moscovici a estimé “aussi absurde que choquant” d’accuser le président du Crif “d’être d’extrême droite”. Jean-Luc Mélenchon a également été critiqué par des membres de la Nupes. “Le président du Crif a le droit d’exprimer, librement, ses opinions et de critiquer des responsables politiques sur leurs positions. Que ses critiques conduisent Jean-Luc Mélenchon à le taxer d’extrême droite, est indécent et contraire à l’essence de la démocratie”, a assuré Valérie Rabault (PS). “Ce qui est abject, Jean-Luc Mélenchon, c’est de qualifier le représentant des institutions juives de France d’extrême droite. Le jour des commémorations de la rafle du Vel d’Hiv”, a jugé le patron des sénateurs socialistes, Patrick Kanner.
LFI et le Crif, des relations tendues depuis longtemps
Ce n’est pas la première fois que Jean-Luc Mélenchon et le président du Crif s’invectivent. Dans un billet de blog écrit en novembre 2021, Yonathan Arfi accusait déjà l’Insoumis d’être le meilleur allié de l’extrême droite et d’être victime de “poussées d’urticaire verbale” concernant les juifs, après des propos qui selon lui avaient “à la fois disculpé Eric Zemmour et attaqué le judaïsme”. À la question de savoir si le fondateur de Reconquête! était antisémite, l’ex-député avait répondu : “Monsieur Zemmour ne doit pas être antisémite parce qu’il reproduit (…) beaucoup de traditions liées au judaïsme”.
En décembre 2019, Jean-Luc Mélenchon avait également été accusé d’antisémitisme après s’en être pris aux “oukases arrogants des communautaristes du Crif” sur son blog dans un article commentant la défaite du travailliste Jeremy Corbyn aux élections britanniques, accusé d’avoir laissé prospérer l’antisémitisme au sein de son parti. En mars 2018, l’ancien président du Crif Francis Kalifat avait annoncé que Jean-Luc Mélenchon n’était pas le bienvenu à la marche blanche contre l’antisémitisme organisée après l’assassinat de Mireille Knoll. Il avait alors dû quitter le cortège en cours de manifestation, tout comme Marine Le Pen.
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