Paradis de la voiture électrique et de l’énergie hydraulique, la Norvège est l’une des vedettes de la COP24 qui se tient actuellement en Pologne. Mais sa production d’hydrocarbures en fait l’un des sept premiers exportateurs de CO 2 au monde. Enquête sur un pays schizophrène.
Par Lucie ROBEQUAIN
06/12/2018
Siv et Nina Jensen sont soeurs. La première doute que l’homme soit responsable du changement climatique. La seconde a fait de l’écologie un combat quotidien. Rien de plus banal qu’une querelle de ce genre, à ceci près qu’elle oppose la ministre de l’Economie norvégienne – Siv – et une activiste ayant longtemps dirigé WWF Norway – Nina. À elles seules, les deux soeurs résument parfaitement les ambivalences de la Norvège – un pays écologiquement exemplaire par bien des aspects mais qui contribue aussi lourdement au réchauffement climatique, par ses exportations de gaz et de pétrole .
Rencontrées à 24 heures d’intervalle, elles tiennent deux discours diamétralement opposés. « Nous n’avons pas l’intention de stopper les nouveaux forages. Nous allons même atteindre de nouveaux records de production ! » affirme Siv dans cet austère bâtiment qui abrite le ministère de l’Economie, à Oslo.
« Si l’on tient compte des exportations de carburant, la Norvège constitue le septième plus gros pollueur de la planète. Il y a urgence à stopper l’exploration de nouveaux gisements », rétorque sa soeur à la table d’un café du quartier de Pilestredet, son bébé de 7 mois dans les bras. Le contraste est tel qu’on les imagine mal partager un repas de famille : « Avec ma soeur, c’est souvent dur : on se bat ! lance Nina Jensen dans un grand éclat de rire. Une partie de mon job revient à dénoncer les mensonges et la propagande du gouvernement norvégien. »
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