19 janvier : la bataille des retraites est lancée avec une mobilisation massive partout en France

On n’avait plus vu ça depuis 2019. A la mi-journée, le tableau de la première date interprofessionnelle contre la réforme des retraites est clair : c’est un énorme succès. Alors que différents secteurs, notamment des secteurs stratégiques, font le plein de grévistes, les manifestations battent des records dans un grand nombre de villes.

Par Paul Morao
jeudi 19 janvier

Alors que la manifestation parisienne très fournie suit son cours, le premier bilan de la date du 19 janvier est clair : c’est un raz-de-marée contre la réforme des retraites qui déferle depuis ce matin. Plus de 100 000 manifestants à Marseille, 50.000 manifestants à Toulouse, 30.000 au Havre, 10.000 à Montpellier, mais aussi 20.000 manifestants à Nice, 20.000 à Perpignan ou 10.000 à Tarbes, partout les manifestations ont fait le plein.

Une mobilisation très massive, qui dépasse, notamment dans les villes moyennes, particulièrement mobilisées, celle du 5 décembre 2019. Ce malgré une configuration totalement différente : il y a 3 ans, la date du 5 décembre avait en effet été posée près de 2 mois en amont. Cette fois, il n’y a eu que 9 jours entre l’annonce de la date interprofessionnelle et la mobilisation dans plus de 200 villes ce jeudi. Une dynamique qui reflète la profonde colère contre la réforme des retraites.

Des chiffres importants que l’on retrouve également du côté des taux de grévistes, qui renouent avec des niveaux comparables aux mobilisations très importantes des dernières années. Ainsi, dans l’énergie, la direction d’EDF a annoncé le chiffre de 44,5% de grévistes contre 36,5% le 5 décembre 2019, confirmant le rôle de fer de lance que pourraient jouer les électriciens dans la lutte à venir.

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Du côté d’autres bastions comme la SNCF, ce sont 80% des agents de conduite qui sont en grève ce jeudi, 50% des contrôleurs, 42% des aiguilleurs ou 47% des chefs d’escale. De quoi occasionner une paralysie importante des transports comme le note L’Obs : « seul un TER sur dix circule jeudi, en moyenne, annonce la compagnie ferroviaire. La situation est chaotique pour les TGV, avec à peine un train sur cinq vers l’axe Atlantique, un sur quatre vers l’est, un sur trois vers le nord et le sud-est, un sur trois pour les TGV OuiGo. Presque aucune circulation n’est possible pour les trains Intercités. »

A la RATP, la mobilisation est également puissante, paralysant de nombreuses lignes de métro. Si l’entreprise revendique la fermeture de seulement trois lignes, 10 autres fonctionnant uniquement aux heures de pointe, ces chiffres masquent la fermeture massive de stations de métro et le maintien d’un service permis uniquement par la mobilisation de réservistes. Côté bus, la mobilisation est moindre avec deux bus sur trois qui roulent à Paris.

Les professeurs ont également fortement répondu présents à l’appel. Dans le secondaire, le SNES parle ainsi de « 65 % de grévistes dans les collèges, les lycées et les CIO » avec « des pics à plus de 80 % dans certains établissements » et « des collèges [qui] sont même fermés dans plusieurs académies. » Du côté du primaire, le Snuipp a annoncé 70% de grévistes.

Côté privé, des bastions ont fait entendre leur voix, à commencer par les raffineurs. Après avoir proposé un calendrier en reconductible la semaine dernière, ces derniers font une nouvelle démonstration de force ce jeudi avec 100% des CDI en grève à Donges, 80% des postés à Normandie, 71% à Feyzin. Des taux de mobilisation très élevés que l’on retrouve également côté pétrochimie et dépôts pétroliers.

S’il est plus difficile à ce stade d’avoir une vision des chiffres dans l’ensemble du secteur privé, il est clair que nombre de ces travailleurs sont venus grossir les rangs des manifestants. Côté aéronautique, la grève a par exemple été très suivie à Gimont, chez Latécoère, avec 40 à 50% de grévistes parmi les 200 salariés. Chez Airbus, plusieurs milliers de salariés ont suivi le débrayage de 3 heures appelé par l’intersyndicale. Dans le Nord, La Voix du Nord rapporte de son côté que : « À l’usine automobile Stellantis Hordain (ex-PSA-Sevelnord), une centaine de salariés avaient débrayé dans l’équipe de nuit, 200 le matin. Du côté de Douai, des salariés de Kiabi Lauwin-Planque, comme ceux d’Amazon, sont également en grève. »

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Alors que la préfecture a dû ouvrir un deuxième parcours dans la manifestation parisienne pour permettre au cortège d’avancer, une chose est sûre en ce milieu d’après-midi : la première journée puissante témoigne de la colère profonde contre le gouvernement et sa réforme. Une colère qui va avoir besoin d’un plan pour s’organiser et s’amplifier, alors que dans de nombreux secteurs ce jeudi, la question de « l’après » était dans toutes les têtes.

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